Lancia Ypsilon (1995-2003) : un manifeste de style à redécouvrir d’urgence, dès 1 000 €
Un style aussi gonflé sur une citadine grand public, seul un constructeur italien pouvait se le permettre : la Lancia Ypsilon a su se faire une place sur le marché avant de sombrer dans l’oubli. Pourtant, cette auto est pétrie de qualités.
Moretti, Vignale, Zagato… Qui se souvient de ces carrossiers italiens qui ont dans les années 50 et 60 élégamment habillé des citadines ? Dérivant la plupart du temps de Fiat 500, 600 et 850, celles-ci s’étaient constitué une clientèle urbaine et huppée, désireuse de distinguer par le style. Puis ces maîtres italiens ont disparu, Zagato mis à part, et l’offre s’est banalisée. Pourtant, l’envie de raffinement esthétique est restée, ce que Lancia a compris. Cela a donné en 1985 l’Y10, qui a étonné avec sa poupe verticale. Ce n’était qu’un début car sa remplaçante est allée beaucoup plus loin dans l’audace stylistique.
Au début des années 90, l’ambiance est au renouveau dans le Groupe Fiat sous l’influence de son administrateur délégué Paolo Cantarella. Chapeautant le design de la filiale Lancia, Enrico Fumia cherche à trouver des formes nouvelles à partir des formes du passé. Il produit un dessin tout en semi-ellipses, original, audacieux et fonctionnel tout à la fois, ce qui donne l’Ypsilon, révélée fin 1995.
Le capot et le hayon proéminents évoquent l’Ardea de 1939, en quelque sorte la première petite Lancia, alors que trois courbes définissent le profil de la voiture. Celles délimitant les parties supérieure et inférieure des vitrages, et celle reliant le sommet des passages de roue qui, revêtue de plastique, joue aussi le rôle de protection latérale tout en dynamisant la voiture. À l’avant, la calandre dessine une autre courbe, reprise à l’intérieur pour le bandeau central du tableau de bord, revêtu de tissu ou d’Alcantara. Brillante synthèse !
Pour couronner le tout, Lancia propose de personnaliser la carrosserie via le programme Kaleidos, donnant le choix entre 100 teintes. Une fois qu’on a choisi la sienne, on reçoit un modèle réduit de l’Ypsilon qui s’en drape. Original et chic pour une citadine premium. Car si la petite Lancia, commercialisée en janvier 1996, dérive étroitement de la Fiat Punto lancée deux ans plus tôt, elle est vendue nettement plus cher. La gamme débute avec la 1,2 l LE (60 ch), facturée 64 300 F (13 400 € actuels selon l’Insee), soit 4 000 F de plus que la Punto dotée du même moteur.
De série, elle dispose déjà de la direction assistée et des vitres électriques. Au-dessus, la LS (+ 7 500 F) ajoute le volant et le siège réglables en hauteur, l’Alcantara, les antibrouillards ou encore la télécommande fermeture des portes. De plus, cette déclinaison peut recevoir un 1,4 l de 80 ch, moteur indisponible sur la Fiat. Quelques mois plus tard, une luxueuse LX (+ 18 800 F) complète la gamme par leur haut, dotée en série de la sellerie cuir, de la clim et des jantes alliage notamment.
Relativement chère et dépourvue de variante à 5 portes, l’Ypsilon entame en France une carrière estimable mais ne casse pas la baraque : de par ses dimensions en forte hausse, elle n’est plus aussi facile à garer que ses devancières Y10 et A112. L’arrivée d’une transmission à variation continue CVT ne change rien. En 1997, un nouveau bloc intègre l’offre : un remarquable 1,2 l 16 soupapes de 86 ch qui emmène la petite Lancia à près de 180 km/h.
Parallèlement, un 1,1 l de 55 ch arrive en entrée de gamme sur la version Elefantino, qui se passe de direction assistée. L’offre change encore fin 1998 : l’Elefantino Blu constitue la proposition de base, et intègre déjà le double airbag (comme les autres Ypsilon), la direction assistée, le siège et le volant réglables en hauteur.
Une Elefantino Rosso à présentation sportive s’installe entre les LS et LX, comprenant les jantes alliage de 15 ainsi qu’une sellerie mixte tissu-Alcantara. En 1999, le 1,1 l disparaît et fin 2000, l’Ypsilon bénéficie d’un petit restylage : boucliers revus, tableau légèrement modifié, nouveaux feux arrière, GPS de série sur LX. Puis elle va lentement se laisser glisser jusqu’à la fin de sa carrière, la gamme étant refondue en 2002 autour des appellations Avenue, Unica et Vanity, au rapport prix/équipement amélioré. Au total, plus de 800 000 Ypsilon ont été produites, un joli succès.
Combien ça coûte ?
