Volvo S80 V8 (2006 – 2010), une discrète pompe à feu, dès 15 000 €
En Suède, on roule très lentement mais on aime les autos puissantes et décalées, comme cette S80 à moteur V8 de 315 ch, alliance étonnante de discrétion et de performances. Un engin bien rare qui a tout d'un délire d'initiés.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Volvo S80 V8 est-elle collectionnable ?
Voiture très particulière sans en avoir l’air, la S80 est la seule berline Volvo à avoir jamais reçu un V8. En l’occurrence, un moteur de conception originale, qui ne doit rien à Ford, alors propriétaire de la marque suédoise. Au contraire, il a été conçu avec Yamaha (qui l’a fabriqué) et on ne l’a retrouvé que dans une seule auto non badgée Volvo : la supercar anglaise Noble M600. La S80 V8 n’a été produite que quelques années et à moins de 10 000 unités, ce qui en fait un engin surtout couru par les connaisseurs.
Même s’il produit de grandes berlines depuis des décennies, qu’il vend pour une bonne partie aux USA, Volvo a toujours manqué d’un V8 dans sa gamme automobile. Il veut y remédier au début des années 2000, alors qu’il appartient à Ford, mais emprunter un 8-cylindres à ce dernier eût été trop facile. A moins que ce ne fût l’inverse… En effet, le constructeur suédois entend installer son futur V8 transversalement, ce qui pose des problèmes d’encombrement.
Les V8 US sont dans leur quasi-totalité ouverts à 90° : outre que c’est optimal pour l’ordre d’allumage, ça limite la hauteur mais accroît la largeur. Problème, ça ne rentre pas partout, en tout cas, pas sous le capot de Volvo conçues comme des tractions à la base. C’est le cas des XC90 et S80, reprenant la plateforme P2 du constructeur. Alors, celui-ci fait appel à un motoriste qui a déjà fait ses preuves sur certaines Ford : Yamaha.
Ils codéveloppent un V8 à ouverture réduite, 60°, nommé B8444S. Fabriqué au japon, ce moteur se signale par ses bancs de cylindres légèrement décalés et son arbre d’équilibrage central, deux caractéristiques destinées à en adoucir le fonctionnement. Par ailleurs, ce 4,4 l profite de 32 soupapes et d’une distribution variable.
D’abord lancé dans le XC90 en 2004, il apparaît dans la berline S80 de seconde génération, apparue en 2006. Il produit la coquette puissance de 315 ch, et s’attèle à une boîte automatique Aisin à six rapports. Et, pour être sûr de passer toute la cavalerie au sol, on a prévu une transmission intégrale à coupleur Haldex. Par défaut, 95 % du couple transite par le train avant, donc 5 % sur l’arrière, chiffre qui augmente considérablement en cas de besoin.
Malgré son poids dépassant les 1 800 kg, la Volvo S80 V8 se montre très véloce (250 km/h au maxi, 6,5 s en pointe). Par ailleurs, elle jouit d’un équipement pléthorique. En version de base Momentum, la clim bizone, les garnissages en cuir, le régulateur de vitesse, les radars de stationnement et jantes alliage de 17 sont de série…
La Summum ajoute les sièges électriques, les projecteurs au xénon et le GPS, ce que L’Executive complète d’une sono plus évoluée avec écrans DVD aux places arrière et d’un toit ouvrant, entres autres douceurs. Etonnamment, la surveillance d’angles morts demeure en option. A 57 000 € en Momentum (68 000 € actuels selon l’Insee), 62 300 € en Summum (74 300 € actuels selon l’Insee) et 68 650 € en Executive (81 900 € actuels), la suédoise est très chère, mais moins que ses rivales allemandes.
Seulement, elle ne va pas évoluer. Pourquoi ? Parce que les Chinois de Geely, qui rachète Volvo en 2009, décident la suppression de ce moteur, afin de rationaliser l’offre. Ainsi, la S80 perd son V8 lors de son restylage de 2010. Dommage.
Combien ça coûte ?
