Après un premier roulage début février, des débuts en compétition courant mars et une 1re victoire en mai, la Oreca 03 a participé à ses premières 24 Heures du Mans. David Floury, le Directeur Technique du Groupe Oreca fait le bilan. Interview.


Quel est le bilan de la Oreca 03 pour sa première épreuve de 24 heures ?

Au niveau de la performance pure, c’est un bilan très positif. Concernant la fiabilité, c’est également un bilan globalement positif, sachant que notre voiture est encore jeune, que nous n’avions pas eu l’occasion de faire une simulation complète de 24 heures et que, par conséquent, nous avions peu de visibilité sur la fiabilité. Avoir deux des trois autos à l’arrivée, la troisième ayant abandonné sur sortie de piste, cela montre que le potentiel fiabilité est bon.

Quant au résultat brut, nous ne cachons pas que nous espérions mieux. Deux des trois Oreca 03 pouvaient viser la victoire ; la troisième avait les moyens de monter sur le podium. Au final, et compte tenu de différents événements, il y a un seul équipage sur le podium, et pas sur la marche que nous souhaitions. C’est Le Mans. Même bien préparé, même avec le bon prototype et les trios à la hauteur, cela peut ne pas être suffisant pour gagner.


» Le podium de l’équipe Signatech-Nissan est tout de même une belle récompense pour la Oreca 03…

Oui, ça l’est. La voiture de Signatech-Nissan a été retardée par deux crevaisons « franches », et trois crevaisons lentes. La première a abîmé la carrosserie. La deuxième est arrivée tôt dans le tour, ce qui a coûté du temps et a provoqué une chauffe du moteur. Franck Mailleux a d’ailleurs fait preuve d’un grand sang froid. Signatech-Nissan a réalisé une très belle course ; l’équipe a fait un très bon travail, bravo à eux. Race Performance a également répondu présent de belle manière. » Le Team ORECA-Matmut alignait également une Oreca 03 avec la volonté d’emmagasiner de l’expérience.


La semaine mancelle a-t-elle été instructive ?

Forcément, nous avons beaucoup appris. Nous avons encore besoin de tout analyser puisque nous sommes relativement tôt après les 24 Heures du Mans. Les Oreca 03 n’ont pas rencontré de gros problèmes de fiabilité. Nous avons pu tirer des enseignements sur de nombreux points, sur une multitude de détails à améliorer. Cela concerne la fiabilité, la facilité d’intervention ou encore la performance. Nous allons en tenir compte pour développer la voiture pour 2012 et revenir avec nos teams clients pour gagner la catégorie.


De par le retour des pilotes ou des teams, la Oreca 03 semble être un prototype facile à prendre en mains…

Compte tenu de la philosophie de la catégorie LM P2, des pilotes et des teams à qui elle est destinée, nous avions clairement fixé cet objectif parmi les priorités. La semaine du Mans a confirmé que nous étions dans le vrai.


La performance affichée est aussi un motif de satisfaction ?

Effectivement. La Oreca 03 a signé la pole : ce n’est pas la priorité au Mans, mais c’est toujours appréciable et cela confirme les performances signées plus tôt dans la saison. Mais le plus intéressant, c’est le rythme de course. La Oreca 03 du Team ORECA-Matmut réalise le meilleur tour en course à quelques centièmes de la pole, de nuit, et avec un rookie au volant. Cela montre la compétitivité naturelle de la voiture…


De manière plus précise, l’analyse des secteurs apporte aussi quelques « surprises » ?

Je ne sais pas si on peut parler de surprise, mais ce qui est très intéressant en tout cas, c’est de voir que la Oreca 03 réalise, dans les virages Porsche, le meilleur temps derrière les sept prototypes Diesel. Notre LM P2 devance les LMP1 Essence. Cela démontre les qualités du châssis, sur une partie étalon, avec un écart significatif sur la concurrence.


Quel est le programme désormais ?

En premier lieu apporter tout notre soutien aux teams partenaires qui vont rapidement reprendre la piste à l’occasion des 6 Heures d’Imola. Signatech-Nissan, Boutsen Energy Racing, Race Performance et TDS Racing ont une belle carte à jouer. Nous les aideront au mieux pour cette deuxième partie de saison. Ensuite, nous préparons le développement pour 2012. Nous attendons le règlement pour savoir comment il va évoluer concrètement. Évidemment, nous avons de nombreuses pistes à explorer ; ce sont les conséquences directes des 24 Heures du Mans. Nous voulons bien cibler ce qui est cohérent, notamment en termes de coût. Nous gardons à l’esprit le budget d’exploitation des teams, qui doit être maîtrisé. Le premier objectif est clair : être les meilleurs tout en restant dans la philosophie « cost cap » du LMP2.


En partenariat avec

Interview David Floury sur l’Oreca 03