2. L'art du mixage culturel, par Peter Wheeler.

Entre 1981 et 2004, TVR a appartenu à l'inoubliable Peter Wheeler. Cette figure charismatique représentait à 100 % l'esprit indépendant de la firme britannique de Blackpool. Sous son ère, TVR aura produit les plus mythiques sportives que l'on connaît aujourd'hui : Griffith, Chimaera, Cerbera, Sagaris, T350, Tuscan…

Parmi elles, la Chimaera est celle qui a rencontré le plus grand succès avec plus de 6000 ventes (selon les estimations les plus optimistes !)

C'est quoi comme voiture ?

Allez, on va dire que 90 % des gens croisés dans la rue ne savent pas ce que c'est… et c'est tant mieux ! Pierre, le jeune propriétaire de ce superbe exemplaire ne s'en cache pas, l'originalité est l'un des points forts de cette Chimaera.

Il est assez difficile de se faire à ses proportions. C'est simple, ça ne ressemble à pas grand-chose de connu. Le capot avant est immensément long, ce qui n'empêche pas l'habitable d'être très spacieux, et d'avoir en bonus un vrai coffre (dans lequel, une fois qu'on aura réussi à mettre le toit en carbone, pas grand-chose d'autre ne pourra entrer…)

Pour ajouter à l'originalité et au style, on notera les ouvertures longitudinales sur le capot avant pour refroidir le moteur, mais la palme revient forcément aux portières… Cachées derrières des ouïes façon requin, elles se distinguent par l'absence de poignées…à l'extérieur comme à l'intérieur ! Pour entrer, pressez le petit bouton situé sous le rétroviseur… Solution géniale, qui lisse totalement la carrosserie. Pour sortir, une molette tournant dans les 2 sens, située entre les 2 sièges, vous ouvrira les portes. Magique.

D'ailleurs, ces rétros, ils ne vous rappellent rien ? Bon d'accord, il faut chercher… ils appartiennent à la Citroën CX ! Les feux arrière proviennent d'une Ford Fiesta, et la clé… est badgée Opel !

Si ce n'est pas de l'intégration culturelle, ça… Mais plongeons un peu à l'intérieur, pour y découvrir une ambiance tout à fait anglaise !

Would you take a cup of tea ?

Oh yes ! The inside is incredibly… pardon, ça me prend au corps ! L'intérieur, donc, respire l'Angleterre, que dire d'autre ?

On a envie de dire que c'est cossu, raffiné (bon on zappera quelques matériaux pas super nobles…). Mais la moquette sur les portières, c'est collector. Le levier de vitesses métallique imposant (ça me rappelle quelque chose) tranche avec les cuirs omniprésents et la sobre mais distinguée planche de bord ! Sur la photo ci-dessous, voyez les deux grosses molettes à gauche pour le chauffage. Original, une fois de plus. L'instrumentation est complète, le volant tombe parfaitement dans les mains… mais qu'est-ce que c'est que ce pédalier ?

Mettez-vous en face du volant, bien calé dans le siège, votre pied droit tombe sur la pédale de frein, et le pied gauche tape sur le tunnel, sans repose-pieds. Cela ajoute à l'exotisme, mais il vaut mieux ne pas avoir de problèmes de dos…

Finissons avec le toit en carbone. Il se détache avec une facilité déconcertante, et il suffit de plier les supports métalliques pour avoir un vrai cabriolet. Temps nécessaire : 30 secondes. A-t-on besoin de tout le bazar électronique pour balancer la capote derrière ? Les secrets des 1 060 kg sont aussi là.

What's under the bonnet, sir ?

Well, under le capot avant, on retrouve encore un truc piqué à des étrangers, un V8 américain ! Alors certes, il a été retravaillé, mais ce V8 provient de chez Buick à la base ! Peu importe, son archaïsme lui permet d'être fiable, contrairement aux futurs moteurs «maison» !

Ici, on le retrouve en version 4,0 litres HC, pour haute compression. Il développe 275 chevaux à 5500 tours, mais surtout 414 N.m de couple à 4000 tours. Une fois de plus, avec 1 060 kg sur la balance, c'est plus que suffisant. Notez les échappements qui passent devant le moteur (!) On a fait mieux pour le refroidissement, mais que voulez-vous, les filles de Blackpool ne font décidément rien comme tout le monde, et on va le découvrir immédiatement sur la route !