2. Essai Zero Motorcycles SR ZF11 : Certains éléments encore perfectibles

A l'annonce des chiffres de cette nouvelle SR, vous allez vite comprendre que les considérations purement esthétiques deviennent totalement accessoires…

La Zero affiche en effet des performances uniques pour un véhicule de ce type. Le 0 à 100 est abattu en 3,3 secondes pour une vitesse de pointe (compteur) de 165 km/h, le tout porté par une valeur de couple phénoménale de 144Nm , soit l'équivalent d'une KTM 1290 !

Pour ce faire, la SR se démarque du modèle ''S'' standard avec un couple supérieur de 56 % et d'une puissance accrue de 24 %. La motorisation ''brushless'', alimentée par une batterie ZForce libère l'équivalence d'une puissance de 67 chevaux selon trois modes de conduite ( éco/sport/personnalisé, disponibles via le tableau de bord LCD qui vous affiche en outre le niveau de chargement de la batterie, l'autonomie restante, totalisateurs partiels et totaux, etc.. A noter que le mode « custom » est comme son nom l'indique, personnalisable à travers un dispositif bluetooth via iPhone ou Android.

En mode éco, la "SR" annonce officiellement une autonomie de 220 km en ville.Cette autonomie peut être portée à 276 km (toujours en utilisation urbaine) grâce à l'apport d'un accessoire : le Power tank affiché au tarif de 2400 €. On considérera tout de même que ces valeurs d'autonomie sont données dans des conditions optimales d'utilisation, à savoir à vitesses faibles avec énormément de récupération d'énergie. La réalité étant tout autre. Mais pas ridicule, loin de là.

Devant cette augmentation de performances, la partie cycle évolue avec désormais une fourche de 43 mm (contre 38mm auparavant), sensée encaisser les freinages du simple disque pétale de 313mm et son étrier double piston Nissin. L'expérience nous montrera que des progrès sont à faire sur ce point. Le cadre n'évolue pas puisqu'il s'agit toujours du cadre double poutre inauguré en 2013. Il est désormais épaulé par un nouvel amortisseur arrière entièrement réglable en précharge, compression et détente.

Niveau ergonomie, là où le scooter BMW C-Evolution demandait de l'attention notamment avec ses 269 kg, la SR est naturellement et extrêmement bien équilibrée. Immédiatement intuitive et facile, ce deux roues de 185 kg se manie en ville aisément. En mode Eco en particulier, le moteur se montre parfaitement dosable. Ponctué de ce sifflement, vous devrez porter une attention particulière aux piétons qui descendent le trottoir en face de vous, tout simplement parce qu'ils ne vous entendent pas arriver.

Position droite et naturelle, cette SR ne s'est jamais montrée fatigante tout au long de cet essai. Seuls des rétros bien trop larges et peu pratiques viennent ternir ce tableau idyllique. On note aussi que la qualité de finition est médiocre. Plastique teinté dans la masse, terni et rayé, clef de contact minimaliste, on sent que – même avec une garantie affichée de 160.000 km pour la batterie soit 5 ans d'utilisation, certaines pièces de finition devront être changées avant. Comme cette élégante coque arrière au plastique peu flatteur.

Mais c'est sur les performances pures que cette SR est absolument extraordinaire !

Si la Zero S de 2013 offrait déjà un grand pas en avant dans la performance et l'attrait des produits commercialisés par Zero Motrocycle, cette SR nous fait franchement franchir une autre dimension. Avec son entrainement direct par courroie et un moteur affichant 144Nm, on dispose d'un couple immédiatement disponible à la moindre rotation de la poignée de gaz. Pour rappel éventuel, 144 Nm c'est l'équivalent de l'actuelle KTM 1290 ! Alors si en mode éco, vous rentrerez un peu dans le rang, en mode sport, je mets au défi n'importe quelle moto thermique de rivaliser avec vous.

A ce jour, je n'ai jamais vu autant de vexation et de frustration dans les yeux de mes congénères au jeu du 400 mètres départ arrêté. Dans ces cas, messieurs, il convient d'être bon joueur parce que cette SR risque d'en humilier plus d'un à ce jeu. Bluffant. Drôle. Mais si prévisible...

Et c'est finalement là que le bas blesse. En effet, cette SR affiche des performances telles, que niveau partie cycle, même avec une fourche de 43mm, vous arriverez vite aux limites de la partie cycle.

Huile manquant de viscosité, ressorts trop mous, en tout état de cause, cette fourche encaisse mal les gros freinages. Idem pour les Nissin avant et arrière, qui vous demanderont de tirer comme une brute pour une vraie efficacité sportive… Une américaine à ne pas en douter. Qui plus, point d'ABS sur cette SR, 9 kilos supplémentaires auraient grévé l'autonomie de ce véhicule. Même le cadre double poutre souffre parfois de certains virages pris pleine charge. Non franchement, cette SR est une vraie moto, avec de vraies performances et des petits défauts qui demandent un peu de doigté en mode rapide.

Sur voies rapides que ce soit en mode éco ou sport, la SR est capable de pointes à 165 km/h pour ensuite s'auto stabiliser – histoire de ne pas faire chauffer exagérément la pile – vers les 130 km/h. Pour exemple, le trajet quotidien de cet essai sur une semaine a consisté à faire de la ville pour moitié et l'autre moitié sur voies rapides à 110 km/h soit pour un aller retour quotidien de 60 km. Et en toute franchise, à toc !

A ce jeu la batterie a affiché un taux de décharge de 71%. L'utilisation du chargeur de 1,3 kW via une simple prise sur le secteur permet une recharge à 95% en 7,4 heures. Un chargeur « CHAdeMO » permettra un temps de charge d'une heure. Malheureusement celui-ci n'est pas commercialisé en Europe.