Voiture électrique: Carlos Ghosn le prophète?

S’il est désormais de bon ton de porter un œil très critique sur le passage de Carlos Ghosn à la tête de l’Alliance Renault Nissan, force est de reconnaître au grand patron une bonne vista sur l’électrique.

On en a une parfaite illustration lors du discours qu’il avait prononcé au salon de Francfort 2009, dont la vidéo illustre cet article, durant lequel il avait officialisé les nouvelles orientations de la marque vers le « zéro émission ».

Un discours auquel votre serviteur avait assisté, en compagnie d’un large parterre de journalistes et d’acteurs de l’industrie, et à l’issue duquel tout le monde se demandait si le franco-libanais-brésilien n’avait pas un peu abusé des champignons hallucinogènes.

Je me souviens encore des mines ébahies de nombreux journalistes présents, qui n’imaginaient pas entendre un grand patron de l’automobile annoncer sa volonté d’aller aussi vite et aussi fort dans l’électrique.

De plus, le fait de clamer cet objectif dans le temple de l’automobile allemande triomphante, où les visiteurs venaient surtout vibrer devant les surpuissants V8 (et notamment celui de la Mercedes SLS AMG, à l’époque !), ne manquait pas de panache.

Carlos Ghosn avait alors esquissé les contours d’un ambitieux plan produit, qui prête certes un peu à sourire treize ans plus tard puisque seule la Zoé, et dans une moindre mesure le Kangoo électrique auront réellement su convaincre. La Fluence Z.E. tenait clairement de la blague, tandis que le Twizy aura pâti d’une définition trop étrange (mais l’idée était bonne, comme l’illustre le succès de la Citroën Ami).

Quoi qu'il en soit, l’intention était là et l’analyse très juste, même si la réalité est un peu inférieure aux prévisions d’alors. Carlos Ghosn expliquait en effet que les modèles électriques assureraient 10% du volume total de la production automobile à l’horizon 2020, alors qu’ils n’ont représenté que 6,2% des immatriculations en 2021 (dans un contexte post-Covid, certes).

On peut en tous cas regretter que la maison Renault n’ait pas su faire fructifier davantage ce qui aurait pu constituer une incroyable avance stratégique.

Les raisons de ce patinage industriel sont nombreuses, et chacun aura sa petite idée là-dessus, à commencer d’ailleurs par Carlos Ghosn qui, pour le coup, doit surtout s’en prendre à…Ghosn Carlos.