Au fait, pourquoi le carburant est si cher alors que le cours du pétrole reste bas ?
Il ne vous aura pas échappé que le prix des carburants à la pompe a bien augmenté ces dernières semaines, alors que celui du baril de pétrole reste à des niveaux bas. Est-ce que l’un des acteurs de la chaîne de production et de distribution essaie de profiter de la situation ?
Vous le savez, la remise gouvernementale sur le prix du carburant a été définitivement supprimée le 1er janvier dernier après une première baisse substantielle au milieu du mois de novembre 2022. Il est donc logique de voir remonter le prix des carburants aux stations-service de France, ce qui a été immédiatement constaté d’abord sur la seconde moitié de novembre, puis en janvier 2023 lorsque la dernière partie de la remise a sauté. Mais depuis ces dernières semaines, le prix du carburant à la pompe continue d’augmenter sans changement au niveau de la fiscalité. A cause de la remontée du prix du baril de pétrole ? Non puisque même si son cours a un peu augmenté ces derniers jours, le baril de Brent s’échange actuellement à 87 dollars. Or, le diesel et l’essence s’approchent actuellement des 2 euros du litre dans le pays, comme au printemps dernier où le prix du baril avait flambé à plus de 120 dollars.
Quelqu’un dans la filière d’approvisionnement essaierait-il donc de s’en mettre plein les poches en profitant du niveau actuel du cours de pétrole ? Comme le rappellent les journalistes des Echos, la réalité est très complexe. Il se trouve que depuis le printemps dernier, la marge brute de raffinage du pétrole a énormément augmenté à la suite de l’explosion du coût des énergies (voir données du Ministère de l'écologie). Et c’est avant tout cette augmentation des coûts de raffinage qui tire vers le haut les prix du carburant depuis l’année dernière, quel que soit le niveau du cours de pétrole. Les coûts de logistiques et de distribution ont également augmenté, ce qui influe aussi négativement sur le prix des carburants à la pompe. Surtout que les acteurs du raffinage et de la distribution essaieraient bien évidemment de profiter de la situation en augmentant leurs profits. En 2022, certains des spécialistes du secteur ont déclaré des gains records (au Canada par exemple, la société l’Impériale a augmenté ses marges de 10% et ses profits de 275%).
Si le baril remonte…
En ajoutant les complications liées à l’approvisionnement de pétrole suite à la crise ukrainienne, les marges des distributeurs essayant également d’optimiser leurs profits lorsque le cours du baril reste bas, les coûts d’ajustement des stocks ainsi que l’influence du taux de change entre l’euro et le dollar, les raisons de trouver du carburant de plus en plus cher malgré un cours du baril stable sont hélas nombreuses. Et maintenant, essayons d’imaginer la même situation avec un cours du baril remontant fortement comme au printemps 2022. Même si les différents acteurs de la filière du carburant seraient sans doute obligés de contracter leurs marges, on risquerait de voir de nouveaux records absolus dans les prix affichés à la pompe en France. Et le nouveau chèque carburant ne suffirait probablement plus à aider les plus nécessiteux…
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