Et tout d’abord, il nous faut mettre le curseur de notre machine à remonter le temps sur la fin du 19e siècle. C’est en effet en 1897 que Louis Renault, fils d’une riche famille de merciers, passionné de mécanique se met à construire, dans un modeste atelier au fond du jardin familial à Billancourt, un quadricycle qui reprend la base du tricycle de Dion-Bouton acheté avant son départ au service militaire. Au passage, il a doté cette auto de quelques innovations de son cru, comme une transmission à prise directe (qui sera bientôt brevetée). Le 24 décembre 1898, il se rend avec son frère Marcel et quelques amis à un réveillon dans un cabaret rue Helder. Ce sont ces derniers qui, septiques, sur les performances de la petite auto vont pousser Louis Renault à exécuter la montée de la rue Lepic (côte à 13 %). Une montée que la petite auto va réaliser sans effort, alors que les voitures “sans chevaux“ de l’époque n’y parviennent pas ! À la fin de la soirée, conquis, les amis de Louis Renault prennent commande de douze autos (Type A) pour une livraison fin d’année 1899. C’est le début de l’aventure industrielle de Renault Frères (Fernand, Marcel et Louis Renault).

 

Quelle Renault choisir ?

Aux débuts de la marque, on voit le patron participer avec son frère Marcel à des compétitions. Ainsi à Paris-Trouville en 1899, les deux frères remportent les deux premières places de la Coupe des chauffeurs amateurs. Marcel s’adjuge la première place de la course Paris-Vienne (1902) au volant de la première Renault à moteur Renault (K 24 CV). Lors de la course Paris-Madrid, Louis arrive le premier à Bordeaux à la fin de la première étape (c’est Gabriel sur Mors, plus rapide qui sera déclaré vainqueur). Mais sa joie est de courte durée, car les accidents trop nombreux, obligent les officiels à stopper la compétition, et surtout son frère Marcel est l’une des victimes de cette course meurtrière…

Louis Renault stoppe alors la course et laisse le soin à d’autres pilotes de remporter de nombreuses épreuves sur des autos Renault (Grand Prix de l’ACF , 24 Heures de New York…), tandis qu’il exporte sa production partout dans le monde.

 

Jusqu’en 1944, année de sa mort, Louis Renault va mener de main de maître et d’une main de fer, son entreprise (après la disparition de Marcel le cadet et le retrait des affaires de Fernand l’aîné, Louis est seul aux commandes). L’entreprise est en plein essor, c’est Renault qui est choisie pour la première grande commande de taxis parisiens (des taxis qui s’illustreront lors du premier conflit mondial : “Taxis de la Marne“). Adepte de la méthode Taylor qu’il a vue à l’œuvre chez Ford aux États-Unis, Louis l’importe en France. Malgré de nombreuses grèves (Louis Renault n’était pas un patron “facile“), les chaînes produisent toujours plus d’autos, mais pas seulement des voitures puisque le constructeur se diversifie en construisant des moteurs d’avions, des camions, des moteurs marins… Lors de la guerre 14-18, il se spécialisera dans la production d’obus, de chars (FT 17), de brancards… L’usine de Billancourt est en pleine expansion et Louis Renault rachète tous les terrains autour de l’usine afin de pouvoir augmenter sa production, il sera bientôt le propriétaire de l’île Seguin. Il s’implante aussi à Lyon, à Rouen, au Mans…

 

Après-guerre, Renault se dote d’une vraie gamme de véhicules. De la petite cylindrée (KJ) à la reine de la route qu’est la 40 CV à moteur six cylindres, il existe toujours une Renault adaptée aux goûts et aux besoins de la clientèle. En 1929, la Reinastella qui succède à la 40 CV sera la première Renault dotée d’un huit cylindres. En 1934, avec la Primastella, Renault découvre les joies de la carrosserie aux lignes dites, aérodynamiques… Mais l’auto n’est pas la seule activité des usines de la marque de Billancourt qui produisent également des véhicules de transports en commun comme des bus, des locomotives et automotrices, des véhicules pour l’agriculture comme les tracteurs à chenilles, du caoutchouc industriel…

