Merveilles d’élégance, les Mercedes C124 sont à collectionner maintenant
Coupés et cabriolets dérivant de la berline W124, les C124 se signalent par la pureté intemporelle de leurs lignes. Par ailleurs, ce sont les dernières Mercedes de classe moyenne à bénéficier de la qualité totale qui a fait la réputation de la marque. Et elles ne sont pas encore très chères, dès 7 500 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
On redécouvre progressivement la Mercedes W124 et tant mieux, car c'est une magnifique auto. Surtout quand elle se décline en coupé C124, à la ligne d'une sobriété qui laisse rêveur aujourd'hui. Point de fioritures ici, juste un travail de fond très subtil, portant sur l'équilibre des volumes, l'homogénéité d'ensemble... De plus, la qualité reste celle qu'on attend d'une vraie Mercedes, du moins jusqu'en 1993. Enfin, la C124 conserve un confort, une tenue de route et un freinage excellents qui en font un youngtimer à utiliser sans arrière-pensée. A présever !

Bruno Sacco, designer en chef de Mercedes, était particulièrement fier de la 190. Celle-ci renouvelait remarquablement le style de la marque, aussi était-il logique de poursuivre dans sa veine pour remplacer le modèle supérieur, la mythique W123. Cela donne la W124, une sorte de grosse 190 présentée fin 1984. Remarquablement conçue, dotée d’un bel essieu arrière multibras, et fabriquée avec tous les soins, cette berline remporte un grand succès malgré ses tarifs colossaux.

A l’époque, une Mercedes était souvent un investissement ! A l’instar de sa devancière, la W124 va se décliner en coupé, qui mettra quelques années à arriver, puisqu’il n’est dévoilé qu’en mars 1987, à Genève. Mais l’attente est récompensée car l’auto impressionne par son élégance, bien plus que sa devancière.

On ne s’est pas contenté d’ôter deux portes et d’abaisser le toit (ici de 35 mm), on a aussi supprimé le montant central, raccourci l’empattement de 85 mm, et remplacé les baguettes latérales par des protections intégrales, reprenant l’aspect des boucliers comme sur la Classe S W126. En résulte une très grande pureté esthétique, accentuée par des volumes parfaitement équilibrés, ce qui faisait un peu défaut au coupé C123.

Le C124 est initialement proposé avec deux moteurs, le 6-cylindres en ligne 3,0 l de 188 ch (300 CE), et le 4-cylindres en ligne 2,3 l de 136 ch (230 CE). La première coûte une fortune : 298 500 F, soit 86 700 € actuels selon l’Insee. A ce prix, vous vous direz que l’équipement est riche. Pour une Mercedes, peut-être, mais dans l’absolu, il est presque ridicule.

Si les jantes en alliage, les vitres et le rétro droit électriques, et l’ABS sont de série, il faut remettre la main à la poche pour le volant réglable, la clim, la radio, le cuir, l’airbag conducteur, voire, bien sûr, la boîte automatique. On peut même obtenir des sièges à réglages électriques, un toit ouvrant, un blocage de différentiel électronique ou encore un correcteur d’assiette. Des options ruineuses...

Le fait que la CE soit fabriquée sur une chaîne différente de celle des berlines, et bien moins automatisée, explique en partie ce prix, supérieur à celui d’une Jaguar XJ-S. Selon les normes actuelles, la 300 CE est légère (1 390 kg), et grâce à son Cx de 0.30, elle pointe à 230 km/h, contre 203 km/h à la 230 CE. Dès la fin 1989, la C124 évolue en recevant de nouveaux sièges, une décoration intérieure revue, des cache-moyeux chromés et surtout un nouveau 3,0 l à 24 soupapes.

Développant 220 ch, celui-ci emmène à 237 km/h la 300 CE-24 qui reçoit d’office la clim auto bizone (tout comme la 300, mais pas la 230), l’ASD et les parements en bois étendus. Pas trop tôt ... En option, on trouve une boîte auto à 5 rapports, une première ! Les autres CE se contentent de 4 vitesses. En revanche, le coupé n’a pas droit au V8 de la berline 500E.

Fin 1991, Mercedes renoue avec les cabriolets à quatre places en décapsulant le coupé CE. Cette grande découvrable est disponible en France avec le 220 ch uniquement, la seule puissance capable de déplacer correctement les 1 720 kg de l’engin, alourdi par des batteries de renforts et une motorisation de la capote.
Fin 1992, le 6-cylindres passe à 3,2 l (toujours 220 ch), sur la 320 CE, puis, un an plus tard, les 124 évoluent plus nettement, inaugurant l’appellation Classe E. Dotée d’un capot redessiné, où la calandre, rapetissée, ne touche plus les projecteurs, la CE arbore également des hauts de feux arrière fumés.

Sous le capot, là encore, ça bouge : un 2,2 l 16 soupapes de 150 ch remplace le 2,3 l de 136 ch en 4-cylindres. La E 220 ainsi créée gagne aussi la clim de série, alors que la 320 bénéficie désormais du cuir. Mais il n’est toujours pas question de V8. Tout au plus verra-t-on en 1993 arriver des exclusives variantes C36 AMG, dont le 3,6 l produit 272 ch soit moins que le V8 de la berline E420. A quoi bon ? Les coupés CE s’en vont en mars 1996, produits à 141 498 unités, suivis des cabriolets en mai 1997 (33 952 exemplaires).

