Mazda RX-8 et Peugeot RCZ, deux coupés de style pour rouler différemment
Deux coupés de plus de deux places, deux modèles performants et plutôt polyvalents, deux façons de sortir du lot. Mais les RX-8 et RCZ souffrent de moteurs à la réputation sulfureuse qui entrainent des prix très bas. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Dès 6 000 €.

On peut avoir envie de quelques kilos de finesse dans un monde de SUV, sans casser son PEL. C’est possible avec ces deux coupés, appellation que l’on peut attribuer à la Mazda Rx-8 même si elle compte 4 portes : elle dissimule très habilement celles de l’arrière, de toute façon étroites. Avec la Peugeot, elles datent des années 2000, une époque où les coupés étaient encore fréquents dans les catalogues des constructeurs.
A cette époque, on en appréciait encore l’élégance et la différence, alliée à un parfum d’exclusivité plaisant même si leur base reste classique. C’est le cas de la française, une traction dotée d’un 4-cylindres en ligne classique, le 1,6 l THP en 156 ch ici. Au contraire, la japonaise, adopte un original moteur rotatif, ici de 192 ch, alimentant les roues arrière. Pâtissant de réputations peu flatteuses, ces mécaniques tirent vers le bas les prix en occasion, qui sont très intéressants. Voyons s’il est intéressant de risquer de s’offrir l’une de nos deux protagonistes, et laquelle constitue le meilleur plan.
Les forces en présence

Mazda RX-8 192 (2003 - 2009), coupé 4 portes, 4 places, 1,3 l rotatif, 192 ch, 1 345 kg, 223 km/h, à partir de 6 000 €.

Peugeot RCZ THP 156 (2009 -2015), coupé 2 portes, 4 places, 1,6 l essence, 156 ch, 1 275 kg, 217 km/h, à partir de 6 000 €.
Présentation : des solutions techniques opposées… tout comme le design.

Le moteur rotatif est une vieille histoire chez Mazda, qui fut l’un de ses pionniers. Notamment avec le coupé Cosmo de 1967, avec lequel le constructeur d’Hiroshima a tenté de raffiner son image de marque. S’est ensuivie une série de modèles badgés RX, arborant toutes formes de carrosserie, jusqu’à la RX-8, présentée en 2003 sous sa forme de définitive. Précédée par plusieurs concepts, elle parvient à les éclipser par son design plus abouti. Et quel design !

Futuriste, il arbore à de multiples reprises le motif du rotor, tout en dissimulant les portes arrière, qui sont à ouverture antagoniste. Se passant montant central, la Mazda joue à fond et avec une certaine réussite la carte de la différence, ce qui a des répercussions du côté de l’architecture générale. Voici une propulsion dont on a repoussé très près du centre le moteur, celui-ci étant donc un rotatif, ce qui lui permet une grande compacité.

Cubant 1 308 cm3 (soit 2 616 cm3 sur un moteur classique selon une convention légale), ce bloc atmo développe 192 ch en version de base. Il s’attèle à une boîte à cinq rapports, la voiture s’équipe en outre d’un différentiel à glissement limité Torsen. Les performances ? La RX-8 pointe à 222 km/h, franchissant les 100 km/h en 7,2 s.

Tout ceci est bel et bon, tout comme les trains roulants raffinés, double triangulation avant, essieu multibras arrière. Facturé 29 000 € (soit 41 200 € actuels selon l’Insee) en 192 ch, ce coupé plutôt spacieux et pratique n’est même pas cher dans sa catégorie, d’autant qu’il embarque d’office ESP et clim auto. Malheureusement, il se vendra peu en France, où son particularisme effraie les acheteurs, qui préféreront des modèles plus classiques comme la Nissan 350Z. En 192 ch, la RX-8 disparaîtra du catalogue d’importation en 2009, sans faire bénéficier les Français de son restylage.

Pour la remplacer sa 307, un immense succès commercial, Peugeot s’est inspiré de Volkswagen : pas de prise de risques. Il en a conservé la plateforme et l’allure façon haut-de-forme pour créer une 308 sans guère de personnalité esthétique. Pour qu'elle marque les esprits, le sochalien a opté pour un concept de coupé récupérant le museau de la nouvelle compacte. Cela a donné le concept 308 RCZ, présenté en 2007, un an avant la berline.

Mélangeant les influences d’autres concepts au lion, comme le 908 RC, le RCZ se signale par un pavillon à double bossage, hommage aux créations de Zagato, d’où, peut-être, le Z de son nom. acclamé par le public, le RCZ a finalement vu s’ouvrir les portes de la production en série, assurée par le sous-traitant autrichien Magna-Steyr. Quasi-identique au concept, le modèle de série, le RCZ final est lancé fin 2009. S’il conserve largement le tableau de la berline, le coupé peut se parer d’options permettent de le rendre très chic, par exemple en le couvrant de cuir, à l’instar des panneaux de portes : c’est le pack cuir intégral facturé 3 700 €.

