Bienvenue dans « l’autre monde » avec la Ferrari 12Cilindri Spider
À l’heure où toutes les voitures passent à l’électrique, à l’hybridation ou, au mieux, à la suralimentation, la Ferrari 12Cilindri Spider et son incroyable V12 atmosphérique de 830 ch fait figure de dinosaure. Le genre de ceux que l’on aimerait voir perdurer un peu au lieu de s’éteindre.

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Les maths pour les nuls, ce petit recueil noir et jaune que les cancres ont dû s’infuser après de mauvaises notes en classe, doit traîner quelque part chez Ferrari, à Maranello. Parce qu’avec leur dernière création, la 12Cilindri Spider, les ingénieurs transalpins nous rappellent basiquement que deux plus trois font bien cinq. Tout autant que trois plus deux. Dans un sens comme dans l’autre, cela fonctionne. Et même bien.
Depuis quelques années, toutes les marques de supercars, ne cherchez pas longtemps, il n’y en a pas tant que ça ont démontré qu’elles étaient capables de rendre accessible à tous, la plus performante des ultra-sportives. Même avec 700 (et plus) étalons disponibles sous le pied droit, à faire digérer aux seules roues arrière. Elles sont nombreuses aujourd’hui les Ferrari, Porsche ou Lamborghini à pouvoir revendiquer des performances endiablées, et même de beaux chronos sur la boucle Nord du « Ring », tout en sachant emmener maman (ou belle-maman) chercher le pain. Et même parader devant le casino de Monaco un soir d’été. L’arrivée de transmissions à doubles embrayages aussi douces que rapides, et les progrès des pneus comme de la fée électronique, ont tout chamboulé. Pour le plus grand bonheur des concessionnaires qui vendent dorénavant sans arrière-pensée, même au plus incompétent des pilotes, un monstre de puissance que personne n’aurait pu maîtriser, il n’y a qu’une vingtaine d’années.

Sauf que pour la 12Cilindri, Ferrari a fait le contraire. Pour arriver à cinq, même s’ils savaient additionner deux plus trois, comme ils le font depuis des générations avec les 488, F8 et 296, les ingénieurs ont cette fois compté trois plus deux. Je m’explique. Cette Ferrari n’est pas une de ces barquettes ultralégères, surpuissantes, mais que l’on peut passer sous calmant… électronique. C'est une diva, sublime et confortable, le genre d'œuvre d'art que l'on pourrait, si l'on avait la place et le budget, garer dans son entrée juste pour la voir, en arrivant le soir. Une merveille d’élégance que les ingénieurs maison ont rendue capable d'aller taquiner la plus énervée des pistards avec un contenu technologique mariant le meilleur de l'ancien aux plus belles avancées électroniques. Un peu comme s’ils avaient compté trois plus deux… pour arriver à cinq.
Son V12 déjà, connu et reconnu, car c’est celui de la 812 Competizione, dans sa livrée 830 ch à 9 250 tr/min. Un régime que bien des V8, aussi compacts soient-ils, ne tutoieront jamais. Ce moteur qui fait figure de dinosaure justement, avec ses conduits d’admission remplis d’air à pression atmosphérique, dénué de turbine ou de machine électrique, n’a plus sa place dans une ultra-sportive. Logique, il est gros et lourd. D’habitude, il prend tellement de place qu’il faut l’implanter au beau milieu du train avant, alourdissant la direction. Ce qu’aucun pilote ne veut. Sauf que là, Ferrari a encore pensé à l’envers.

Avec un capot long comme un jour sans pain, ils ont réussi à caser le V12 6.5 litres derrière l’axe des roues avant. Avec une boîte de vitesses repoussée à l’arrière, collée au différentiel, cela donne une répartition des masses quasi idéale… mais pas seulement. On peut avoir 50 % devant et 50 % derrière, avec un moteur mal positionné. Là encore, tout dépend de comment vous comptez. Ah les maths pour les nuls. Bref, cette œuvre d’art n’est pas qu’une œuvre d’art justement. Son moteur, magnifique, surtout quand il vient jouer les grandes orgues au-dessus de 7 500 tr/min (il en reste près de 2000), est associé pour la première fois à la transmission huit vitesses de la SF90. Et bien sûr, à une suspension pilotée magnétique ultrarapide, des roues arrière directrices et à des freins qui pourraient encaisser deux tours d’horloge sur une piste sarthoise. Suivez mon regard. Ce cabriolet, rigidifié pour assurer presque les mêmes valeurs de rigidité torsionnelle que le coupé dont il dérive, affiche presque la même masse, augmentée de soixante kilogrammes seulement. Il faut dire que pour à la fois conserver la ligne sublime, signée Flavio Manzoni, et contenir la masse, Ferrari a opté pour un toit rigide escamotable (en quatorze secondes sous 45 km/h) à la place d’une capote à trente-sept couches, que le standing de l’auto aurait justifié.

Sièges enveloppants, mais très confortables, coffre avant de deux cents litres, insonorisation parfaite et confort de roulement séduisant malgré les grandes jantes de 21 pouces (mais chaussées de pneus finalement assez haut) sont au programme. Sont même la base de cette élégante GT. Sauf que si vous basculez le curseur rouge, le fameux manetino placé sur la branche du volant, cette diva devient plus raide, plus efficace.

Capable de venir rivaliser en performances avec des modèles moins élégants, moins bien nés pourrions nous écrire. Avec, en plus, des vocalises qu’aucun V8 ou V10 ne sauront jamais imiter. Sortant en plus, selon la conduite, ses deux flaps arrière pour augmenter, au choix, l’appui aérodynamique ou la traînée en jouant les aérofreins, cette 12Cilindri Spider sait tout faire. Juste dans un autre sens. Reste qu’à près de 430 000 € le bout, sans malus ni option, c’est tout ce que l’on peut lui demander. Mais en plus, elle le fait bien.

Chiffres clés *
- Longueur : 4,73 m
- Largeur : 2,17 m
- Hauteur : 1,29 m
- Nombre de places : 2 places
- Volume du coffre : 270 l / NC
- Boite de vitesse : Auto. à 8 rapports
- Carburant : Essence
- Taux d'émission de CO2 : NC
- Date de commercialisation du modèle : Mai 2024
* A titre d'exemple pour la version SPIDER 6.5 V12 830.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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