63% des Français souhiteraient retarder l'interdiction du thermique en Europe, et pourtant...
En ce moment, il est de bon ton de se gausser des difficultés rencontrées par le marché de l'électrique. Mais que l'on se ne s'y trompe pas, le mouvement est lancé et rien ne l'arrêtera.
Selon le discours dominant, les Français se détourneraient du véhicule électrique. La réalité est pourtant plus nuancée. BELPRESS/MAXPPP
Depuis plusieurs semaines, à la faveur d’un tassement des ventes en Europe, qu’accompagne le discours alarmiste de certains constructeurs sur leur capacité à adapter leur outil de production à une demande qui patine, une petite musique anti-électrique gagne les médias dominants. Vendredi dernier, c’est un chroniqueur de la matinale de RTL qui fait des gorges chaudes de la «débandade» du projet d’« Airbus de batterie » (on ne voit pas pourquoi il faudrait s’amuser de difficultés industrielles, au passage). Hier dimanche, c’est Le Parisien qui publie une enquête Opinion Way dont il ressort notamment que 63 % des Français veulent le report ou l’annulation de l'interdiction de la vente de moteurs thermiques en Europe en 2035. Et 37 % des ces mêmes Français souhaitent que l’interdiction de vente des modèles thermiques en 2035 «soit purement et simplement supprimée».
On pourrait multiplier les exemples à l’envi (ah, ces tests bâclés diffusés dans les JT de TF1…), d’autant que le tout s’inscrit dans un contexte de baisse des prix du carburant, qui inciterait plutôt à se tourner vers le thermique. Faut-il en déduire que l’électrique ne sera qu’un feu de paille, voué à s’éteindre dans les années qui viennent? Non, bien sûr. Les difficultés ne sont que conjoncturelles, et étaient parfaitement prévisibles après la période de lune de miel durant laquelle les « early adopters » se sont lancés. Le plus dur commence, car il faut maintenant convaincre les masses d’adopter l’électrique.
Or, tout est en train de se mettre en place en ce sens. Parce que la France dispose de l’un des réseaux de recharge publique les plus étoffés d’Europe (146 771 points de charge au dernier pointage), et parce que les nouveautés « accessibles » vont se multiplier dans les mois qui viennent. On pense notamment aux Renault 5, aux Citroën ë-C3, Fiat Grande Panda ou aux citadines Leapmotor commercialisées dans le réseau Stellantis. Rappelons aussi que 1,22 million de véhicules électriques circulent déjà en France, et que cela va alimenter le marché de l’occasion dans les mois et années qui viennent. Et si 9 particuliers sur 10 se disent satisfaits après avoir opté pour l’électrique, ce n’est pas un hasard non plus.
Alors oui, il y a de fortes chances que vous y veniez à terme. Parce que les constructeurs ont déjà investi des milliards pour la transition énergétique et qu’il ne reviendront pas en arrière, parce que l’essence peu chère ne durera pas, parce que l’agrément de conduite d’une électrique est bien meilleur que celui d’une thermique équivalente, parce que votre portefeuille se passera très bien des visites régulières chez le garagiste et chez le pompiste, parce qu’un moteur électrique est quasiment inusable, parce que la durée d’une batterie est supérieure à celle de la voiture qu’elle alimente, parce que c’est silencieux et, parce que même si le bilan carbone des voitures à pile n’est pas parfait, il reste bien meilleur que celui des voitures à moteur thermique. Enfin, comparez l’offre automobile actuelle à ce qu’elle était il y a dix ans : le gouffre est vertigineux en matière de technologie, tant du côté des motorisations que des systèmes d’aides à la conduite. Quoi qu’en pensent les esprits chagrins, le tout-électrique en 2035, on y va plein pot.
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