Le gouvernement renonce aux péages urbains
L'article sur les péages urbains a disparu du projet de loi mobilité, officiellement pour un manque d'intérêt des métropoles concernées. Mais ce serait aussi pour ne pas remettre de l'huile sur le feu entretenu par les gilets jaunes.
La ministre des Transports dévoile aujourd'hui le projet de loi mobilité. Hasard du calendrier, promis depuis des mois, il est présenté en pleine crise des gilets jaunes. Celle-ci pourrait avoir influencé le contenu du texte final, qui sera débattu au parlement en février 2019. Des mesures qui auraient pu relancer la contestation n'apparaissent plus.
Pour commencer, la vignette poids lourds, envisagée depuis quelque temps car l'État est à la recherche d'une nouvelle source de revenus pour financer l'entretien du réseau. Élisabeth Borne a toutefois indiqué que l'idée n'était pas abandonnée, le gouvernement cherchant un moyen de faire payer les camions étrangers sans déclencher la colère des transporteurs français.
Ensuite, le projet de péage urbain. Là, c'est clair : il est carrément abandonné comme l'a révélé en premier France Info. Dans l'avant-projet, la loi mobilité comportait un article qui définissait les modalités de mise en place d'un péage dans les grandes agglomérations d'au moins 100 000 habitants. Le texte appelait cela le "tarif de congestion" et fixait les montants maximums : 2,50 € par voiture et par jour pour les agglos entre 100 000 et 500 000 habitants, 5 € pour les agglos de plus de 500 000 habitants. Le montant pouvait être multiplié par 4 pour les camions. Des gratuités étaient envisagées pour les véhicules écolos.
Chaque ville était libre d'instaurer ou non ce péage. Et c'est ce point qui a, officiellement, mené à l'abandon du projet. Selon le ministère des Transports, aucune métropole concernée n'a montré son intérêt. Alain Juppé avait rapidement fait savoir qu'il était contre pour Bordeaux. Même Anne Hidalgo, qui souhaite pourtant réduire la place de l'automobile dans Paris, n'a pas été séduite. Il faut dire que cette mesure est à haut risque électoral, surtout à l'approche des municipales de 2020.
L'idée était avant tout de poser un cadre légal au système, sans impératif de le mettre en place. Mais le gouvernement a sûrement préféré s'éviter une nouvelle crise en gommant purement et simplement l'idée du péage urbain, dont les gilets jaunes se seraient emparés pour relancer la contestation. D'autant que cette nouvelle taxe aurait nui à l'objectif premier de la loi mobilité, qui selon les mots de la ministre s'adresse aux"territoires qui se sentent abandonnés". Après la révélation de l'avant-projet, une première pétition en ligne contre les péages urbains avait rencontré le succès.
En revanche, d'une autre manière, la circulation dans le centre des grandes villes va être plus compliquée dans les années à venir. Le projet de loi intègre en effet la possibilité d'instaurer des zones à faibles émissions, interdites aux véhicules les plus polluants. La mesure intéresse davantage les maires, car une quinzaine de villes se sont déjà montrées intéressées.
> Caradisiac assistera cet après-midi à la présentation de la loi mobilité. Retrouvez bientôt notre compte rendu.
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