Un premier tour de chauffe, je lâche le fauve pour une première série de 4 tours sur le rapide circuit d’Albi. Façon de parler, car je suis complètement timoré, me remémorant la vitesse de décrochage hallucinante, la reprise d’adhérence tout autant subite et la difficulté à contrecarrer l’amorce de tête-à-queue de la première Clio V6, cheval rétif et vite cabré (mouvements de caisse mal contrôlés), et pour moi modeste pilote, imprévisible monture. Je me contente donc de cerner les limites (en la jetant à la corde, lever de pied en courbe en plein appui, …) dans les endroits dégagés. Pas de doute, elle réagit bien plus sainement et l’esprit un peu plus serein, je finis par un dernier tour honnête sans plus, suffisamment rapide toutefois pour me rendre compte qu’elle passe aussi plus vite (partout) que la précédente.
Me voilà rassuré, déjà presque envoûté, prêt pour affronter une deuxième séance de circuit à un rythme plus élevé et un instructif parcours routier sur les départementales de l’Aveyron…
D’emblée, une comparaison flatteuse avec l’ancienne V6
Au Mondial de Paris 1998, le succès rencontré par le concept-car Renault Sport Clio V6 à moteur en position transversale centrale arrière, version très civilisée de la Clio Trophy de compétition, incita le constructeur à concrétiser le projet. Encore fallait-il trouver un partenaire capable de mener à bien l’aventure, Renault étant "full busy" pour s’en occuper lui-même. Il confia au réputé Tom Walkinshaw Racing l’essentiel des études, du développement et de l’industrialisation, l’entreprise anglaise et ses 2 000 salariés possédant quelques belles références chez Aston Martin, BMW, Jaguar ou Volvo et d’autres encore.
Attachante et démoniaque, la première fournée de la Clio V6 de route lancée à la fin de l’année 2000 manquait toutefois terriblement de mise au point pour convaincre, principalement à propos du comportement et tout autant, de la transmission. De nombreux passionnés étaient cependant prêts à passer sur ces imperfections. Las, prévu au rythme minimal de 12 unités par jour, l’assemblage semi artisanal dans l’usine suédoise de TWR a connu de fâcheux contretemps. Cela porta les délais de livraison jusqu’à huit mois, dissuadant de nombreux amateurs. Du coup 1 630 exemplaires seulement ont été écoulés en vingt mois.
En définitive, le résultat de cette collaboration laissa sur sa faim les amateurs de sportives exclusives et sans doute les responsables de Renault. Ce demi-échec appelait une suite. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Renault Sport s’est attelé à la tache sans recourir cette fois aux services de TWR, d’ailleurs aujourd’hui en quasi-faillite. Sur une base intéressante et fondamentalement saine, avec un peu plus de temps et de moyens, il devait bien être possible de proposer une nouvelle petite bombe nette, expurgée des imperfections de la première V6, enfin homogène, exaltante à conduire, digne de porter les couleurs de Renault Sport.
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