 

C’est sans doute grâce à cette diversification que l’entreprise Renault va se sortir mieux que beaucoup d’autres des années de crises d’après 1929. Cela ne se fera pas sans heurts et sans une dégradation du climat social au sein des usines de la marque (Louis Renault va baisser les salaires de ses ouvriers en 1929, il ne les remontera qu’en 1935). Alors qu’André Citroën, plus novateur, plus expansif, doit laisser son entreprise aux frères Michelin. Louis Renault, plus solitaire, plus prudent, plus réaliste poursuit son œuvre doucement mais sûrement. Les deux hommes qui sont adversaires industriellement et commercialement parlant, ont beaucoup d’estime l’un pour l’autre. Alors qu’au début de 1935 Citroën est au bord du gouffre, Louis Renault, qui en a les moyens, refusera la proposition du gouvernement de reprendre la marque aux chevrons.

 

Quelle Renault choisir ?

En 1937, Renault sort la Juvaquatre. Une voiture qui vient épauler la Celtaquatre née en 1934, l’autre entrée de gamme de la marque. Elle est de dimensions modestes, économique à l’achat et à l’entretien. Elle devient la première vraie voiture populaire de Renault. Très inspirée de l’Opel Kadett et de l’Olympia (les réclamations de la marque allemande à ce sujet, resteront lettre morte), cette Juvaquatre dotée d’une carrosserie monocoque (comme la Celtaquatre) et de roues indépendantes obtient un beau succès mais en deçà de celui de ses concurrentes que sont les Peugeot 202 et Simca.

 

1939, le ciel s’assombrit. La guerre frappe la France. Louis Renault, âgé, affaibli par une maladie qui le rend aphasique, commet plusieurs erreurs qui seront lourdes de conséquences à la libération. Réquisitionnée par les Allemands, l’usine de Billancourt collabore, mollement, mais collabore en réparant des chars, produisant des camions. Cela vaudra à Louis Renault d’être écroué à la prison de Fresnes le 23 septembre 1944 pour commerce avec l’ennemi. Il va mourir le 24 octobre . Louis Renault disparu, la nationalisation des usines Renault prend forme et la marque devient officiellement la Régie Nationale des Usines Renault (R.N.U.R.) le 16 janvier 1945.

 

Pour relancer une marque automobile, il faut des autos. Et cela tombe bien, Renault en à une à produire. Il s’agit de la 4CV. Une auto dont la mise au point s’est poursuivie pendant la guerre, avec la bénédiction de Louis Renault qui veut une voiture petite, économique, pour les années d’après-guerre. Le premier prototype est prêt à rouler le 23 décembre 1943. Il a deux portes, une structure monocoque, quatre roues indépendantes, un moteur de 760 cm3 en porte-à-faux arrière. Les prototypes de ces autos séduisent Pierre Lefaucheux, le premier patron de Renault de la période d’après-guerre. C’est lui qui fait le choix de la 4CV pour relancer la marque et en octobre 1946, la 4 CV est présentée au public du Salon Automobile à Paris. Elle a désormais quatre portes et toujours une bouille toute ronde. En 1947, toujours au Salon de l’Automobile, la 4CV entre enfin dans sa phase de commercialisation, on peut l’essayer et les commandes affluent, les délais de livraison vont atteindre rapidement deux ans.

Quelle Renault choisir ?

 

Avec la 4CV, Renault renaît sur le marché automobile français. Pour l’international, ce sera plus difficile. De plus, la gamme va mettre longtemps à s’étoffer. En 1951, la Frégate apparaît, cette berline (qui sera déclinée en plusieurs versions : berline, break et cabriolet) devient le fer de lance de la marque. C’est au volant de cette voiture que Pierre Lefaucheux trouve la mort en 1955. Il sera remplacé par Pierre Dreyfus qui va diriger cette entreprise jusqu’en 1975. Sous sa présidence, de nombreuses Renault vont voir le jour :

Quelle Renault choisir ?