Presque rien. Les Ypsilon ont déserté le parc français à coups de prime à la casse, et pourtant, les exemplaires restants sont très accessibles, sans grandes différences selon les versions. À 1 000 €, on peut se dégotter un exemplaire en bon état, totalisant plus de 100 000 km. Et à 1 500 €, on en trouve même en première main affichant moins de 60 000 km ! À 3 000 €, on peut s’offrir une auto immaculée et à faible kilométrage.
Quelle version choisir ?
Le moteur le plus sympa n’est autre que le 1,2 l 16 soupapes : autant le privilégier, d’autant qu’il garantira à l’auto une vignette Crit’air 3, permettant encore de circuler librement dans les grandes villes.
Les versions collector
Ce sont les exemplaires en parfait état, peu kilométrés et si possible dotés de l’option Kaleidos. Une 1,2 l 16v LX qui en bénéficie, introuvable, est certainement la version la plus rare.
Que surveiller ?
Fondamentalement, et quel que soit le moteur, l’Ypsilon est une auto endurante. Cela dit, elle pâtit de certains défauts, comme le joint de culasse sur le 1,2 l 60 ch à partir de 1998. La raison ? La pompe à eau a troqué l’aluminium pour le plastique… Normalement, les autos concernées ont été réparées. À noter que ce bloc ainsi que le 1,1 l peuvent subir une rupture de courroie de distribution sans dégât, la trajectoire des soupapes ne croisant pas celle des pistons.
Autre avarie, les bras de suspension arrière prenant du jeu, surtout sur les autos en début de carrière. L’électronique est aussi une source potentielle de panne : témoin d’airbag allumé (souci de faisceau), capteurs moteur en carafe : courant les autos de cet âge. Par ailleurs, la boîte CVT se révèle très peu fiable : à éviter.
Dans l’habitacle, tout ne vieillit pas très bien, même si l’Alcantara se révèle plus résistant que dans les Lancia des années 80 ! Enfin, la corrosion peut affecter les exemplaires les plus anciens, surtout s’ils ont été peu soignés. Là encore, rien d’anormal.
Au volant
J’ai pu prendre les commandes d’une 1,2 l 16v LS de 1998. La ligne de cette auto suscite toujours mon étonnement, de même que le dessin de l’habitacle, au demeurant composé de matériaux agréables au toucher, et spacieux vu le gabarit de la Lancia. Je suis moins fan de l’instrumentation centrale, peu lisible, mais le siège et le volant réglables en hauteur garantissent une excellente position de conduite.
Les Fiat et Lancia des années 90 sont conçues pour délivrer un bel agrément de conduite, et ça se vérifie ici. La direction se révèle précise, informative et consistante, la commande de boîte plaisante et le châssis bien équilibré, donc garant d’une excellente tenue de route.
De sorte qu’on sent vraiment bien tout ce que fait cette auto très vive dont on retire une sensation de connexion appréciable. Mais c’est encore le moteur qui réjouit le plus. Souple, il monte en régime dans une joie communicative, surtout passé 4 500 tr/mn : on a l’impression qu’il en redemande toujours !
Infatigable et chantant, il autorise aussi de jolies performances, surtout que la boîte profite d’un étagement resserré. Le tout ne se solde pas par un niveau sonore exagéré, la suspension offrant par ailleurs un confort très correct. Voici donc une citadine homogène, pétillante et pleine de caractère qui se contente de moins de 7 l/100 km en moyenne. À préserver d’urgence !
L’alternative yougtimer
Lancia Y10 (1985-1995)
Avec sa carrosserie ultramoderne à la poupe tronquée, l’Y10 surprend lors de sa sortie. Stylée, elle a aussi l’honneur d’inaugurer le fameux moteur Fire, qui se retrouvera juste après sur les Fiat Uno et Panda. Dérivant de cette dernière, la chic Y10 annonce aussi une évolution dont bénéficiera la petite turinoise : un essieu arrière en forme d’oméga, doté de ressorts hélicoïdaux, améliorant le confort.
La Lancia Y10 (commercialisée sous la marque Autobianchi jusqu’en 1989) connaîtra une jolie carrière, malgré ses qualités routières très moyennes. Il faut dire qu’elle se déclinera en une pléthore de versions (y compris une 4x4 et une Turbo de 85 ch) toutes très bien présentées. Bénéficiant de nouveaux moteurs en 1989 (un Fire 1100 et un 1,2 l injection de 78 ch remplaçant respectivement le 1 049 cm3 en 55 ch et en turbo), l’Y10 est restylée fin 1992, puis s’arrête en 1995, produite à 1,1 million d’unités. À partir de 900 €.
Lancia Ypsilon 1,2 l 16v (1998), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 242 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras tirés, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, traction
- Puissance : 86 ch à 6 000 tr/mn
- Couple : 113 Nm à 4 500 tr/mn
- Poids : 910 kg
- Vitesse maxi : 177 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 10,9 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Lancia Y, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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