Reportage découverte Caradisiac Moto : Blitz Motorcycles, la minutie épurée [+vidéo]
Quelque part dans Paris, 14h00. Je pénètre dans un long couloir de parking dans un immeuble. Autour de moi, des voitures récentes, des plus vieilles, certaines bâchées et d'autres cassées. Je continue et les 4 roues se transforment en deux-roues. Un tas de motos et scooters en attente de réparation par le concessionnaire d'à-côté. Commencent à venir à moi des odeurs de solvants, de peinture fraîche et de la graisse mécanique si particulière. Je continue mais déjà je me sens bien. Un bruit de compresseur, le cliquetis des clés sur un établi et je me sens comme à la maison. On est chez Fred et Hugo, amis et créateurs de la marque Blitz Motorcycles. Ce ne sont pas des artistes, mais des artisans. Blitz n'est pas une société, mais le reflet d'un art de vivre différemment. Quand on est client chez eux, on n'impose pas ses idées, on donne sa moto et on laisse faire… Bienvenue dans un monde où le temps s'est arrêté !
En arrivant dans leur atelier, c'est Hugo qui vient m'accueillir, casquette sur la tête et bleu de travail sur le dos. Les motos aux divers stades de préparation sont disposées partout dans la pièce. À côté, l'espace de travail est situé dans une ancienne cabine de peinture. Dans tous les coins, on trouve des pièces mécaniques (beaucoup de réservoirs) mais aussi des objets avec plus ou moins de rapport avec la moto, des cartes, photos, une guitare et une basse… Curieusement, il ne suffit que de quelques minutes pour se sentir imprégné de l'ambiance environnante. Et déjà je ne peux m'empêcher de scruter autour de moi pour voir si je trouve des machines qui me semblent familières. C'est chose faite puisque la « Tuxedo » SR 500, une R60 façon « grande évasion », une R80 série 7 sont là. Si on regarde un peu plus dans les coins, on peut également apercevoir une base de TW 125 cm3 surmontée d'une nouvelle ligne d'échappement SuperTrapp ou encore une Harley Davidson XR 1000 préparée pour la piste.
Fred étant absent, Hugo prend le temps de m'expliquer le fonctionnement et l'histoire du garage avant son arrivée. On n'a absolument pas de mal à se projeter dans ses anecdotes de voyages et de sa passion de la moto qu'il raconte, on sent que cette passion à fait de lui ce qu'il est et que c'est le plus heureux du monde. Il fait partie de cette trempe d'autodidacte de la mécanique. Il bricolait déjà il y a 10 ans dans ce même atelier des vieilles Vespa. De son côté Fred, mène une tout autre vie dans le marketing internet. Après l'achat de sa BMW des années 60, c'est la révélation. Il passe un CAP de mécanique en cours du soir et passe tout son temps libre à bricoler des motos. C'est un ami commun qui les a fait se réunir. Jusqu'en 2010, ils bricolent pour les copains et les potes des copains. Chemin faisant, ils créent l'emblème Blitz Motorcycle (éclair en Allemand). Mais avant le désir de se professionnaliser, ils souhaitaient avant tout conserver leur indépendance de création, ne pas s'agrandir et bosser comme ils le souhaitent. Pas de vitrine, pas de magasin, ni adresse et numéro de téléphone, juste un site web et une adresse mail (Fred vous répondra vous pouvez en être sûrs !).
