LOA : la douloureuse s'alourdit
En raison des taux d'intérêt bancaires en hausse, les mensualités des locations de longues durées sont de plus en plus élevées, alors que cette pratique devient largement majoritaire lors de l'acquisition d'une nouvelle voiture. Mais les constructeurs ont leurs trucs pour limiter l'inflation. Explications.
Ce n’est plus un succès, c’est un triomphe. En l’espace de 13 ans, la part de LOA (location avec option d’achat) ou de LLD (location longue durée) lors de l’acquisition d’une auto, est passée de 20 % en 2010, à 80 % aujourd’hui. En cause, l’explosion du prix des voitures, évidemment.
Estimée à près de 30 % en l’espace de quelques années, elle a détourné nombre de Français de l’achat pur et dur. Ils se reportent vers les loyers mensuels, supposés être moins douloureux pour leur budget. Même si certains calculs peuvent aisément démontrer l’inverse
Sauf que ce succès pourrait être de courte durée. En témoigne une intéressante enquête de nos confrères du Parisien qui s’en sont allés regarder de plus près les contrats de location proposés. Et ils sont tous à la hausse, quelle que soit la marque. Chez Renault, la Megane e-tech était proposée, lors de son lancement début 2022, à 260 euros par mois pendant 37 mois. L’offre est aujourd’hui fixée à 300 euros. Au final, la hausse est de 1 480 euros sur 3 ans, une somme loin d'être négligeable.
Et Renault est loin d’être le seul dans ce cas. Un Peugeot 5008 était proposé à 319 euros par mois ? Il atteint 400 euros aujourd’hui. Même constat à la hausse pour la petite Toyota Yaris. Pour se l’offrir (ou plutôt pour la louer), il faut aujourd’hui débourser mensuellement 274 euros, soit une envolée de 37 euros.
Les taux d'intérêt sont en hausse, les loyers aussi
La faute à qui ? Pas aux constructeurs pour une fois, du moins pas directement. La cause de cette inflation des prix est liée aux taux d’intérêt qui ont augmenté en l’espace d’un an. Car les marques, au moment de consentir une LOA ou une LLD à leurs clients, en passent par leurs organismes financiers internes ou par des spécialistes du leasing. Ils sont généralement filiales de grandes banques ou de constructeurs, c’est le cas de Leasys, détenu par Stellantis et le Crédit Agricole. Arval, autre roi de la location, est aux mains de la BNP, alors que son concurrent ALD est détenu par la Société Générale.
Or, ces organismes bancaires augmentent leur taux d’intérêt auprès de leurs clients, puisqu’elles-mêmes voient l’argent qu’ils empruntent subir une hausse depuis que la BCE (banque centrale européenne) a augmenté les taux d’emprunt directeurs.
Pour le moment, les constructeurs généralistes ne voient pas leurs clients fuir les shows rooms en raison de cette douloureuse mensuelle alourdie. Néanmoins, ils constatent un effet qui n’est pas très encourageant pour leurs finances : les consommateurs délaisseraient les finitions haut de gamme pour des modèles intermédiaires.
Mais si les marques de tout un chacun n’ont pas encore vraiment ressenti les secousses de la hausse de leurs LOA, les constructeurs premium semblent quant à eux bel et bien touchés par le phénomène, comme en témoigne un professionnel de ce secteur joint par le Parisien et qui explique que certains clients ont « carrément déchanté à l’heure de signer leur deuxième contrat ». Déjà propriétaires-locataires d’un premier modèle de la marque, ils ont pu comparer leur ancien loyer par rapport à celui qu'on leur propose aujourd'hui. Résultat : ils ont tendance à fuir vers des marques généralistes et moins chères.
Le nombre d'années de location s'allonge
Évidemment, les constructeurs et leurs réseaux tentent d’enrayer le phénomène et la fuite de leurs clients vers la concurrence, voir à les faire renoncer le plus longtemos possible au renouvellement leur auto. Alors, ils ont trouvé quelques solutions pour ne pas faire exploser les mensualités et la première est assez simple : ils augmentent le nombre de mensualités, un peu comme dans l’immobilier ou un emprunt sur 30 ans est moins cher (mensuellement) qu’un crédit sur 20 ans.
Et le montant de l'apport initial augmente
Du coup, chez Stellantis, une Peugeot 208, tout ce qu’il y a de plus banale et de plus thermique (75 ch en finition Active Pack) coûtera 251 euros, à condition de la louer pendant 96 mois, soit huit longues années. Pour le même très long leasing, il en coûtera 149 euros pour une Dacia Sandero basique (Essential), équipée d’un moteur de 65ch. Ces deux offres sont accessibles après une mise de départ minimaliste de 100 euros.
Mais c’est aussi grâce à la variation de l’apport que les constructeurs comptent faire baisser les mensualités. C’est ainsi qu’une Peugeot e-208 s’avère moins chère chaque mois que sa copine thermique, avec un loyer de « seulement » 234 euros. Mais il y a un truc : l’apport est fixé à 12 000 euros. Soit, à 10 euros près, le prix de la Dacia Sandero si on l’achète cash. En France, l’argent est devenu cher, mais on a des idées.
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