La S80 V8 a énormément perdu de valeur : on la déniche en bel état dès 15 000 €, avec environ 200 000 km compteur, 17 000 € à 150 000 km, et plus de 20 000 € à moins de 100 000 km. Prévoyez un petit surplus dans le cas d’une version Executive.
Quelle version choisir ?
Autant se faire plaisir, vu la faible différence de prix, et carrément opter pour la richement équipée Executive.
Les versions collector
Toutes, dès qu’elles sont en parfait état d’origine et affichent un très faible kilométrage. Avec, évidemment, un plus pour l’Executive.
Que surveiller ?
Très bien fabriquée, la Volvo S80 affiche une fiabilité enviable. On relève toutefois des bugs électroniques ainsi que des soucis avec le Bluetooth, mais rien de grave. Cela dit, beaucoup de mises à jour électroniques ont été programmées en après-vente, assurez-vous que la voiture ait été régulièrement révisée chez le constructeur. En plus du moteur, la boîte et le différentiel Haldex doivent être vidangés avant 100 000 km.
Sur le XC90 V8, on a relevé des soucis d’arbre intermédiaire, point qui a été amélioré sur la S80. Tant mieux, car il est onéreux à changer ! La distribution, par chaînes ne pose pas de soucis particuliers, et d’une manière générale, la maintenance sur ce V8 compact, donc accessible, demeure aisée (bougies, courroie d’accessoire, accès au niveau d’huile de la boîte).
Au volant
C’est toujours un plaisir de s’installer dans une Volvo à l’ancienne, nantie de sièges ultra-confortables et d’une ergonomie relativement claire. Ce qu’on se sent bien à bord de cockpit agréablement dessiné et très bien fini !
Cela dit, c’est encore au démarrage qu’on ressent le plus de plaisir, avec ce V8 qui sonne divinement bien. Doux au démarrage, il s’affirme ensuite à mesure qu'il monte en régime, pour finir par ravir les oreilles d’un rugissement typique à l’approche de la zone rouge. Quel moteur ! Il procure, de surcroît, des accélérations et reprises très vigoureuses. Cela dit, la boîte, douce parfois très lente, ne le seconde pas parfaitement.
Rien à redire côté châssis : l’amortissement piloté à trois positions favorise un très bon rapport confort/maintien de caisse, même si des percussions gênantes interviennent sur le mode le plus dur. Adhérence et motricité atteignent un excellent niveau, la précision suffit largement et l’équilibre général ne suscite aucune critique. Evidemment, l’auto demeure un peu pataude, mais ce n’est pas une sportive, et elle freine très bien. Reste la consommation : 13 l/100 km en moyenne. Il faut prévoir un budget…
L’alternative youngtimer
Volvo S90 (1996 – 1998)
Dans la série berline Volvo rare, on trouve la S90, ultime évolution de la 760, apparue en 1982. Celle-ci s’était déjà muée en 960 en 1990, adoptant par exemple une suspension arrière multibras très bénéfique au comportement routier. En 1992, la 960 accueillait un nouveau 6-cylindres, et en 1994, sa partie arrière était redessinée (lunette enfin inclinée !).
Sous le capot, de la S90, l’excellent 6-cylindres en ligne 2,9 l, développant 180 ch ou 204 ch, demeure et suffit pour lui faire passer les 200 km/h. Dans l’habitacle, la finition est très robuste, la présentation surannée mais avenante, l’équipement riche et l’habitabilité importante. Cette Volvo très traditionnelle, tant par son design anguleux que ses roues arrière motrices, qu’elle sera la dernière à arborer, disparaît en 1998, remplacée par la S80 de 1 génération. A partir de 5 500 €.
Volvo S80 V8 (2006), la fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 4 414 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR).
- Transmission : boîte 6 automatique, quatre roues motrices
- Puissance : 315 ch à 5 950 tr/mn
- Couple : 440 Nm à 3 950 tr/mn
- Poids : 1 810 kg
- Vitesse maxi : 250 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 6,5 secondes (donnée constructeur)
Pour retrouver des annonces de Volvo S80 V8 rendez-vous sur le site de La Centrale
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