2. Veyron Grand Sport Vitesse : première soufflante
Ce n’est qu’à la fin des années 2000 que le vent a commencé à tourner pour la Bugatti Veyron. Alors qu’une poignée d’artisans comme 9FF en Allemagne ou SSC aux Etats-Unis poussaient au maximum les turbos de leurs moteurs pour battre à tout prix les 407 km/h de la supercar alsacienne, les clients ont commencé à trouver de plus en plus d’intérêt à cette machine qui ne ressemblait vraiment à aucune autre voiture de sport. Elle imposait certes un entretien rigoureux et très coûteux mais se conduisait réellement comme une authentique GT plutôt qu’une supercar élitiste. Et surtout, elle a multiplié les versions pour garder l'attention. Elle s’est d’abord déclinée en Grand Sport « cheveux au vent » en 2008, puis en variante Super Sport poussée à 1 200 chevaux en 2010 pour reprendre le record de vitesse à 431 km/h. Et en Veyron Grand Sport Vitesse, enfin, combinant la mécanique de la Super Sport et le châssis ouvert de la Grand Sport.
Au moment où j’ai pris pour la première fois le volant de cette Grand Sport Vitesse par une chaude journée du printemps 2014 en Provence, la Veyron avait déjà neuf ans. Les Ferrari Enzo et Porsche Carrera GT contemporaines de la toute première version avaient été remplacées par les LaFerrari et 918 Spyder bien plus sophistiquées, rapprochées de l’Alsacienne en matière de performances en ligne droite grâce à leurs mécaniques hybrides de près d’un millier de chevaux. Mais même une décennie après le lancement de la Veyron, cette machine vous faisait crier comme un enfant au moment de votre première accélération en grand sur la route. Il existait théoriquement des machines capables de la suivre sur une piste de drag race mais dans la vraie vie, la motricité impériale de sa transmission malgré les 1 500 Nm de couple donnait un incroyable avantage à la Bugatti par rapport à toutes les supercars de son époque : aussi intimidante soit-elle, la Veyron vous connectait à un niveau de performance monstrueux exploitable en permanence. Unique au monde, le W16 quadri-turbo se situe aux antipodes des fabuleux moteurs atmosphériques équipant les plus belles sportives de chez Porsche, Ferrari ou Lamborghini. Mais il faudrait aller sacrément loin dans l’audace pour ne voir qu’un vulgaire VR6 à peine amélioré dans cette mécanique à la complexité inouïe, conçue pour offrir le plus haut niveau de performances possibles sans compromettre la fiabilité. Imaginez une montre à grande complication à l’échelle automobile, avec un spectacle cacophonique de tous les instants aussi intrigant que fascinant.
Sur le grand Circuit Paul Ricard, les limites dynamiques de la bête se faisaient bien ressentir avec un comportement peu nuancé et une auto réglée uniquement pour sous-virer à la limite. Mais vous en connaissez beaucoup, des GT de ce temps-là capables d’enchaîner des tours en freinant à 340 km/h avant la courbe de Signes ? Sur route comme sur circuit, rouler en Veyron Grand Sport Vitesse vous donnait l’impression de rentrer dans un monde parallèle à celui des autres sportives du marché. Un monde où le contrôle, le confort et les performances balistiques ne se dissocient jamais. Où la plus innocente des accélérations vous amène à 250 km/h sans avoir le temps de se faire peur.
Photos (8)
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération