2. Essai - Kawasaki Z900 : L'art de doser !
Et quand on dit doser, il y a doser et il y a doser. Doser au sens mesurer, et doser au sens mettre la dose, bref, entrer dans la démesure. De la mesure, il en faut si l'on tient compte des circonstances : il pleut, il mouille, bref, c'est la fête à la grenouille. De la démesure, il en faut si l'on veut réellement tester l'anti patinage et surtout. Et si l'on se dit que l’on pourra faire confiance à l'arrière pour la motricité, il faudra se méfier de l'avant, qui pourra glisser à tout instant. Ambiance.
Profitant des nouvelles possibilités de management moteur, nous optons d'office pour le mode User. Une pression sur le bouton "SEL" et nous optons pour une accélération et pour des réactions "Full", tandis que l'anti patinage KTRC est réglé sur son niveau le plus haut et le plus intrusif : 3. Avec ces réglages antinomiques, dans la théorie, on ne devrait pas pouvoir accélérer à fond, surtout sur la route que nous empruntons à présent. Pour autant, l'équilibre et la rigueur de la partie cycle facilitent l'exercice.
Un KTRC très permissif
Bonne nouvelle, sur les brise vitesse, le moteur coupe bien, témoignant de l'activation du KTRC. Dans le doute, un rappel est présent sur le tableau de bord, qui clignote orange. OK, ça marche. Les gros coups de gaz suivant mettent en évidence deux choses. La première : sur sa bande de roulement, le pneu arrière dispose d'un grip des plus sérieux. La seconde : le KTRC ne s'active pas rapidement dans les conditions actuelles.
Très permissif dans le mode 3 pourtant voulu le plus restrictif, il laisse la roue arrière glisser plus ou moins longuement (surtout en ligne et plein gaz…) avant de s'activer de manière douce. Un bon point. Autre fait notable : lorsque la moto se trouve sur l'angle, la glisse de l'arrière est possible, mais une fois encore contrôlée a posteriori. Une centrale inertielle 6 axes, comme celle présente sur les sportives et roadsters sportifs modernes, serait nécessaire pour permettre d'utiliser ABS et KTRC sur l'angle. On n'en est pas là !
Surprenant, le nouvel antipatinage n'anti-patine donc pas aussi préventivement que celui dont nous avons l'habitude. Il se comporte davantage comme un accompagnateur de glisse prompt à permettre de conserver l'équilibre et à retrouver de l'adhérence, bref, comme un KTRC des plus sportif. Y compris sur le mouillé, on peut donc lever subrepticement la roue avant. C'est dire. On apprécie du coup le réglage des suspensions, prompt à limiter les transferts de masse et donc à garder un bon équilibre, essentiel pour rouler dans les conditions actuelles. À ce titre, la nouvelle position de conduite, induite par la selle plus haute, offre un gain de contrôle pour les grands gabarits, quitte à voir les mains plonger davantage sur le guidon. On apprécie surtout le rab de mousse ayant apporté un meilleur maintient, un placement facilité et un confort supplémentaire. Tout bénéfice pour les plus d'1,70 m !
Les bosses et irrégularités de la route sont ainsi absorbées avec douceur et fermeté, permettant de conserver de bonnes sensations même en roulant sur des œufs (brouillés les œufs). Les pneumatiques proposent également une excellente liaison au sol, retournant avec précision les informations nécessaires. Certes, ça glissouille par moments, mais on reste sur ses roues et les pneumatiques comme le KTRC raccrochent avec progressivité. On apprécie également le poids semblant effectivement contenu et surtout bien placé pour enrouler autant que pour attaquer. Même avec cette adhérence précaire. 212 kg tous pleins faits, soit seulement 2 de plus que la précedente, voici l’autre recette du succès de la Z900.
Une Z bonne en toutes conditions
Lors de notre roulage sur deux jours, nous avons rencontré de nombreux cas de figure. Si nous avons évolué la grande majorité du temps sur le mode User paramétré sur F-3, nous avons également testé le mode pluie. Dégradée de 55 %, la puissance est également distribuée de manière plus douce et plus linéaire, sans rien perdre d'une petite dose de caractère moteur.
Ce mode Rain engagé (réglage L-3), la réponse des gaz, pour lissée qu'elle est, n'en demeure pas moins franche et vive. Surtout une fois que l'on commence à aborder la seconde moitié du compte-tours, ou à taquiner la poignée des gaz. On décèle même des renforcements de la poussée au cours de la montée en régime. C'est dire. La zone des 4 500 et 6 000 tr/min marque légèrement le pas dans les relances, surtout sur les 3 derniers rapports, mais on apprécie la qualité des réponses offertes.
Celles du contrôle de traction se veulent proportionnelles et proportionnées, tout en tenant compte du régime moteur, nous validons le discours officiel. De la souplesse, donc, dans ce moteur, mais pas uniquement dans ce mode de conduite adouci : tous bénéficient de ce trait de caractère et de la possibilité de rouler en 6 bas dans les tours. Car le moteur de la Z900 est l'autre atout du modèle. Ses envolées sont nombreuses sur toute la plage d'utilisation, tandis qu'il nous apparaît idéalement dimensionné. Ni trop, ni trop peu, et surtout tout ce qu'il faut là où il faut quand il le faut.
Parfaitement exploitable, il donne de très bonnes sensations, tandis que ses vibrations et quelque part son comportement rappellent ceux de la 765 Street Triple. Une sacrée référence. Pour autant, la partie cycle est légèrement plus fébrile, notamment lorsqu'il est question de sensibilité du train avant. La Z900 est et demeure une moto courte et vive de directions. Nous nous sommes demandé à de nombreuses occasions lors de ce roulage complexe pourquoi Kawasaki n'avait pas encore opté pour un guidon à section variable (même s'il est masqué par l'instrumentation), plus agréable de prise en mains. Y compris lorsqu'il est question de véhiculer de bonnes sensations. Pour la prochaine version ?
Pour l'heure, nous nous en remettons aux Dunlop et vogue la galère à rythme d'enfer. Le freinage bien au bout des doigts, la semelle vaillante, les freinages ne sont pas à redouter, tandis que l'on apprécie la précision des éléments. Là encore, la Z900 rassure pleinement tout en laissant une fois encore le sentiment de laisser une grande marge de manœuvre avant que n'interviennent les béquilles technologiques.
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