Chutes de ventes de Tesla ? "les salariés sont les seuls responsables, pas la direction".
L'INFO DU JOUR - Interrogés de manière anonyme, des salariés français de la marque évoquent la pression dont ils sont victimes. Pression du silence à observer, et pression de la faute qui leur est imputée, puisque pour leur hiérarchie, les vrais responsables de la mauvaise passe actuelle, ce sont eux.

Parfois il n’est pas nécessaire d’aller au bout du monde pour réaliser un reportage édifiant. France Inter vient d’en fournir la preuve en ouvrant simplement ses micros à St Ouen, au siège de Tesla France en Seine-Saint-Denis.
Comment les salariés de la marque américaine ressentent-ils la spectaculaire baisse des ventes et les frasques de leur patron Elon Musk ? Pas question d’en parler à voix découverte. Tous les collaborateurs déclinent, en expliquant qu'"il n'y a franchement rien à dire", qu'ils soient interrogés durant leur pause clope devant l’immeuble, ou qu'ils travaillent dans la concession située au rez-de-chaussée.
"Si vous parlez, on vous vire"
Par peur des représailles ? C’est ce qu’accepte de dire ce Tesla Boy, anonymement, d’une voix déformée. « Si vous parlez, on vous vire ». Simple et basique. Et d’évoquer les mails, « chaque semaine, voir plusieurs fois par semaine ». Des notes de service qui rappellent les règles en vigueur pour évoquer la marque, « au public et aux journalistes », ce qui est monnaie courante dans de nombreuses entreprises, « mais aussi aux amis », ce qui l’est moins.
Ce collaborateur, aujourd’hui en arrêt maladie pour burn-out, évoque aussi les remarques du public. « On nous traite de nazis, de collabos ». Et d’ajouter que c’est dur à vivre, « car on n’est pas tous alignés sur les positions de notre dirigeant ». Selon lui, les arrêts maladie, toujours causés par des burn-out, se multiplient depuis que Musk a endossé ses nouvelles fonctions aux côtés de Donald Trump.

Surtout, ce salarié dénonce une méthode de pression plus insidieuse : la chute des ventes ne serait liée ni aux agissements de Musk, ni au renouvellement tardif de la gamme, ni à la baisse, ou à la disparition, des bonus en France et en Europe. Cette mauvaise passe serait imputable aux salariés eux-mêmes. « Selon la direction, ce n’est pas la faute de nos dirigeants, mais c’est de la faute à nous, les salariés». Une manière de leur expliquer qu’ils sont nuls, et incapables de vendre des voitures.
La direction de Tesla France, contactée par France Inter, n’a évidemment aucun commentaire à faire à la suite de ces témoignages. Mais si ce problème semble avéré dans l’hexagone, à 6 000 km de Washington, il est très certainement surmultiplié.
Pas moins d’une centaine de manifestations se sont déroulées devant les concessions américaines. Et elles ne sont pas toutes pacifiques, à l’image de celle qui s’est déroulée à Toulouse la semaine passée. À New York, des tirs d’armes à feu ont atteint des vitrines de la marque et 6 personnes ont été arrêtées après avoir fait incursion dans un show room.
Donald Trump à la rescousse
Une situation qui explique bien évidemment le blues des salariés américains de Tesla, quotidiennement confrontés à ces phénomènes. D’autant que, chute des ventes aidant, Elon Musk pourrait décider, le jour ou il trouvera cette mesure opportune, de licencier des collaborateurs. Une opération facilitée par le fait que l’oligarque a toujours refusé que ses salariés soient syndiqués, et que la puissante UAW, principale confédération américaine, ne pourra pas s’opposer à une telle mesure.
Cette mauvaise passe de la marque, qui a perdu la moitié de sa valeur en Bourse depuis le mois de décembre, et qui a encore chuté de 15 % durant la journée du 10 mars, ne saurait être enrayée par la décision de Donald Trump. Le président américain, anti VE notoire a affirmé, pour voler au secours de son conseiller, d’acheter lui-même une Tesla. Un acte qui pourrait même se révéler totalement contre productif.
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