Sous le capot, la RCZ accueille en entrée de gamme le très moderne 1,6 l THP, doté d’une injection directe et d’une distribution variable en continu. En version 156 ch, cette traction s’autorise déjà de bonnes performances : 217 km/h au maxi, pour un 0 à 100 km/h effectué en 8 s, malgré un poids de 1 297 kg. A 27 400 € en 2010 (34 700 € actuels selon l’Insee), le RCZ 156 ch apparaît un peu cher, mais son équipement est plutôt complet : la clim bizone, le bluetooth, l’aileron arrière rétractable, radar de recul voire jantes en alliage sont de série.

Côté trains roulants, le RCZ améliore les épures de la 308 : voies élargies, centre de gravité abaissé. Bien accueilli par la presse et le public, le coupé Peugeot connaît un joli succès. Fin 2012, à l’occasion du restylage, il se sépare visuellement de la berline en recevant un museau spécifique, alors que l’habitacle, enrichi, reçoit un nouveau système multimédia/GPS à écran agrandi. Le RCZ tirera sa révérence en 2015.
Fiabilité/entretien : une Peugeot corrigée, une Mazda… perfectible.

Le moteur rotatif, techniquement simple en apparence, n’a jamais égalé la fiabilité des mécaniques classique. Par la faute d’une étanchéité interne jamais vraiment optimale. Cela se vérifie sur la RX-8, donc le birotor brûle naturellement beaucoup d’huile.
Pire, celle qu’il exige est spécifique : 5W30 minérale, de préférence la Dexelia vendue chez Mazda. Malheureusement, elle se fait très rare. De plus, les modèles fabriqués durant les deux premières années pâtissent d’un calculateur mal programmé et de bobines d’allumages défectueuses provoquant une usure prématurée de la mécanique, qui rend parfois l’âme dès 50 000 km. Les RX-8 sont plus fiables à partir de 2005, certaines atteignant les 200 000 km sans avarie grave.
Autre souci potentiellement grave, la corrosion qui attaque de façon parfois irrémédiable les soubassements mais aussi les éléments de suspension, surtout dans les zones où l’on sale beaucoup les routes l’hiver. A l’opposé, l’habitacle et la transmission sont plutôt costauds.

En raison de nombreux ennuis en début de carrière, le moteur THP de PSA s’est attiré une mauvaise réputation. Toutefois, sur le RCZ, il a largement été corrigé… donc pas totalement. Le tendeur de chaîne de distribution continue à faire des siennes, voire parfois la chaîne elle-même. Les fuites d’huile sont assez fréquentes, alors que la vanne de régulation du turbo est souvent défectueuse.
Ces pannes ont la plupart du temps été prises en garantie, ce qui n’est pas forcément le cas de la capricieuse pompe à essence haute pression. En revanche, l’habitacle vieillit correctement, malgré les bugs du GPS (en option) dont les cartes ne sont plus mises à jour. Transmission et suspension sont sans souci notable, à l’image de la carrosserie.
Avantage : Peugeot. Malgré ses soucis, le THP est intrinsèquement plus solide que Renesis, et la française résiste bien mieux que la japonaise à la rouille.
Vie à bord : l’espace, une vertu japonaise

Le design du cockpit de la RX-8 est une pure réussite. Ici aussi le motif du rotor se retrouve un peu partout, ornant un dessin voulu avant-gardiste et qui a bien vieilli. Sauf, évidemment, si on ne jure que par les tablettes tactiles… Très confortables à l’avant, grâce à un dessin adroit, les sièges le sont aussi à l’arrière, où l’espace disponible a de quoi surprendre.
Certes, les passagers bénéficient d’un accès convenable, mais ils devront se contenter d’une faible visibilité. Et se passer de vitres ouvrantes… Globalement, les matériaux employés ne se signalent pas par un aspect spécialement travaillé, mais l’assemblage se révèle rigoureux. Cela dit, le coffre, non transformable, se limite à 287 l.

