2. Essai Suzuki V-Strom 650 XT 2015 : polyvalente et saine

Comme dit précédemment, les conditions de l'essai ont été particulièrement rudes. Même si le soleil était parmi nous, le froid quant à lui a décidé de ne pas me lâcher. Ce qui a donné le ton de suite à la protection du V-Strom.

La position sur ce Trail est naturelle, les jambes sont parfaitement à l'aise et trouvent bien leur place. De plus l'étroitesse de la selle ne gêne en rien le confort global, même après de nombreux kilomètres. Le guidon est plutôt large et bien ajusté pour l'ensemble main/bras. J'ai particulièrement apprécié les larges protège-mains pour contrer le froid et la bulle en position haute qui couvre l'ensemble du torse et du casque à n'importe quelle vitesse. Seules les cuisses souffriront du vent glacial et les arrêts avec la chaleur du moteur remontant seront une bénédiction (probablement moins agréable en été).

En plus des manœuvres à l'arrêt qui se font « finger in the nose», Suzuki semble avoir mis l'accent sur l'accessibilité. Dès les premiers tours de roues, le 650 se transforme en vélo. Tout est fait pour se sentir bien et de prime abord comme ça, elle cache son jeu. Elle sera idéale pour les débutants grâce à cette docilité. À allure lente, le regard suffira à la diriger et on appréciera de ne pas avoir une direction plongeante sur un changement de direction brutale. Une balade dans l'enfer parisien suffira à me convaincre qu'un trail peut effectivement tirer son épingle du jeu sur ce terrain, là ou la concurrence souffre d'un gabarit souvent trop gros, le V-Strom domine bien la circulation et son étroitesse permet de naviguer très facilement entre les voitures. Elle me rappelle un peu les vieux Honda Transalp, Dominator et autre Yamaha TDM de l'époque. On lui reconnaîtra des qualités de moto pour le quotidien avec le moulin qui ne cogne pas à tous les étages. Les commandes et la boite sont douces et il ne faudra pas des mains de bûcheron pour un usage ville.

D'ailleurs en parlant de moteur, petit retour sur son origine car il n'est pas né de la dernière pluie, bon nombre de motards l'ont déjà éprouvé au travers de la grande lignée des SV 650 et plus récemment du Gladius. Le gros avantage reste sa souplesse et son exploitation super-saine. Il reprend partout, le twin, et en plus il ne cogne pas, que demander de plus ?

Impression confirmée une fois la ville quittée. Que ce soit sur route de campagne ou sur les axes rapides, il suffira de laisser couler pour les dépassements. Attention tout de même à les anticiper, surtout sur un bas régime car il faudra, dans ce cas, un temps pour que le moulin réponde. La tranche idéale pour enrouler sur le couple reste tout de même entre 4000 tr/min et 6000 tr/min. Au-delà, les reprises sont présentes et ne génèrent pas de vibrations gênantes. De plus, le ronron qu'il émet est loin d'être désagréable et lui donne un petit coté vilain. On aime !

Plus les kilomètres passent et plus le froid se fait omniprésent. Mais le plaisir également. J'étais très loin de me douter de ce que cette Suz' me réservait. Et ceux qui décriaient le retard (moi la première) que la marque avait pris ces dernières années, ce XT m'a rappelé le savoir-faire des Japonais et qu'il était toujours bien d'actualité.

La partie cycle fait partie d'ailleurs des points sur lesquels j'attendais cette moto au tournant. Elle se montrera au final douce et souple sans rentrer dans la navigation paquebot. Les suspensions remontent suffisamment les informations et ne tapent pas violemment sur les routes dégradées. Les prises d'angles se font au feeling et sans nécessité de correction. Pas de sensation de perte d'adhérence à cause du froid, elle passe d'un angle à l'autre sans poser de difficulté.

On appréciera également la présence de l'ABS car sur certains freinages appuyés, le manque de frein se fait vite ressentir. Il faut écraser le levier plus la pédale de frein arrière pour arrêter les 215 kilos par moments. De plus, ceux qui voudraient aller faire un petit tour dans les chemins, l'ABS n'est pas déconnectable et limitera très vite son champ d'action. Le V-Strom est une routière, rien de plus. Dommage !