Hier, le département Compétition Client de Citroën a terminé 3 jours d'essais dans la région de Nîmes. L'objectif était de déterminer un set-up idéal pour la C2 S1600 que Simon Jean-Joseph et Jack Boyère tenteront d'amener le plus haut possible dans le prochain rallye de Turquie du 11 mai prochain. Ce rallye qui a basculé du calendrier WRC à ceux du championnat d'Europe et de l'IRC se déroulera sur un parcours totalement nouveau.
Simon Jean-Joseph qui est engagé sur les 2 premiers rallyes de la saison européenne et qui reste plus que frustré des 15 points ratés lors de la manche d'ouverture italienne des Mille Miglia, était en test Terre afin d'adapter le pilote à l'auto et l'auto au terrain !
C'était l'occasion de discuter un peu du métier de pilote de rallye et de sa saison.
Citroën en IRC mais pas obligatoirement Jean-Joseph
Tout d'abord, il faut clarifier le communiqué récent de Citroën annonçant l'engagement de la marque en IRC. Les fans (et moi le premier) auraient pu croire que Simon avait enfin signé une saison complète et qu'il allait disputer l'intégralité du championnat IRC sur sa C2 S1600. Ca n'est pas tout à fait ça.
En fait, si l'équipage martinico-normand inaugurera l'entrée de Citroën dans le championnat IRC lors de la 2eme manche (après le Kenya) en Turquie, c'est simplement parce qu'elle était à leur programme dans le cadre du championnat d'Europe ! En effet, 4 manches sont communes à l'IRC et au championnat d'Europe.
Pour la suite, tant en Europe qu'en IRC, il faudra trouver de nouveaux partenaires qui permettront à l'équipage de poursuivre l'aventure.
L'IRC, un engagement particulier
En effet, pour qu'un constructeur marque des points dans le championnat IRC, il doit passer un contrat publicitaire avec Eurosport, l'organisateur et le diffuseur du championnat. C'est ensuite que les pilotes courant au volant d'une auto de la marque peuvent alors entrer dans le classement et concourir au titre suprême. Donc Citroën offre seulement à ses clients la possibilité de marquer des points au championnat IRC mais pas l'opportunité de disputer l'intégralité du championnat à Simon Jean-Joseph !
Pilote de rallye, dur métier
Durant ces tests où Simon Jean-Joseph doit prendre en main l'auto en configuration Terre et la faire évoluer pour être le plus compétitif possible en Turquie, il est surprenant de le voir faire constamment des aller-retours entre son auto personnelle et sa voiture de course.
En fait, il recherche des budgets afin de participer à l'intégralité du championnat. Ainsi, il effectue les runs de tests puis après chaque débriefing avec ses ingénieurs, il repart téléphone à l'oreille négocier des partenariats avec des investisseurs potentiels.
On se demande comment il est possible de garder l'influx et la concentration nécessaire pour jeter une Citroën C2 à 130 km/h entre les arbres alors que l'on peut subir des désistements de clients entre 2 runs ! Le métier de pilote de rallye (français) est décidément bien compliqué.
D'ailleurs, il avoue lui même que cette situation de quête perpétuelle est usante et qu'elle a forcément une incidence sur le pilotage. Pourquoi Citroën a choisi Simon Jean-Joseph ?
Indéniablement pour sa rapidité mais aussi et surtout pour son immense expérience du rallye en général et de la classe S1600 (avec la Renault Clio). Pour en avoir discuter avec Alexis Avril le responsable technique du département Compétition Client, l'apport d'un pilote de la trempe de SJJ est bénéfique. Il rend les sessions de tests plus efficaces car il est capable de segmenter son analyse.
Si l'on teste un nouvel amortisseur il est capable selon A. Avril de faire abstraction de multiples autres détails de l'auto susceptibles de gêner son pilotage ou d'affecter la performance globale pour concentrer son ressenti sur le seul comportement de l'amortisseur. On comprend mieux pourquoi l'homme fut généralement le pilote metteur au point dans toutes les équipes où il est passé. De Subaru à Renault en passant par Ford.
Quand on sait qu'Alexis Avril navigue dans le milieu rallye depuis longtemps et notamment chez Citroën depuis 2001 avec Loeb/Elena et la Saxo Kit Car et qu'il fut l'ingénieur de Colin McRae en 2003 puis de Sainz en 2004, on écoute ce qu'il dit.
Son analyse est d'ailleurs coulée dans le marbre de l'expérience Xsara WRC. En 2002, l'auto aux mains de Thomas Radstrom et Sébastien Loeb ne fonctionnait pas vraiment. En cause, Radstrom pour des raisons qu'il ne m'a pas données et le manque d'expérience de Loeb qui débarquait en WRC. Il était incapable de guider efficacement les ingénieurs vers des choix aux résultats significatifs. Son rôle ne pouvait être alors que d'indiquer "c'est mieux, c'est moins bien".
L'arrivée de Colin McRae et Carlos Sainz en 2003 est ce qui a permis à la Xsara WRC d'atteindre plus rapidement le statut d'imbattable qu'elle a été par la suite. Il est formel.
On peut imaginer que le choix de Simon Jean-Joseph provient de l'analyse faite à l'époque.
à suivre
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