Mondial de l’auto : les absents ont-ils vraiment tort ?
Le commissaire général du salon l’a annoncé vendredi soir : la fréquentation du salon a connu une baisse de 13 % la première semaine par rapport à l’édition précédente. De quoi conforter les marques absentes ? Elles ne l’avouent pas mais en revanche, elles ont lancé des contre-feux à leur désertion sur le web, dans leurs concessions, voire sur des parkings de supermarchés.
L’affaire est mal engagée, et personne ne sait si elle est en passe de s’arranger. Tous les visiteurs de cette édition 2016 l’ont constaté : lors de la première semaine du salon, les allées étaient dégagées et les stands accessibles. Oubliées les marées humaines des crus 2012 et 2014, soulagés les enfants obligés auparavant de se hisser sur les épaules de papa pour ne pas être piétinés et apercevoir un bout de capot.
Le week-end de la revanche
Du coup, en voyant les allées quelque peu désertées, les rumeurs ont enflé, les responsables de stand se sont lâchés « on enregistre 25 % de fréquentation en moins » et la direction du salon a été forcée de s’exprimer. Vendredi soir, Jean-Claude Girot, le commissaire général du Mondial, a reconnu que « la fréquentation était en baisse de 13 % par rapport à 2014 ». Les amateurs d’autos l’on t-ils entendu ? Toujours est-il que ce week-end, ils ont retrouvé le chemin de la Porte de Versailles. Et dimanche, les foules agglutinées, les parkings et le périf saturés, ces cauchemars d’usagers, rendaient enfin le sourire aux organisateurs de la manifestation.
Cauchemar sur le périf, joie des organisateurs du Mondial.
Pourvu que ça dure, mais rien n’est moins sûr. La semaine à venir sera déterminante, puisque le Mondial ferme ses portes dimanche prochain au soir. Remonter la pente, égaler les 1,25 million de visiteurs de l’édition 2014 risque de s’avérer mission impossible. Quant au record de plus de 1,4 million en 2008, personne ne l’espère plus. Car le soufflé médiatique, principalement concentré sur les deux journées dédiées à la presse avant l’ouverture est en train de retomber. Évidemment, du côté de l’organisation, on prépare déjà les éléments de langage pour garder la tête haute malgré cette érosion, à la manière des hommes politiques s’expliquant sur les plateaux télé un soir de déculottée.
Moins de monde, plus de commandes
Parmi ses phrases figurera certainement le fameux « c’était un salon moins quantitatif, mais plus qualitatif ». En français dans le texte : « il y avait moins d’affluence, mais plus de clients », ce que certains exposants confirment par ailleurs. Mais quelles que soient les excuses fournies pour sauver le soldat Mondial, l’ombre de quelques logos absents flottera sur ce bilan. Même si les visiteurs n’ont pas fui la porte de Versailles parce que Ford, Mazda, Volvo et les autres ont déserté cette année.
Le Mondial version Ford à Forbach en Moselle.
Des marques qui, elles aussi, scrutent le score de ce Mondial où elles ne sont pas. Et leurs responsables de la communication se sont tous rendus à la Porte de Versailles pour relever les compteurs de la fréquentation. Pour autant, et dans une belle unanimité, les mêmes ne souhaitent pas, officiellement du moins, la déconfiture de l’événement. Pour mieux y revenir ? Rien n’est fait, rien n’est écrit et ces constructeurs se contentent de constater et se souviennent d’un précédent. Celui de Volvo qui l’an passé, avait zappé le très puissant salon allemand de Francfort. A tort ? « Pas vraiment, sourit son porte-parole Marc Debord. Sur cette période, on a enregistré +17 % de ventes en Allemagne ». Et de retourner sereinement préparer le lancement de ses deux nouveaux modèles S90 et V90 qui débarquent en concessions dans quelques jours.
Volvo absent du salon de Francfort, mais 17 % de ventes en plus
Une sérénité qui est également de mise chez le poids lourd de l’absence au Mondial : Ford. Un généraliste qui lui aussi lance de nouvelles autos (citadine Ka+, SUV Kuga restylé) mais qui communique autrement que sur un stand de salon. Depuis le début de l’année, son réseau organise localement des essais de la gamme et reverse 20 euros à une association caritative lors de chaque prise en main d’une Ford. Une initiative courante aux Etats-Unis, terre de Ford, mais inédite en France. Résultat : près de 400 essais à chaque fois et 8 000 euros reversés par chaque concessionnaire. Cher ? Beaucoup moins qu’un stand au Mondial.
Mazda, l’autre grand absent qui lance actuellement sa Mazda 6 restylée, va quant à lui faire son salon de l’auto virtuel après coup, après le grabuge médiatique. Le Japonais va envahir le Net d’ici quelques jours avec une campagne baptisée « drive to store » qui, comme son nom l’indique, doit inciter les clients à prendre la route vers leur garagiste Mazda. Sur le Net, sur le parking d’un hypermarché ou dans les show-rooms, chacun allume son contre-feu au Mondial de l’auto, mais chacun va surtout avoir les yeux rivés sur ses immatriculations à venir. Dans moins d’un mois, les premiers chiffres vont tomber. Et l’on saura si l’omniprésence de Renault, Peugeot et Citroën au salon a détourné des clients de Ford et Mazda (Volvo ne joue pas dans la même cour) vers les constructeurs français.
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