Combien ça coûte ?
En très bon état, une 230 CE revient à 7 500 € minimum, contre 10 000 € à une 300 CE. Pour sa part, la 300 CE-24 débute à 13 000 €, la 320 ne réclamant guère plus. Quant aux cabriolets, ils sont bien plus chers : + 5 000 €. Enfin, on ne trouve pas d’AMG à moins de 70 000 €. Ces montants varieront nettement en fonction de l’état, de la configuration, du kilométrage et de l’historique du modèle. Sachez que la clientèle raffole des autos faiblement kilométrées, dont les prix peuvent exploser.

Quelle version choisir ?
Pour un compromis idéal entre puissance et fiabilité, la 300 CE semble la plus indiquée.

Les versions collector
Toutes si elles sont en très bel état d’origine. Evidemment, les AMG sont les plus recherchées, mais un exemplaire original par ses coloris sera lui aussi très apprécié.

Que surveiller ?
Conformément à leur réputation, ces Mercedes se révèlent d’une très grande endurance mécanique. Bien entretenus (attention, ce n’est pas si courant), les moteurs et boîtes enchaînent les centaines de milliers de km sans avarie majeure. Ça n’empêche pas d’écouter d’éventuels bruits en provenance de la chaîne de distribution, qui n’est absolument pas éternelle. Par ailleurs, la boîte auto à 5 rapports est moins solide que celle qui n’en compte que 4.
De manière contrintuitive, plus ces modèles sont récents, moins bien ils sont construits : les selleries des 3èmes séries, par exemple, sont moins robustes que celles d’avant (le bourrelet avant gauche se troue parfois avant 100 000 km), tout comme le faisceau électrique. La corrosion semble également attaquer les « Classe E » plus sévèrement que les autres 124, mais, quelle que soit l’année, il faudra inspecter soigneusement les soubassements et les ailes avant.
Tant qu’on y sera, on examinera la suspension avant également, ainsi que le correcteur d’assiette quand il est installé, et on traquera les fuites de direction.
Enfin, les pannes électriques ne sont pas rares dans l’habitacle, non plus que du côté du moteur de la capote, dont l’état est un point crucial.
En règle générale, optez pour un exemplaire en bel état apparent, sérieusement suivi et parfaitement fonctionnel, avant même de considérer le kilométrage. Ces Mercedes sont faites pour rouler, donc elles détestent l’inaction et leur remise en état peut se révéler ruineuse car les pièces, souvent disponible dans le réseau officiel, sont très chères.

Sur la route
Encore aujourd’hui, l’élégance de la C124 impressionne, surtout dans une forêt de SUV monstrueux aux formes plus torturées les unes que les autres. A bord, la simplicité générale tranche avec les habitacles Mercedes actuels, clinquants et bardés d’écrans. De plus, l’ergonomie est claire dans cet ensemble qu'on dirait moulé d’un bloc. Les sièges de la E320 sont plus agréables que prévu, alors que grâce au volant à réglages électriques, on se trouve une bonne condition de conduite.

Un bras motorisé amène la ceinture au-dessus de l’épaule, on la boucle et on roule. Le silence étonne toujours, tout comme la capacité de la suspension à effacer les inégalités. L’onctuosité du moteur et de la boîte sont au diapason du confort général. Oui, mais les performances ?

Qu’on se rassure, le 6-cylindres fait encore preuve d’un punch bien plaisant, voire d’un caractère joyeux dans les tours. Une vraie Mercedes de haut de gamme, c’est ça, de la ouate et en-dessous, une mécanique qui donne le change, alliée à un châssis très rigoureux, qui prend du roulis, qui n’a rien d’un scalpel, mais qui ne se désunit jamais. Enfin, le coupé 320 freine très correctement, et consomme raisonnablement : 11 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Mercedes-Benz C123 (1977 – 1985)

Le mythe, c’est elle. Réputée voiture la plus fiable du monde, la Mercedes W123 apparaît en 1976, et se décline en coupé dès 1977. Empattement raccourci, pavillon abaissé montant central supprimé, cette 2-portes se donne les moyens de son élégance, même si elle reste visuellement un peu trop proche de la berline.
Le 6-cylindres 2,8 l M110 restera la motorisation de pointe jusqu’en 1985, variant de 177 ch à 185 ch. En dessous, le 2,3 l ira de 109 ch à 136 ch, mais dans tous les cas, la solidité sera exceptionnelle. Par ailleurs bien suspendu et sérieusement étudié contre les chocs, le coupé 123 associe remarquablement confort et sécurité, tant passive qu’active. Reste qu’il rouille très bien, merci. A partir de 7 500 €.
Mercedes-Benz E 320 Coupé (1993), la fiche technique
- Moteur : 6 cylindres en ligne, 3 199 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) essieu multibras, ressorts hélicoïdaux barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle ou automatique, propulsion
- Puissance : 220 ch à 5 500 tr/min
- Couple : 314 Nm à 3 750 tr/min
- Poids : 1 490 kg
- Vitesse maxi : 230 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,9 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des petites annonces de Mercedes C124, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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