Une triple championne du monde de rallye – « Dans le regard d’Eddy Clio » par Lionel Bret
Eddy Clio, ça fait plus de 20 ans que vous le connaissez. Aujourd’hui réalisateur vidéo, vous vous souvenez peut-être qu’il a animé la rubrique "La photo du jour " il y a près de 20 ans. Caradisiac revient cet été sur cet incroyable et exceptionnel album qu’ont feuilleté nos journalistes avec la mission de choisir leur plus belle photo, celle en tout cas qui les a le plus touchés. Aujourd’hui Lionel Bret nous raconte l’histoire de la photo de la Lancia Stratos HF, publiée le 25 janvier 2015. Gros plan sur la manière dont Eddy a shooté la plus mythique voiture de rallye des années 70.

Fin septembre 2014. Le ciel est bas, la météo incertaine, comme souvent dans les Ardennes. L'édition 2014 de Spa Italia, l'événement dédié aux passionnés de voitures italiennes bat son plein sur le légendaire circuit de Spa-Francorchamps. Eddy rôde, Canon en bandoulière.
« Avec des potes, on avait l'habitude de se faire ces grands RDV, Spa Classic, Spa Italia, Le Mans Classic, le Mans, les grandes heures de l'automobile à Montlhéry et parfois, Supercar Sunday aux Pays-Bas, Supercar Owners Circle en Suisse, Le rallye de Paris, Tour Auto, Rallye Germania... » Là où il y a des voitures, Eddy n’est pas loin.

Les clichés de la dolce vita
Cette année-là, Alfa Roméo trône en majesté. Partenaire officiel de l’édition la marque à la Biscione expose 7 véhicules uniques : la 8C 2300 type Le Mans (1931), la 2000 Sportiva (1954), la Giulietta Spider Prototype (1954), la Giulia SS Prototype (1965), la 33 Stradale prototype (1967), la 1750 GTA AM (1970) et la 33 Navajo Bertone (1976). Entre le car-spotter et les belles italiennes, c’est une longue histoire.
« Ferrari étant ce qu'on croisait le plus sur les événements. On shootait tout ce qu'on trouvait, moi plus que les autres, j'en prenais pour alimenter la rubrique La photo du jour... mais parfois on tombait sur des voitures très rares ou très particulières. »
Loin de la foule, des huiles mondaines et des autos rutilantes sur tapis rouge, Eddy tombe sur un bolide esseulé dans un coin du circuit. Le prototype même de l’anomalie parfaite. Une voiture conçue pour la compétition. Un design signé Gandini chez Bertone et sous le capot un V6 Ferrari Dino 2,4 litres de280 chevaux. 900 kg d’un chirurgical équilibre dans une silhouette d’extraterrestre. La triple championne du monde constructeurs des rallyes (1974, 75, 76).

La bête prend la pose
Vrombissant et sautillant sur les spéciales chronométrées, le bolide semble pétrifié, une situation presque irréelle. Paisible, posée au ras du bitume la verte silhouette cisaille la lumière de craie. Comme si elle attendant de se faire tirer le portrait.
C’était comme tomber sur une œuvre d’art oubliée, une pièce de musée en liberté. Son design, ses proportions, cette agressivité dans les formes… quel impact. Pas de propriétaire, pas de barrière. Juste la voiture et le silence. Ce genre de moment ne se provoque pas, il se saisit.
« Cette voiture, je l'ai shootée sans voir le propriétaire, parfois, il arrivait que des voitures restent des heures sans bouger à notre plus grand désarroi. » Personne pour lui parler de cette voiture rare, des sensations ressenties à son volant.

Jamais conduite
Jusqu’à ce qu’Eddy croise « un propriétaire de 4 Stratos stradale, ce qui est dingue » dans la mesure où la voiture a été produite à 472 exemplaires seulement. « Il m'a expliqué les différences entre la stradale et le modèle de rallye que j’avais photographié ». Pour l’anecdote « le gars possédait une Lamborghini Murcielago dont l’intérieur était habillé en peau de python, c'était très... classe. »
Quant à la Stratos, Eddy oeil de lynx n'en a « malheureusement, jamais conduit et c'est peut-être une bonne chose, j'ai été très déçu au volant d’une AC COBRA que j'adorais pourtant. »
Il y a parfois des voitures de rêve qu’il vaut mieux garder inaccessibles, immortalisées sur un cliché ou dans un coin de tête.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération