Les Audi RS4 et RS5 disposent du même moteur. Et quel moteur ! Il s’agit de l’un des plus beaux propulseurs du marché, un V8 atmosphérique FSI (à injection directe d’essence), de 4,2 litres de cylindrée. Ce V8 ouvert à 90°, essentiellement en alliage léger et coiffé de carbone, n’a rien à voir avec un roturier et archaïque « big block » culbuté à la sauce américaine. Il se rapproche davantage, en terme de rendement et de caractère, d’une mécanique latine, puisqu’il développe 450 ch au régime haut perché de 8 200 tr/mn ! De quoi envoyer sur orbite l’équipage en à peine 5 secondes sur un 0 à 100 km/h ! Mais nul besoin d’enclencher la « post-combustion » pour se faire plaisir, car, vous allez voir, ce moteur fabuleux se comporte comme une fusée à deux étages…
Pourtant, l’Audi RS5 cabriolet n’a rien d’une brute épaisse, du moins si son pilote a décidé d’adopter une attitude « citoyenne ». Il suffit pour cela d’enclencher le « pilotage automatique », en laissant la boîte S tronic à double embrayage gérer elle-même le passage des sept rapports (chose dont elle s’acquitte à merveille !), et surtout de rester sur des œufs au niveau de la pédale des gaz. Dans ce contexte, la conduite demeure apaisée, en évoluant « au couple », très conséquent dès les plus bas régimes. Cela sied à une évolution en milieu urbain, où la RS5 cabriolet se fond en totale discrétion dans les encombrements, sans le moindre à-coup. Mais dès que le trafic se fluidifie, le naturel revient au galop lorsque l’on libère, d’un coup, les 450 pur-sang de l’écurie. C’est là qu’entre en action la seconde plage du V8, de loin la plus intéressante. Avec 430 Nm disponibles de 4000 à 6000 tr/mn, les accélérations sont foudroyantes. Audi annonce 4,9 secondes pour couvrir le 0 à 100 km/h, et en restant « soudé » sur l’accélérateur, l’aiguille du compteur de vitesse flirte aisément avec les 260 km/h. Imparable. Et encore, il s’agit d’une vitesse très théorique, puisque limitée électroniquement par une bride (250 km/h chrono). Sur demande, l’auto peut accrocher les 280 km/h, ce qui en fait le cabriolet à 4 places le plus rapide du monde !
Houston, on a un problème
Mais plus que ces chiffres bruts, certes saisissants, c’est surtout l’art et la manière auquel on y parvient qu’il convient de souligner. Car comme toutes les Audi sportives siglées « RS », notre cabriolet a bien sûr droit à la transmission intégrale quattro. En clair, lorsque l’on envoie du bois, cela se fait avec une efficacité redoutable, le train avant travaillant tout autant que l’arrière. En passant, une mention « spéciale » pour ce dernier, qui se fait beaucoup plus mobile que par le passé, en offrant une agilité remarquable, assez proche d’une propulsion. Tant mieux, cela ne fait que rendre la conduite plus ludique sur parcours sinueux. Un miracle sur une quattro, que l’on doit à l’adoption d’un nouveau différentiel à couple vectoriel. D’ailleurs, le constructeur a tout fait pour dynamiser la conduite, notamment grâce au système « Audi Drive Select », digne de la Nasa. Il permet d’agir de concert (ou indépendamment), sur la cartographie du moteur, la précision de la direction, la souplesse des suspensions ou la gestion des passages de la boîte de vitesses, que l’on peut piloter manuellement, via des palets solidaires du volant.
Autrement dit, la RS5 cabriolet se plie, d’un simple tour de molette depuis le poste de pilotage, au moindre de vos caprices, y compris les plus sportifs. La performance est d’autant plus surprenante qu’une décapotable n’est pas avantagée par sa physionomie. Car remplacer un toit rigide par une capote souple, entièrement électrique, n’est pas sans conséquence sur la masse, en nette hausse. Déjà, le coupé RS5 n’avait rien d’un poids plume avec 1 715 kg, mais la variante cabriolet, dotée de multiples renforts dans le châssis, fait exploser la balance à… 1 920 kg à vide ! Tout cela grève les performances pures, en légères baisses par rapport au coupé (4 dixième de plus sur le 0 à 100 km/h), et incite à opter pour l’option « freins en carbone-céramique » (à 7 240 €), combinant allégement et endurance accrue à l’échauffement. Heureusement, ce cabriolet hautement sportif compense cet embonpoint en offrant une rigidité sans faille, mais surtout en décuplant les sensations, du genre très fortes lorsque l’on roule décapoté, avec les vocalises du V8 en dolby stéréo en guide de bande-son.
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