Dans la Peugeot, la planche de bord demeure celle de la 308, mais si elle est plus classique que celle de la RX-8, elle se révèle mieux fabriquée et joliment présentée. Les passagers avant disposent également de bons sièges et de beaucoup d’espace, le tout baignant dans la lumière procurée par l’immense lunette. L’équipement d’ailleurs plus riche.
En revanche, les places arrière sont là pour décorer, n’étant utilisables par des adultes que sur de très courts trajets, si vous voulez vous fâcher avec eux. Toutefois, au contraire de celle de la Mazda, la banquette de la Peugeot se rabat, augmentant à 760 l le volume du coffre, normalement plutôt spacieux : 384 l.
Avantage : Mazda. Outre un design plus singulier, la RX-8 surpasse la 308 par ses places arrière, infiniment plus spacieuses et confortables. Cela compense son coffre plus petit.
Sur la route : chacune sa façon de faire

À bord de la Mazda, quatre personnes peuvent prendre place dans de très bonnes conditions. A l’avant, malgré un volant non réglable en profondeur, la position de conduite s’avère irréprochable, alors que le compte-tours gradué jusqu’à 10 000 tr/min met l’eau à la bouche.
Seulement, au démarrage, le moteur émet un bruit de tondeuse à gazon. Décevant ! Le 192 ch se rattrape par une très belle souplesse, faisant preuve de plus de vigueur que le 231 ch à bas régime. Linéaire mais creux aux allures courantes, n’offrant que des reprises molles, il gagne en punch vers 5 500 tr/min, sa sonorité commençant alors à rappeler celle d’une moto. Grisant, il accepte de pousser jusqu’à plus de 9 000 tr/min ! Là, un bip retentit, et on passe le rapport supérieur à l’aide d’une commande de boîte dont le maniement est un plaisir.
Dynamiquement, la RX-8, séduit davantage. Légère et réactive, elle profite d’une excellente adhérence, alors que l’équilibre parfait de son comportement inspire une grande confiance. La direction, précise et délicieusement informative, est la cerise sur le gâteau. Efficace sur circuit, où elle drife aisément, la Mazda l’est aussi sur route, grâce à son amortissement bien jugé, et elle freine bien.

Belle position de conduite dans la Peugeot RCZ. Mais on peste contre le grand volant et la console centrale en fouillis. Certes décrié, le moteur THP, séduit par sa souplesse et son couple très consistant à mi-régime, garant de bonnes reprises, malgré la démultiplication finale trop longue. Agréable à l’usage, il sonne plaisamment et ne rechigne jamais à la tâche même si les hauts régimes ne sont pas sa tasse de thé. La commande de boîte, plutôt maniable, est une alliée, même si elle demeure moins plaisante que celle de la Mazda.
Le châssis aussi. Entendons-nous bien, la RCZ, grâce à une immense adhérence, paraît rivée au sol, se montrant insensible au sous-virage comme au survirage. Très efficace ! Surtout que fort précise, la direction présente une bonne consistance, même si on l’aimerait plus informative. Seulement, l’ensemble n’est pas vraiment joueur, la Peugeot n’étant qu’une traction bien née. Toutefois, la suspension s’avère confortable et très bien amortie, contribuant ainsi, avec l’insonorisation réussie, à rendre la française fort adaptée aux longs trajets. Enfin, elle freine mieux que la japonaise.
Avantage : Mazda. Pas forcément plus rapide ou efficace que la RCZ, la RX-8 distille des sensations autrement singulières grâce à son moteur et son châssis plus malléable.
Budget : une japonaise portée sur la boisson

Un coupé d’exception en très bon état à 6 000 € : c’est ce qu’offre la RX-8, si on accepte un kilométrage supérieur à 150 000 km. Pour passer sous cette barre, on comptera plutôt 7 000 €. A 10 000 €, on peut espérer un exemplaire tournant autour de 50 000 km. Reste que la consommation est très élevée, de l’ordre de 13 l/100 km.

Pour sa part, la Peugeot démarre aussi à 6 000 € en très bon état, mais en affichant près de 200 000 km. A 7 000 €, on trouve des autos affichant 130 000 km. A 8 000 €, elles tombent sous les 100 000 km, et à 10 000 € on accède des phases 2 elles aussi sous la barre des 100 000 km. La Peugeot est bien plus frugale que la Mazda, à 7,4 l/100 km…
Avantage : Peugeot. Certes plus chère à kilométrage égal, la RCZ gagne grâce à sa consommation bien inférieure à celle de la RX-8, que la gourmandise cantonne à un usage occasionnel.
Verdict : Peugeot raison, Mazda folie

Vous voulez un joli coupé pour tous les jours ? Alors, c’est la Peugeot qu’il vous faut, plus fiable et économique à l’usage que la Mazda, mais aussi plus confortable et performante en utilisation courante. Elle se révèle en outre plus sûre à la limite, ainsi que sur route glissante.

En revanche, si vous recherchez un coupé juste pour le plaisir, destiné à un usage occasionnel, la Mazda s’impose, pour ses sensations de conduite, son aptitude à délivrer du plaisir dynamique voire à drifter (sur circuit) et le caractère unique de son moteur. Elle peut aussi compter sur un design fascinant.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Peugeot |
Vie à bord | Mazda |
Sur la route | Mazda |
Budget | Peugeot |
Verdict | Egalité |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Peugeot RCZ 156 et Mazda RX-8.
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