Droits de douane : la Chine réplique et cible les Allemands
L'INFO DU JOUR - Pékin rend coup pour coup à Bruxelles. Après la volonté de taxer la viande porcine européenne et l'alcool, la Chine s'attaque directement aux constructeurs germaniques en souhaitant introduire de nouvelles taxes sur les moteurs thermiques, spécialité allemande.
Les dirigeants chinois semblent avoir une excellente connaissance des us et coutumes européennes. Ainsi, pour répondre aux attaques de Bruxelles, qui a décidé de taxer les autos électriques chinoises à ses frontières à un taux qui atteint 48 % pour certaines marques, voilà que la Chine réplique selon les spécialités nationales.
Pour punir la France, Pékin a décidé de taxer l’alcool et la viande de porc, touchant également au passage l’Espagne, le plus gros exportateur européen de produits porcins. Mais voilà que l’empire du milieu a trouvé, selon lui, la punition idéale pour punir l’Allemagne : taxer ses autos thermiques.
La vengeance de Saic et Geely
Une manœuvre qui n’est même pas le fait du gouvernement lui-même, mais qui lui a été soufflé par deux des géants de l’automobile locale : Geely (Lotus, Lynk&Co, Volvo, Smart) et Saic (Maxus et MG), selon le média chinois Global Times. Rappelons que Saic est le constructeur le plus taxé par l’UE, puisque le taux que devront payer ses autos à l’entrée de l’UE est de 38%, alors que Geely n’est puni qu’à hauteur de 38%.
Cette vengeance peut faire mal à Bmw, Volkswagen et Mercedes, puisque la Chine absorbe 30% de leurs volumes, principalement en ce qui concerne les thermiques, puisque dans le domaine de l’électrique, les marques germaniques sont désormais très largement distanciées par les marques chinoises, Byd en tête.
Une domination largement en baisse pour le trio allemand en Chine depuis trois ans. Avant le Covid, le groupe Volkswagen y réalisait plus de 40 % de son chiffre d’affaires, et Mercedes plus de 37 %. Une baisse déjà entamée donc, à laquelle se rajoutent de nouvelles sanctions qui ont de quoi inquiéter Wolfsburg et Stuttgart.
La mesure n’inquiète pas que les états-majors des constructeurs. À Berlin aussi on se fait du mouron. Au point ou le ministre de l’économie allemand, Robert Habeck a immédiatement pris la route vers Pékin dès la nouvelle connue, histoire de plaider la cause des marques allemandes. Avec quels arguments ?
Pas en mettant en avant les mesures de rétorsion prises par Bruxelles en tout cas. Il a assuré avant de partir « qu'il ne discuterait pas des droits de douane de l'UE sur les voitures électriques chinoises. ». Et pour cause : son boss, le chancelier allemand Olaf Sholz a déjà tenté, en vain, d’influer sur la commission européenne.
Carlos Tavares a travers les gouttes
En tout cas, les constructeurs français semblent épargnés par la vengeance chinoise. Ils vendent tellement peu d’autos dans l’empire du milieu que Pékin préfère s’occuper de nos vignerons et agriculteurs. Reste que Carlos Tavares doit savourer insidieusement la guéguerre sino-allemande, lui qui vient de signer un accord de coentreprise avec le chinois Leapmotor. Et le patron de Stellantis a peut-être même trouvé le sésame pour vendre des autos chinoises dans ses réseaux en Europe, sans taxes bruxelloises et même en leur faisant bénéficier du bonus français, grâce à la bonne vieille technique du CKD.
Ce Complete Knock Down est pratiqué depuis longtemps dans nombre de pays. Il suffit d’importer les Leapmotor depuis la Chine jusqu’en Pologne, à l’usine de Tishy, puis de les monter sur place. Une manière d’en faire des voitures totalement européennes. Une méthode qui pourrait bien inspirer les marques allemandes qui pourraient, avec des partenaires chinois, assembler leurs thermiques sur place et échapper aux nouvelles taxes. Avec la bénédiction de Pékin qui n'y verrait que son porpre bénéfice et unbon moyen de faire tourner ses usines.
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