Buell XB12S 2003 : Good vibrations !
La marque américaine Buell s'est toujours démarquée par des concepts pour le moins originaux. Reconnaissables dès le premier coup d'œil, leur look ne laisse personne indifférent. Les modèles Buell se caractérisent par ce gabarit réduit et massif qui fait tout leur charme. Le roadster XB de la marque a vu sa cylindrée se gonfler à 1203 cm3 en 2003. 1200 cm3 dans un V-Twin, on sait d'ores et déjà que les sessions seront au rendez-vous !
Mon ami Ju' m'a donc gentiment proposé d'essayer son flambant XB12S sur les routes que j'affectionne tout particulièrement. J'ai toujours eu un faible pour le look des Buell, notamment le XB. Son cadre proéminent, son arrière minuscule, son empattement ridicule, la fourche inversée, le frein avant périmétrique, l'échappement sous la moto... le look street bike par excellence. Mais je n'avais jamais eu l'occasion de m'installer à son guidon et de voir ce qu'il en était à l'usage. Le XB12 développe 100 chevaux à seulement 6600 tr/min et un couple de 11 daN.m !! Aucun doute, il y a du monde là-dessous. Le moteur souffle dans un échappement interactif avec valve électronique qui a pour but d'optimiser le couple et la puissance en fonction de la conduite. La transmission se fait comme à l'habitude par une courroie renforcée, évitant aux propriétaires de changer la chaîne un peu trop fréquemment. Par contre, le pneu arrière ne pourra y échapper, la gomme restera sur le bitume à chaque tour de la poignée vu le couple de l'engin.
Le bras oscillant en alu n'est autre que le réservoir d'huile moteur. Tout comme le cadre périmètrique en alu qui fait office de réservoir d'essence. Cela dit, le côté pratique de l'agencement pêche par sa capacité qui n'est que de 14 litres... autant dire qu'il ne faudra pas trop s'éloigner des stations services. Le châssis sera certainement rigide vu la qualité des équipements : amortisseur arrière Showa réglable et fourche inversée Showa 41 mm entièrement réglable aussi. Et pour finir, le frein à disque périmétrique à l'avant, avec un disque ZTL (Zero Torsional Load) de 375 mm pincé par un étrier 6 pistons devrait assurer une freinage optimal.
Un tour de clé, le compteur s'allume. Le tableau de bord comporte les informations de base : un kilométrage total et deux partiels, l'horloge mais aussi un kilométrage sur la réserve. Une petite pression sur le démarreur et vroooooo... Ouah, qu'est-ce qu'il se passe ? Ai-je retiré un monstre démoniaque de son profond sommeil ? Le bruit du twin accompagne les tremblements qui animent la moto. Ca vibre de la roue avant à la roue arrière, j'arrive même à me demander comment l'ensemble réussit à rester unifié. Bon allez, voyons ce que ça donne un géant sur cette mini-bécane. La position me rappelle tout de suite celle du Speed Triple : basculée en avant et un angle de chasse qui semble inexistant. On a la tête au dessus de la roue avant. Mes jambes trouvent leur place de part et d'autre du cadre profilé. A ma grande surprise, je ne me sens pas à l'étroit. Je tire, et je pèse mes mots, sur le levier d'embrayage qui prononce le caractère virile de la moto, un coup d'orteil sur le sélecteur accompagné d'un bruit sourd qui me confirme que le premier rapport est engagé.
Je démarre doucement pour m'habituer à la moto. Je commence d'entrée de jeu par une série de virages assez serrés. La moto vibre continuellement mais ça ne gène pas forcément la conduite. Le châssis est très rigide et demande une certaine volonté pour mettre la moto sur l'angle. Mais une fois dans la trajectoire, la moto y reste et le moteur vous propulse dès qu'on sollicite la poignée de gaz. Le moteur est gavé de couple, ça pousse dès les premiers tours et ça monte vite, très vite, trop vite. La plage d'utilisation est assez restreinte et l'aiguille vient chatouiller la zone rouge sur chaque accélération.
Mais les sensations sont bien là, les bras s'allongent et les 1203 cm3 y sont pour quelque chose. Je commence à la prendre en main et mon postérieur se balade à gauche et à droite de la selle pour inviter le train avant à enchaîner les virages qui se profilent. Le frein arrière ne doit être utilisé que pour les légères corrections car il est d'une puissance limitée. Par contre, le frein avant freine fort ! Je pensais que le frein périmétrique était le meilleur concept de freinage avant, mais Ju' m'avait convaincu du contraire.
Et il avait raison, la progression laisse à désirer tant la moindre pression sur le levier injecte le liquide directement vers les 6 pistons qui viennent mordrent à pleines dents dans le grand disque qui borde la jante. Résultat : la moto ralentit considérablement et a une fâcheuse tendance à se redresser sur l'angle. De plus, le frein moteur n'est pas très présent, donc il vaut mieux préparer sa courbe pour ne pas à avoir à corriger sa vitesse. Une fois ces éléments pris en compte, on peut pleinement profiter des sorties de courbes tractées par le couple débordant du moteur.
On rattrape la nationale et une longue ligne droite se dessine. Je me recroqueville pour essayer de m'abriter sous le saut de vent qui orne les doubles optiques. La poignée dévissée, la moto prends les tours et un léger louvoiement se fait sentir... je ne suis qu'à 130 km/h et j'ai la désagréable impression que la roue arrière a envie d'aller se balader à droite ou à gauche. Je n'avais pourtant rien eu à reprocher à la rigidité du châssis dans la partie sinueuse. C'est étrange, un peu comme si un vent furieux s'acharnait à me souffler sa rage sur le flanc pour me faire quitter la trajectoire rectiligne. Un nouveau virage arrive enfin. Un rétrogradage s'impose, et les deux rapports descendus se ponctuent par ce même bruit sourd. La roue arrière ne se bloque pas et je repars de nouveau dans une série de courbes où la moto baigne dans son élément. Encore quelques petites accélérations pour ressentir se couple qui tracte, qui tracte !!! Et je me range pour rendre à César ce qui appartient à César...
La conclusion de cet essai est que les modèles japonais semblent bien fades comparés à tant de caractère. La Buell XB12S sent à plein nez l'arôme brutal et viril d'Harley Davidson. Ce n'est pas une moto pour les petits Mickeys qui ont peur de se casser un ongle. Il faut de la poigne, de la volonté, une bête sauvage qui doit être domptée. Ca vibre, ça tracte, rien n'est aseptisé. Je comprends désormais bien mieux pourquoi son propriétaire a du mal à lui trouver une remplaçante. Quand on s'est pris de passion pour un modèle de ce genre, tout ce que l'on peut rencontrer d'autre sur le marché doit nous sembler dénué d'intérêt. Personnellement, ce n'est pas un modèle que je choisirais pour plusieurs raisons mais je comprends tout à fait que l'on puisse tomber amoureux de ce mélange de saveurs que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
Photos (6)
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération