Voitures Diesel : quand seront-elles vraiment interdites en France ?
Avec les ZFE, la menace plane sur les voitures à moteur diesel ! Mais sont-elles déjà condamnées ? Caradisiac fait le point sur les interdictions à venir.
En juillet, les habitants d'Illkirch étaient invités à donner leur avis sur l'interdiction du diesel dans la métropole de Strasbourg dont ils font partie. Le résultat a été sans appel : 90 % des votants ont fait connaître leur opposition à la mesure !
Certes, dans cette commune de 27 000 habitants, la participation a été faible, avec 15 % des inscrits sur les listes électorales… ce qu'on n'a pas manqué de souligner du côté de la métropole. Mais avec cette balance écrasée d'un côté, on peut y voir une mobilisation de personnes opposées au projet, motivées par la crainte de ne plus pouvoir utiliser leurs autos abreuvées au gazole d'ici quelques années.
Des craintes que l'on trouve partout en France. Il suffit de voir l'emballement médiatique national lorsqu'une nouvelle étape de restrictions de circulation est entrée en vigueur en Île-de-France le 1er juin. Rien de surprenant : longtemps favorisé par l'État, le diesel est largement dominant dans le parc automobile hexagonal. Il suffit de voir ce qu'on prend à la pompe : en juin 2021, le gazole a représenté 75 % des ventes de carburant ! Et voilà qu'on veut bannir une majorité des conducteurs des routes !
Les ZFE vont se multiplier
On comprend la montée en puissance des inquiétudes. Les annonces des nouvelles municipalités écolos se sont multipliées, la loi climat vient d'être définitivement actée et l'Europe a carrément de condamné le thermique avec son pacte vert ! Mais faut-il se débarrasser au plus vite de son diesel ? Heureusement non… du moins dans une bonne partie du pays.
Déjà, le pacte vert européen n'est pas une menace. Celui-ci va bien bouleverser l'industrie automobile en interdisant la vente de voitures à moteur thermique à partir de 2035. Mais cela ne concerne pas la circulation des véhicules. Sur ce point, l'Europe n'a pour l'instant pas de loi en préparation. La vraie gêne pour les automobilistes français vient de nos ZFE, les Zones à Faibles Émissions, qui vont se multiplier très rapidement.
Actuellement, il y en a cinq en place : Paris, la Métropole du Grand Paris, la métropole de Grenoble, Lyon (avec une partie de Villeurbanne, Caluire, Bron, Venissieux) et la métropole Rouen Normandie. Cette dernière est née le 1er juillet 2021. Toutefois, pour elle, ainsi qu'à Lyon et Grenoble, les premières restrictions de circulation ne concernent que les utilitaires et poids-lourds. C'est en Île-de-France qu'on trouve les conditions les plus sévères, puisque les interdictions de circulation touchent les voitures dès la classe Crit'Air 4, soit les diesels d'avant 2006 (et les essences d'avant 1997).
D'abord bannir les plus vieux
Les interdictions vont s'accélérer, d'abord à la suite de la publication d'un décret à l'automne 2020, qui impose la mise en place d'une ZFE dans des métropoles où les niveaux de pollution sont régulièrement dépassés. D'ici la fin 2022, aux ZFE déjà en place devront ainsi s'ajouter Aix-Marseille-Provence, Nice-Côte d'Azur, Toulon-Provence-Méditerranée, Toulouse, Montpellier-Méditerranée et Strasbourg.
Et l'État leur a même imposé un calendrier à respecter ! Les non-classés et Crit'Air 5 seront bannis en 2023 (diesel d'avant 2001), les Crit'Air 4 en 2024 (diesel d'avant 2006) et les Crit'Air 3 en 2025 ! En clair, dans ces zones, après le 1er janvier 2025, seuls les diesels les plus récents, Euro 5 et 6, mis en circulation après 2011, pourront rouler. Ce qui à ce moment donnera des modèles jusqu'à 14 ans tout de même. On rappelle que l'âge moyen du parc auto français est d'un peu plus de dix ans.
Le deuxième étage de la fusée ZFE vient d'être apporté avec la loi climat. Avec elle, au plus tard le 31 décembre 2024, toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants devront avoir mis en place une ZFE. Cependant, les collectivités concernées fixeront elles-mêmes le planning des interdictions de circulation, du moins dans un premier temps. Ce sera donc au bon vouloir des élus en place. Les calendriers varieront assurément en fonction de la couleur politique. Assurément, les interdictions se feront en suivant les mêmes étapes que pour les premières ZFE, d'abord les non classés et Crit'Air 5 et ainsi de suite.
Paris, Lyon, Strasbourg ont acté l'interdiction totale
Mais alors, le no-diesel, c'est pour quand ? L'interdiction totale du diesel arrive une fois que la classe Crit'Air 2 est bannie. On note que l'État n'a pas fixé de date pour imposer cette échéance, même dans les ZFE les plus polluées ! Une manière de refiler la patate chaude aux élus sur place, qui sont encore libres du calendrier pour le Crit'Air 2.
La première zone sans diesel en France sera la métropole du Grand Paris, qui a fixé l'interdiction des Crit'Air 2 pour 2024, année des Jeux Olympiques dans la Ville Lumière. Dans trois ans, plus aucun diesel ne pourra s'aventurer dans l'enceinte de l'A86 ! Ce n'est évidemment pas rien, car de nombreux véhicules diesel sont encore en circulation dans cette zone. Les regards se tourneront ensuite vers Lyon, où les élus de la métropole souhaitent interdire les Crit'Air 2 en 2026. Pour la métropole de Strasbourg, après une hésitation sur 2025, on fixe le cap à 2028.
Ces trois zones concernent des territoires très peuplés, c'est certain. Mais on est encore loin, très loin, d'une interdiction totale du diesel en France ! Pour cela, il faudra d'abord imposer la fin des Crit'Air 2 dans les ZFE, puis faire de toute la France une ZFE ! Ce qui arrivera probablement, mais à très long terme. Dans son pacte vert, l'Europe évoque bien l'idée de bannir le thermique des routes, après en avoir interdit les ventes. Mais pas avant 2050.
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