2. Essai Suzuki GSX-S1000F : la polyvalente

Avec la chance que nous avons eu, une petite mise au point sur les conditions d'essai s'impose. En effet, pour les non initiés, l'Île de Man accueille chaque année l'une des compétitions les plus barrées de la planète : le Tourist Trophy. Avec une vitesse moyenne de plus de 200 km/h sur une route qui est en temps normal utilisée par les habitants (avec autant d'arbres que d'enrobé abîmé), les pilotes sont le plus souvent vus comme des extraterrestres ou des fous.

C'est donc sur le même tracé que nous avons pu expérimenter cette Suzuki, sachant que hors agglomérations, il n'existe aucune limitation de vitesse, c'est donc open-bar. Et d'avoir ça en tête, donne une tout autre perspective de la route en plus de l'ambiance qui règne sur l'île.

En se lançant hors du Pit-Lane, on commence la prise en main du GSX-SF. La position du pilote permet de se sentir parfaitement à l'aise et la répartition des masses rend la moto docile dans une circulation en ville. Le quatre cylindres en ligne 4 temps de 145 chevaux (et oui nous n'étions pas en France) chantonne sympathiquement dans mes oreilles, on retrouve la mélodie de la famille Gex' (moulin issu de la génération 2005/2008), on ressent également le travail fourni par la firme de ce côté-là. Bien que la machine que l'on m'a confiée affichait peu de kilomètres au compteur, la boite se révèle douce et facile à l'usage, mais il faudra tout de même patouiller quelque temps pour retrouver le neutre. Sur une circulation en ville ou sur une gestion des premiers rapports au levier, le moteur cogne et on se retrouve vite secoué. Il faudra aller chercher un peu plus haut dans le couple pour profiter de l'allonge et de la souplesse du moulin. Au final, pour les habitués de la marque, ils apprécieront de ne pas être perdus, un peu à l'image du look, c'est du Suzuki.

Mais là où tout le potentiel de ce GSX-S se révèle, c'est bien évidemment sur les portions roulantes. Les rapports longs laissent chanter le 4 pattes et qu'est ce qu'on aime. Dès que l'on ouvre la poignée de gaz, le moteur réagit de manière franche et souple, il vous faudra déjà pas mal de temps pour éprouver les 145 chevaux. Pas une fois nous ne nous sommes fait surprendre sur une réaccélération optimiste ou un passage de rapport un peu bourrin, la Suz' se montre docile et offre un parfait compromis avec sa sportivité. Le moulin s'adaptera à de nombreux types de roulage et sur tout le long de notre boucle et sur les différentes portions ville/route/montagne, le 4 pattes donnera satisfaction. Pas vraiment une surprise pour une mouture éprouvée depuis près de 10 ans.

Les kilomètres passant, le rythme de notre groupe augmente et avec lui le défilement des arbres et des maisons jusqu'à des vitesses très largement prohibées en France et surtout mon respect envers les pilotes du TT qui passent sur ces routes qui sont, pour certaines, pas mal bosselées. La partie cycle de la Suzuki est d'ailleurs mise à l'épreuve. Si d'un côté les suspensions KYB sont un peu molles et demanderont un peu de réglage pour des rythmes élevés, conjuguées avec le cadre en alliage alu, l'ensemble de la partie cycle met en confiance et pas une fois nous n'aurons senti une désolidarisation, ni d'effet de bateau dans les courbes. Sur les freinages appuyés les KYB plongeront assez facilement. Dommage, car à contrario les freins offrant un bon feeling sous les doigts et le frein moteur profiteront à ceux qui comme moi, préfèrent l'anticipation sur le pile de dernier moment. D'ailleurs, le système ABS est parfaitement transparent et n'intervient qu'en extrême nécessité.

Et là, quand on se dit qu'on a choppé un bon rythme dans cette campagne Mannoise, notre groupe arrive sur « the » portion montagneuse entre la ville de Ramsey (au nord) et Creg-ny-Baa. Une portion de grandes courbes avec une certaine visibilité qui pourrait permettre de pousser au-delà de ses propres limites. Enfin, c'est ce que l'on se dit en théorie puisque le large flot de circulation à droite et une conduite à gauche permettent de garder la tête froide. Mais cela n'empêchera pas notre groupe de profiter du bon bitume et de confirmer que la partie cycle du GSX-S une fois collée dans l'angle, elle ne nécessite pas qu'on la maintienne avec force dans sa trajectoire. De plus on pourra ajouter le bon retour d'informations dans le guidon grâce aussi à la monte en Dunlop Sportmax.

Et cerise sur le gâteau, vous vous souvenez du placement de la bulle ? Et bien, elle protège au final !