Quand les compagnies pétrolières veulent sauver le diesel
En deux ans, le moteur diesel a perdu une énorme partie de sa crédibilité. Un nombre non négligeable de grandes villes a décidé de lui faire la guerre dans le cadre de la lutte contre les maladies cardiovasculaires. Les groupes pétroliers présents en Europe ont décidé de riposter par la voix de leur association FuelsEurope.
FuelsEurope est un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais l'association, qui existe depuis la fin des années 80, était auparavant connue sous le nom d'Europia. Il s'agit d'une division de l'association des pétroliers présents en Europe (un peu plus d'une quarantaine) qui représente leurs droits auprès des instances européennes.
Aujourd'hui, FuelsEurope nous annonce une étude menée parallèlement par deux cabinets britanniques (le résumé de l'étude est à trouver par ici) pour connaître l'impact des futurs moteurs diesels sur la pollution de l'air. Selon l'étude, il apparaît qu'un diesel de norme Euro 6d (post 2020) serait plutôt du genre performant et réduirait significativement les émissions de particules fines (jusqu'aux PM 2,5) et d'oxydes d'azote dans les grandes villes.
Mieux encore : l'étude annonce que les véhicules diesels seront capables d'être aussi propres en laboratoires qu'en conditions réelles d'ici 2030. Une affirmation qui pourrait évidemment relancer l'intérêt du diesel, moins émetteur de CO2 que son homologue au sans-plomb, mais qui amène évidemment plusieurs questions.
La première est que cette étude se base sur des véhicules neufs. Or, l'ensemble des études faites ne prend jamais en compte l'usure d'un moteur au fil du temps et la dégradation des performances des systèmes de dépollution. Encrassage spécifique lié au carburant (gazole), utilisation trop fréquente sur de courts trajets, un véhicule diesel vieux de trois à cinq ans n'a évidemment pas les mêmes rejets qu'une auto neuve. Les résultats de laboratoires ne pourront donc que s'éloigner au fur et à mesure des kilomètres. Un problème que n'a pas la voiture électrique ou à hydrogène, dont les variations d'émissions polluantes sont nulles.
A l'inverse, le passage massif vers la voiture électrique pose un problème qu'aucun politique n'a pour l'instant abordé : la forte diminution des rentrées d'argent pour l'Etat qui ponctionne environ 70 % de taxes sur un litre de carburant. On imagine évidemment qu'une baisse non négligeable des ventes de voitures à moteur thermique entraînera inévitablement, à long terme, une chute de cet impôt qui vaut de l'or pour l'Etat : la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) rapporte chaque année plus de 14 milliards d'euros au gouvernement, se classant ainsi quatrième des impôts rapportant le plus à l'Etat. Si tout le monde se met vite à l'électrique, comme le souhaitent les pouvoirs publics, il faudra alors aller ponctionner ailleurs, comme sur votre compteur électrique...
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