-1956 : Dauphine et sa déclinaison plus haut de gamme Ondine (1960). Grâce à l’association du “Sorcier“ Amédée Gordini avec Renault, on verra apparaître en 1957 la Dauphine Gordini (37 ch au lieu de 30 ch sur la Dauphine “normale“, boîte 4 au lieu d’une boîte 3). La Dauphine va être la première Française à être vendue à plus de deux millions d’exemplaires. Elle sera également commercialisée sur le continent américain.

-1959 : le coupé Floride et sa déclinaison cabriolet (qui deviendra après des modifications

 Caravelle en 1963).

- 1961 : la R4 ou 4L est la première traction avant de la marque, elle dispose également d’un hayon. Voiture populaire elle va être produite jusqu’en 1994 à plus de huit millions d’exemplaires.


- 1962 : Rambler, une grosse trois volumes provenant des États-Unis (AMC) et construite sous licence.

Quelle Renault choisir ?

- 1962 : la R8 apparaît (une des premières voitures françaises à quatre freins à disque) et trois ans plus tard est elle déclinée en version Gordini qui va faire les beaux jours de la Coupe Gordini, une compétition qui va être le creuset d’une nouvelle génération de pilotes.

- 1965 : R10 (version allongée de la R8)

- 1965 : la R16 est le symbole du renouveau de Renault dans le haut de gamme. C’est également la première berline haut de gamme à être dotée d’un hayon et d’une banquette modulable.

- 1968 : R6 (berline à hayon basée sur la R4 équipée d’un moteur de R4 puis du 1100 cm3 de la R8 en 1970/R6 TL)

- 1969 : apparition de la R12 à traction avant qui sera commercialisée en deux carrosseries (berline et break). Elle existera aussi en version Gordini à partir de 1970.

- 1971 : apparition de deux coupés baptisés R15 et R17, ils sont extrapolés de la R12.

Quelle Renault choisir ?

- 1972 : la R5 arrive, c’est une sorte de révolution pour Renault qui investit dans la catégorie des petites autos avec cette voiture au design atypique qui va connaître une très belle carrière.

- 1975 : berlines stylées, les R20 et R30 montre l’intérêt de Renault pour le haut de gamme. La R20 est dotée d’une face avant spécifique et de moteurs moins puissants que la R30. Cette dernière existe avec le moteur V6 PRV et peut également être équipée d’un quatre cylindres turbo-Diesel.

- 1973 : Renault prend une participation majoritaire dans Alpine. Dés 1965, Alpine s’était associé à Renault pour que la marque au losange distribue ses petites berlinettes dans son réseau.

 

- 1975 : Bernard Vernier-Pailliez succède à Pierre Dreyfus à la présidence de l’entreprise.

- 1976 : R14. Cette berline dispose du même moteur que celui de la Peugeot 104. Si la campagne de publicité “La Poire“ n’a pas eu le succès escompté, cette auto s’est vendue tout de même à deux millions d’exemplaires.

- 1978 : R18, remplaçante de la R12.

- 1980 : Fuego (coupé quatre places basé partageant de nombreuses pièces avec la R18).

 

- 1981 : nouveau président : Bernard Hanon

- 1981 : R9 et R11. Produites aux USA avec AMC sous les noms Alliance et Encore.

- 1984 : R25 (berline haut de gamme)

- 1984 : Espace (grand monospace conçu avec Matra).

- 1984 : la Supercinq succède à la R5.

 

- 1985 : Georges Besse succède à Bernard Hanon. Il meurt victime d’un attentat sous les balles d’Action Directe (17 novembre 1986).

- 1986 : R21 (berline tricorps)

 

- 1986 : arrivée de Raymond Lévy à la tête de l’entreprise.

- 1988 : R19 (berline compacte à hayon)

- 1990 : la Clio est l’héritière de la R5, elle va remplacer la Supercinq.

