Passage au tout électrique : chez les équipementiers, les coupes franches ont commencé
Bosch et Continental entament une série noire de suppressions de postes qui pourrait atteindre un demi-million de salariés pour l'ensemble de la filière d'ici 2040. Des plans sociaux liés au passage à l'électrique, mais aussi à la perte d'influence des équipementiers occidentaux en général, et Allemands en particulier.
Quand l’automobile boit la tasse, les équipementiers sont souvent les premiers à trinquer. Et même si la plupart des constructeurs affichent un joli vert sur leurs bilans comptables, tous prévoient des lendemains sociaux qui risquent de sacrément déchanter. Stellantis aux États-Unis et Ford en Allemagne ont déjà entamé la baisse d’effectifs, mais du côté des sous-traitants, la ponction pourrait être beaucoup plus douloureuse que les quelques milliers de postes passés à la trappe chez les constructeurs.
500 000 suppressions d'emploi d'ici 2040
Le Clepa (l’association européenne des fournisseurs de l’automobile) prévoit que, d’ici 2040, ce seront un demi-million de salariés qui seront concernés. Et les grandes manœuvres ont déjà commencé. Bosch a dévoilé ses intentions hier. Au programme : 1 500 postes en moins dans deux de ses unités de productions allemandes.
Mi-novembre déjà, un autre équipementier d’outre-Rhin, Continental, a annoncé la couleur en prévoyant de supprimer 5 000 emplois. À la fin septembre, Bosch, déjà lui, a enclenché un autre plan social de 100 suppressions de postes dans son usine de Mondeville dans le Calvados qui compte 482 salariés. Chez Bosch toujours, mais à Rodez cette fois, les 531 salariés de cette unité seront fixés sur leur sort aujourd’hui même. Alors, au Clepa, on attend la suite et le prochain site qui va inévitablement allonger la liste.
Mais pourquoi cette épidémie de plans sociaux ? En raison du passage à l’électrique pardi. À Rodez, l’équipementier allemand produit des pièces pour les moteurs diesel. En Allemagne, les deux sites de Stuttgart et Schwieberdingen, situés dans le Bade-Wurtemberg et qui vont perdre 1 500 postes, fabriquent des transmissions manuelles et automatiques destinées aux voitures thermiques. D’ailleurs une bonne part des emplois supprimés appartiennent au département de recherche et développement de ces boîtes traditionnelles.
Pour autant, la bascule vers l’électrique n’est pas seule en cause. Bosch, comme les autres, a besoin, plus que jamais, de faire phosphorer ses bureaux d’études sur de nouvelles transmissions, et sur des éléments moteurs destinés aux VE. Mais il est plus simple de se débarrasser des spécialistes du thermique et de les remplacer par des ingénieurs up to date, jeunes et moins chers, plutôt que de former les anciens à l’électrique.
La faute à l'électrique mais pas que
Un tournant vers l’électrique qui n'est donc pas coupable de tous les maux. Selon une étude du cabinet PwC (PricewaterhouseCoopers), les équipementiers allemands ont perdu trois points de leurs parts du marché mondial depuis 2019 au profit de leurs collègues asiatiques, Chinois, Japonais et Coréens, dans l’électrique comme dans le thermique.
Du coup, lorsque le porte-parole de Bosch affirme à l’AFP que c’est la faute à « la faiblesse de l'économie mondiale, à l'inflation persistante, provoquée notamment par l'augmentation des coûts de l'énergie et des matières premières, ainsi qu’aux effets négatifs des taux de change», il semblerait que tout le monde n’est pas à égalité devant ces impondérables.
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