Il existait à la frontière entre l’Italie et la France un lieu dont beaucoup niaient l'existence, un lieu qui nourrissait toutes sortes de légendes. Il s’agissait d’une carrière de calcaire abandonnée où, raconte-t-on, un couple de gangsters se cachait après chaque gros coup. Les locaux leur avaient donné des surnoms: “Bonnie Nadoulski”, et son acolyte “Clyde Duran”. Bonnie était une grande femme, mince, pleine de charme, que personne n’osait regarder tant on pouvait se perdre dans l’abîme de ses yeux. Clyde était un homme cultivé, un homme d’affaires au visage anguleux qui ne laissait aucune place aux négociations, excepté avec Bonnie dont il ne pouvait se passer.
Le couple ainsi formé avait une passion; monter des braquages et s’enfuir dans un nuage de poussière à bord d’une puissante muscle car ancienne, telle une apparition dans un désert de solitude.
Nous sommes en septembre, Bonnie & Clyde viennent de braquer un joaillier à bord d’une Mustang de 1973 particulièrement gonflée, et après avoir filé à travers champs à 200 km/h, ils se retrouvent au point de rendez-vous pour retrouver Norman, truand de grande envergure et acheteur potentiel des 25 diamants.
Un regard, quelques méfiances, au loin un renard hagard levant la patte dans un instant d’hésitation. A l’arrière plan, cette éolienne qui brasse fatalement le vent avec la régularité d’un métronome, mais surtout cette mustang rouge, perdue dans un décor intemporel.
Pour nos pilotes, il n’y a pire que l’attente, cette nourricière de l’amertume, cet échappatoire d’un rêve d’une autre époque, cette époque où l’on ne comptait pas les miles per hours.
Ce rêve de vitesse, d'adrénaline, d’ivresse et d’abandon...
Alors, pendant que Bonnie compte les chevaux. 420 chevaux, 430, 450…
Clyde, lui, se sent prisonnier d’une destinée dramatique, telle la victime d’un mauvais film catastrophe.
La patience de Bonnie a ses limites… Et Clyde le sait.
Un instant de doute… “Dans quoi ai-je embarqué Bonnie ?”
“Bonnie, Bonnie… Ce regard me tue… Pourquoi t’ai-je entraîné dans ce périple à l’issue incertaine ? Cette vie à deux cent à l’heure sans destination ultime...”
“Mais peu importe finalement, nous avons les diamants et la voiture est sauve… Au diable les tourments ! Dans quelques jours nous serons sur l’Île Maurice et tout ceci ne sera qu’un rêve étanche.”
Norman ne vint jamais, et dans un rugissement, l’automobile fila à travers champs pour ne jamais revenir. Et de Bonnie & Clyde, on ne retrouva que les automobiles...
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