- 1991 : Espace (deuxième génération)

 

- 1992 : Louis Schweitzer devient président.

- 1992 : Safrane (héritière de la R25)

Quelle Renault choisir ?

- 1993 : arrivée sur le marché de la petite Twingo, mini-citadine monocorps.

- 1994 : Laguna (berline familiale)

- 1995 : Mégane (berline compacte, prend la place de la R19)

- 1195 : le Scénic est le premier monospace compact de la marque.


- 1996 : Espace (troisième génération)

- 1996 : Spider (petite voiture sportive assemblée à Dieppe chez Alpine, produite jusqu’en 1999).

- 1997 : Kangoo, premier ludospace (mélange d’utilitaire et de monospace) de la marque.

- 1998 : privatisation de Dacia, Renault acquiert 51 % du capital. La part augmente progressivement (elle atteint 99,3 % en 2004).

- 1998 : deuxième génération de Clio

- 1999 : début de l’Alliance Renault-Nissan.

- 2001 : deuxième génération de la Laguna

- 2001 : grand coupé monospace, l’Avantime ne restera que deux ans au catalogue, il marque la fin de la collaboration avec Matra, chez qui il était produit.

- 2002 : Vel Satis, berline haut de gamme et “haute de forme“ remplaçante de la Safrane

- 2002 : Espace (quatrième génération)

- 2002 : Mégane (deuxième génération)

- 2003 : Scénic (deuxième génération)

- 2004 : Modus (minispace, existe en version longue Grand Modus depuis 2008).

 

- 2005 : Carlos Ghosn prend la suite de Louis Schweitzer.

- 2005 : troisième génération de Clio. Toujours commercialisée (Clio Collection).

- 2007 : troisième génération de la Laguna

- 2007 : deuxième génération de Kangoo.

- 2007 : deuxième génération de Twingo.

- 2008 : Mégane (troisième génération).

- 2008 : Koleos, premier 4x4 de la marque, conçu en partenariat avec le partenaire coréen Samsung (QM5).

- 2009 : Scénic (troisième génération)

- 2009 : Fluence (berline compacte trois volumes), existe chez Samsung en Corée sous le nom SM3.

- 2010 : accord de coopération, entre Renault-Nissan et Daimler (Mercedes-Benz, Smart).

- 2010 : Wind, petit roadster à toit rotatif, basé sur la Twingo 2.

- 2010 : Latitude, berline haut de gamme tricorps (Samsung SM5).

- 2012 : Renault et Nissan signe un accord permettant à Renault-Nissan de prendre le contrôle du russe Avtovaz (Lada).

- 2012 : Zoe, première citadine 100 % électrique du constructeur français.

- 2012 : Twizy : premier quadricycle 100 % électrique du constructeur français.

- 2012 : Clio (quatrième génération, n’existe plus qu’en cinq portes et en break/Estate)

- 2013 : Captur, crossover, rival de Peugeot 2008.

- 2013 voit aussi la signature d’un accord avec Dongfeng Moteurs en vue de créer une entreprise commune en Chine qui sera chargé de produire des voitures Renault sur place.

 

En cette année 2014, les événements chez Renault ne manqueront pas. On va voir en septembre, les débuts commerciaux de la nouvelle Twingo qui est produite en Slovénie en même temps que la nouvelle Smart Forfour. Avec l’accord conclu avec Daimler-Benz, la nouvelle Twingo change complètement d’architecture en adoptant celle de la Smart avec moteur arrière et roues arrière motrices. En fin d’année devrait apparaître la nouvelle génération (5e) du monospace Espace. Un modèle qui va voir sa modularité transformée avec des sièges escamotables dans le plancher. Et puis on attend toujours le renouveau d’Alpine. Carlos Ghosn a annoncé une voiture pour 2016 et cela malgré l’arrêt de la coopération avec Catheram, et la fin de l’entreprise commune Société des automobiles Alpine Caterham…