2. Les prix : ils tiennent la cote !

Une voiture, sauf exception, ça décote… Et pas qu'un peu. En règle générale, les véhicules de marque généraliste perdent 25 % de leur valeur la première année, 18 % la deuxième, 15 % la troisième et 12 % la quatrième (puis ensuite 10 % tous les ans).

Est-ce que cette règle s'applique aux VE ? Eh bien, globalement, non. Dans la grande majorité des cas, ils décotent moins vite.

Pour Serge Pietri, directeur Renault Véhicules Occasion, cela n'est pas, et ne sera pas une surprise. Selon lui "Il y a une décote, comme pour les véhicules thermiques, mais elle est d'abord plus rapide et ensuite plus lente. D'une part parce qu’il faut tenir compte des aides à l'achat, qui fait que les vendeurs calculent une décote sur un prix déjà réduit. Donc une décote rapide au début. Mais ensuite la valeur résiduelle est meilleure et le prix plancher sera supérieur à une voiture thermique". Pour ce professionnel du marché, la fiabilité du moteur électrique, sa capacité à parcourir 1 million de kilomètres, fait qu'une Renault Zoé, qu'il prend évidemment en exemple, vaudra toujours plus en fin de vie qu'une Clio. Il affirme que "même dans 10 ans, une Zoé vaudra toujours 3 000 à 3 500 €, et sa valeur ne baissera plus".

Mais concrètement, qu'observons-nous sur le marché ? L'étude des annonces publiées sur les sites spécialisés est instructive.

Ainsi, une Renault Zoé, de 2013, qui devrait décoter en moyenne de 54 % pour 4 années, et qui se vendait (bonus déduit) entre 15 500 € et 17 500 €, devrait se trouver aux environ de 7 200 € à 8 200 €, voire un peu plus car les 4 ans ne sont pas révolus pour la plupart… Si c'est bien ce qui est observé pour les autos les moins chères, les "meilleures offres" comme nous les appelons, la moyenne des prix est bien plus élevée ! Les Zoé de 2013 se trouvent surtout entre 9 000 et 9 500 €, soit une décote moyenne de 42 % à 48 %

Les modèles de 2015, qui pouvaient bénéficier d'une aide à l'achat jusqu'à 10 000 € (1 vente sur 2 en bénéficiait), pouvaient se vendre en prix de base à 12 000 € et 14 400 € maximum aide déduite. On devrait donc trouver des "meilleures offres", après 2 années de décote, entre 7 400 € et 8 900 € maximum. Il n'en est rien. Les moins chères sont à 9 500 €, et en moyenne, les prix sont à 11 000 €.

Pour un modèle 2016, le prix moyen est à 14 500 €, et les décotes toutes ou presque inférieures à 20 % (attention, toujours par rapport au prix aide à l'achat de 6 300 € déduite). Si l'on tient compte de l'aide à l'achat maximale de 10 300 €, la décote est presque nulle en moyenne !

Nous prendrons la Nissan Leaf en autre exemple. Les modèles 2016 se vendent en moyenne 23 000 €, quand leur prix aide déduite est compris entre 21 000 et 28 000 €. Là encore la décote est très faible. Pour un modèle 2015, le prix moyen est de 18 500 €, il devrait tourner autour de 15 000 €. Pour un modèle 2013, le prix moyen est de 13 000 €, il devrait tourner autour de 11 000 €.

Et les exemples se répètent. Bien sûr, ces prix élevés s'expliquent "aussi" par les faibles kilométrages parcourus par les modèles en vente. mais la tendance est là. Le VE ne sera pas abordable en occasion. Il sera plutôt cher.

Pour s'en convaincre, et en reprenant les exemples ci-dessus, une Zoé de 2013 est à 9 000 €, tandis qu'une Clio 1.2 16v est à 8 500 €, mais avec le double de kilomètres ! (70 000 au lieu de 35 000). Et c'est pareil si l'on compare une Leaf avec une Pulsar, la compacte équivalente chez Nissan.