Produisant des avions militaires pour préserver la neutralité de l'espace aérien suédois pendant la guerre de 1939/45, la société Saab (Svenska Aeroplan AB) se reconvertit et produit sa première voiture en 1947. Pionnières sur le plan technique, notamment dans le domaine du turbocompresseur, puis des mécaniques multisoupapes, les Saab s’imposent comme des voitures luxueuses et performantes.
La Svenska Aeroplan AB (société anonyme d'avions suédois) est fondée en 1937, lorsque les menaces de guerre s'accumulent sur l’Europe. Produisant des avions militaires pour préserver la neutralité de l'espace aérien suédois pendant la durée des hostilités, la firme cherche à se reconvertir en 1945.
La production automobile semblant la plus appropriée à l'outil industriel existant, un prototype est mis en chantier, confié à un jeune ingénieur, Gunnar Ljungström. L'étude, confiée ensuite au styliste Sixten Sason, aboutit à une petite voiture toute ronde et plutôt originale. Le dessin est une synthèse entre les canons aéronautiques et une belle démarche artistique. Il se distingue par une aérodynamique soignée (un Cx de à 0,35 qui ferait encore honte à certains constructeurs actuels), obtenue par un passage en soufflerie. Très moderne sur le plan technique, la Saab se remarque par un châssis monocoque autoporteur et des suspensions sophistiquées qui lui confèrent une excellente tenue de route. Un comportement d'autant plus sûr que le principe de traction avant a été retenu pour faire face aux rigueurs climatiques scandinaves.
La première Saab voit le jour en 1947
Entièrement façonné à la main en moins de quatre mois, le premier prototype est présenté à la presse en 1947, avant d'être remanié pour s'adapter à la production en série. Pour gagner un temps précieux mais aussi économiser l'investissement nécessaire à la conception d'un moteur, le choix mécanique se porte sur un bicylindre deux-temps, largement inspiré des productions DKW. Facile et économique à produire, ce moteur se montre en plus pétillant et garantit les démarrages à froid, ce qui n'est pas illusoire en Suède. Commercialisées à partir de 1950, les petites Saab, joliment présentées et bien équipées, remportent très vite un vif succès dans toute la Scandinavie.
Le passage au moteur à quatre temps (un V4 acheté à Ford Allemagne) marquera une première transition en 1966. L'anticonformisme cher à Saab va tout de même se perpétuer de longues années, avec des berlines plus imposantes comme la 99, toujours très originales dans leur dessin. Mais la naissance de la nouvelle série 900 marquera la fin de l'aventure automobile Saab à échelle humaine et le début d'une ère industrielle. Saab rentre alors dans le rang, sans être tout à fait conventionnelle pour autant. Les produits suédois se distinguent toujours par une présentation luxueuse, une finition de qualité et bon nombre d'innovations. Sur ce point, Saab sera une pionnière, notamment dans le domaine du turbocompresseur, puis des mécaniques multisoupapes.
Cette production de qualité, bien que souvent proposée à des tarifs élevés, remportera un vif succès outre-Atlantique ; cependant, faute de renouvellement stylistique, les ventes commenceront à s'essouffler au milieu des années 1990. Inquiète de ces revers, General Motors, co-actionnaire du groupe, va alors exiger de profondes réformes : rationalisation de la production grâce à l'utilisation de plates-formes et de mécaniques communes avec Opel, et introduction d'une motorisation Diesel en 1998 – Saab était, à cette époque, le dernier constructeur généraliste à ne pas disposer de Diesel à son catalogue ! Autant de bouleversements qui vont profondément entamer l'image de la marque, laquelle saura néanmoins préserver son identité, du moins jusqu'à ce jour, grâce à des stylistes toujours très inspirés.
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