Le salut vient d'Italie
Pour 1971, Frank achète deux March à son "vieux" client Mosley (créateur de la marque et futur président de la FIA). Soutenu par Motul, il fait courir Henri Pescarolo en F1 (meilleur résultat : 4e en Angleterre) mais aussi en F2 avec Derek Bell, Carlos Pace, Jean Max...Williams voit-il trop grand ? toujours est-il que l'argent vient à manquer, les huissiers débarquent et à la fin de la saison l'écurie Williams et aux abois... C'est d'un fabricant de jouets italien que vient le salut. Politoys demande à Frank de construire sa propre monoplace pour la saison suivante. La Politoys-Ford FX3 conçue par Len Bailey fait des débuts écourtées au GP d'Angleterre 1972. Après une sortie de route due à la rupture de la suspension, elle est partiellement détruite et remisée au fond de l'atelier. Pescarolo et Pace terminent la saison au volant des March... Mais la carrière de constructeur de Frank Williams va bientôt rebondir grâce à l'appui de la marque italienne de voitures de sport Iso-Rivolta et du cigarettier Marlboro. Si le début de saison 1973, l'Iso-Marlboro engagée n'est qu'une extrapolation de la Politoys (dénomination FX3B), dés le GP d'Espagne il s'agit d'une nouvelle auto dessinée par John Clarke. Mais une fois encore les résultats ne sont pas au rendez-vous et les pilotes, Howden Ganley et Nanni Galli ne font que de la figuration.
L'arrivée d'Arturio Merzario au sein de l'écurie la saison suivante n'améliore pas de manière significative les résultats (2 points en 1973, 4 pts l'année suivante). Pourtant Frank croit toujours en la victoire. Mais bon nombre d'observateurs sont d'un avis différent et se demandent si l'Anglais ne se contente pas de vivre au jour le jour en épongeant les comptes en banque des pilotes payants. On a ainsi vu après le départ de Nanni Galli à la mi-saison 1973, cinq pilotes prendre le volant de sa monoplace ! Cette boulimie de pilote à au moins un avantage, faire débuter de véritables espoirs en Formule 1, comme en 1974 Jean-Pierre Jabouille (non qualifié en France) et Jacques Lafitte. Seul ce dernier poursuit l'expérience avec Williams et l'année suivante il termine à la seconde place du GP d'Allemagne au Nürburgring. Un podium qu'il doit à son talent et à un formidable concours de circonstance.
En effet, GoodYear, dont les factures sont en attente, refuse de fournir de nouveaux pneus à l'écurie. Une bonne chose, puisque les concurrents chaussés de neuf vont être victimes de crevaisons, Jacques avec ses vieux pneus ne connaîtra pas ce problème... Cette bouffée d'oxygène est sans lendemain, à la fin de la saison, Frank et au plus mal. Mais une fois encore la providence veille... Elle se présente en la personne du multimillionnaire canadien Walter Wolf qui apporte un paquet de dollars et prend la direction de l'écurie. Frank le persuade de racheter l'ensemble de l'écurie Hesketh (monoplaces, moteurs et personnel) dont Lord Hesketh cherche à se débarrasser. Au début de la saison 1976, l'écurie Wolf-Williams semble partie pour faire des étincelles, avec un technicien hors pair tel qu'Harvey Postlethwaite (concepteur de l'Hesketh 308 qui a remporté en 1975 avec Hunt le GP de Hollande), pas mal d'argent et Jacky Ickx, pilote expérimenté s'il en est. La joie sera de courte durée, la Williams FW05 (ex Hesketh 308C) est ratée et Ickx malgré son talent ne peut rien faire. Après une sixième place en Espagne et de nombreuses non-qualifications, il quitte le navire remplacé par le revenant Merzario qui ne fera pas mieux que le champion belge. Avant la fin de la saison, le courant ne passe plus entre Walter et Frank, l'Anglais quitte l'écurie. Frank est sur la touche, sans argent (il en a l'habitude) et sans sa carte de membre de la FOCA qui lui accorde de nombreux avantages financiers (transports, primes...) que Wolf a conservé pour le compte de son propre team, le Wolf-Racing avec lequel Jody Scheckter va gagner 3 GP en 1977. Malgré tout, Frank gardera un bon souvenir de cette période, Walter Wolf lui ayant beaucoup appris...
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