Le client ne verra rien de la préparation, il pose sa moto et reviendra la chercher 4 mois plus tard…
Blitz n'a pas pour vocation de créer des motos selon le désir du client. Quand on vient chez eux, c'est qu'on apprécie déjà le style du travail. On définit les grandes lignes du futur modèle et après on laisse la magie opérer. « Je me souviens d'une fille qui nous avait confié sa moto, le jour où elle est revenue la chercher, elle a pris mal tellement le choc était grand » me confie Fred. Exit, l'électronique et l'injection. Une bonne vieille base à carbu, tout est réduit au strict minimum. Au final ça en devient des machines bien plus fiable. Les moteurs flats BMW par exemple, qu'Hugo aime particulièrement travailler, sont bien connus pour être increvable. Certes, on retrouve beaucoup les mêmes modèles de machines BMW, Yamaha SR et TW, mais du moment où la moto les inspire, ils pourront tout aussi bien s'attaquer à une Harley Davidson, une Royal Enfield ou des machines plus récentes. Chaque projet pris en charge, c'est la certitude d'avoir un modèle unique, car oui, Blitz ne crée jamais 2 machines identiques.
Blitz ne vous trouvera pas la machine, c'est à vous déjà de trouver la base qui vous convient. Une fois le projet lancé, Fred et Hugo démonteront entièrement la moto pour la préparation peinture et métallurgie. Sur le cadre, Hugo m'explique qu'ils ne touchent pas aux parties vitales comme la colonne de direction pour rester le plus possible dans la légalité. En ce qui concerne le moteur, ils démontent et regardent l'état (haut moteur), apportent les petits réparations dont la machine peut avoir besoin. « Nous prenons des motos qui sont un minimum bien entretenues, cela nous est arrivé d'avoir des machines dans un état lamentable et c'est un travail de fou de la remettre ordre de marche » me confie Hugo. Le travail peut alors commencer, entre la réfection de l'électricité, la peinture, les réparations aussi diverses que variées de la moto, il faut compter 4 mois pour avoir le résultat final (sachant qu'ils prennent les motos 5 par 5 pour cette même période).
Les commandes au guidon sont simplifiées au maximum, ainsi que les compteurs. On revient à la base même de ce qui a fait l'histoire de la moto. Vous ne couperez pas à l'adaptation d'un réservoir d'une marque différente que celle de la machine. Par exemple le jour de notre passage, nous avons pu voir le réservoir d'une Husquvarna monté sur une R BMW (un petit clin d'œil au rachat de la marque Allemande) ou encore celui d'une Honda sur un autre modèle allemand. Ces derniers sont une sorte de « récup » des machines d'avant. Souvent rouillés et cabossés, ils sont laissés dans l'état (hors traitement pour stopper l'avancée de corrosion dans le temps). Toutes les pièces superflues ou de confort sont souvent enlevées. Exit la boucle arrière (et hop une vraie moto de solitaire), la selle ultra confort d'origine, les rétros, les clignots et autres garde-boue.
Une fois que l'inspection de la moto est faîte, il faut la remonter. Et sur ce jeu, il est impressionnant de voir nos deux compères travailler. La complicité est telle, qu'ils ne ressentent pas besoin de communiquer en travaillant ou peu. Chacun sait ce qu'il a à faire et ce toujours avec beaucoup de minutie. Chaque aspect est inspecté, écouté et remonté avec soin. La visserie entière est changée par la même occasion. « Mélanger du neuf avec du vieux qui a une part d'histoire » comme dit Fred. Ils prendront le temps de faire les choses comme si c'était pour eux-mêmes. C'est d'ailleurs là que toute la magie opère.
Et pour garder cet univers, malgré le succès grandissant et une liste d'attente qui s'allonge, Fred et Hugo on fait le choix de ne pas s'agrandir ou même d'embaucher. Blitz a même dépassé les frontières car beaucoup de motos en préparation sont en partance pour les pays étrangers comme l'Angleterre, l'Allemagne ou encore l'Australie. Quant au futur de la marque ? Fred me répondra : « Nous évoluons avec nos envies. Nous pourrions changer de style du jour au lendemain». Ceux qui voudraient s'offrir une part de ce rêve, il faut compter entre 10 000 et 15 000 euros moto comprise (le prix variant surtout avec le prix de la machine à la base).
Contact Blitz : contact@blitz-motorcycles.com
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