La voiture électrique à 25 000 € peut être rentable, mais cela reste incertain
Selon Transport & Environment, les constructeurs européens pourraient commercialiser une voiture électrique à 25 000 € tout en étant rentable. Mais il y a des conditions à remplir, qui restent incertaines.
C’est le prix à ne pas dépasser, plusieurs constructeurs projettent de commercialiser leur VE à 25 000 €. Stellantis a annoncé sa future ë-C3 et Volkswagen sa ID.2 à ce tarif. En revanche, Renault semble faire marche arrière avec sa future R5 puisqu’elle pourrait davantage s’approcher des 30 000 €.
Pourtant, Transport & Environment estime que la diffusion d’une offre à 25 000 € accélérerait l’adoption de cette motorisation. Ce tarif est également « crucial » si les constructeurs européens veulent résister à la concurrence des constructeurs chinois.
Pour la responsable des politiques véhicules à T&E France, Marie Chéron : « Le prix est l’un des principaux obstacles au passage à l’électrique. La mise sur le marché de véhicules à 25 000 € (hors bonus) ou en deçà peut changer la donne et faciliter l’adoption de ces voitures par un plus grand nombre de personnes. Il est essentiel que ces modèles deviennent une priorité pour les constructeurs européens. C’est aussi pour une façon de se positionner et d’être compétitif face à la concurrence chinoise en particulier, qui propose déjà des petites voitures électriques bon marché dans l’UE. »
Selon un sondage YouGov réalisé pour T&E France, 22 % des acheteurs de voitures neuves ont déjà l’intention de passer à l’électrique. Cette part passe à 33 % si cette voiture électrique est vendue à 25 000 €.
De nombreuses conditions
Si le résultat de ce sondage n’a rien de surprenant, rentabiliser une VE à 25 000 € semble beaucoup plus délicat. T&E indique que les constructeurs européens peuvent réaliser un bénéfice de 4 % sur un VE du segment B, équipé d’une batterie de 40 kWh avec 250-300 km d’autonomie, produit en Europe en 2025 si les conditions sont réunies. Or, il faut que le prix du kilowatt/heure passe en dessous des 100 dollars, ce qui ne devrait pas arriver avant 2025-2027 selon le cabinet d’études Fastmarkets.
Pourtant, les prix des matériaux nécessaires à la production des batteries comme le lithium, le nickel, le cobalt et le graphite ont baissé de 20 à 40 % au cours du premier semestre 2023. Cela s’explique en grande partie par l’arrivée de nouvelles sources d’approvisionnement. Par ailleurs, la Chine subit une reprise plus lente que prévu, ce qui exerce une pression à la baisse sur le prix des matières premières. En théorie, deux facteurs devraient maintenir cette tendance à la baisse : les nouvelles sources d’approvisionnement et les batteries à faible consommation de ressources.
Il est aussi nécessaire que le prix tous les autres composants d’une voiture soient également plus bas qu’actuellement. Si ces conditions peuvent être prévisibles, rien n’indique que la conjoncture y sera véritablement favorable. Le cas le plus optimiste de T&E intègre que la production mondiale de VE augmente, stimulée par les subventions américaines, chinoises et européennes afin d’exercer une pression sur les prix. Les prix des matières premières (lithium, cobalt, cuivre…) sont orientés à la baisse.
Seulement, en cas de difficultés ou d’augmentations imprévues au cours des prochaines années, le prix des VE serait plus proche du scénario intermédiaire (28 000 €). Si les cours du nickel augmentent, les coûts de l’acier utilisé dans les groupes motopropulseurs augmenteront également.
Malgré la volonté pour certains constructeurs de proposer dans le futur des VE à 25 000 €, la réalité actuelle est tout autre. Les constructeurs se sont davantage penchés sur leurs bénéfices. Ainsi, T&E a calculé les bénéfices nets par voiture des marques BMW, Mercedes, Renault, Stellantis, Volvo et Volkswagen. Il en sort qu’entre 2019 et 2022, leur bénéfice net par véhicule est passé d’une fourchette comprise entre 40 et 1 920 € à un intervalle compris entre 510 et 8 940 €. Ce résultat a été obtenu en priorisant les ventes de SUV.
La réduction de la taille des batteries à un impact direct sur le prix de vente. Pourtant, cela ne semble pas être la priorité des constructeurs. Peugeot vient d’annoncer un accumulateur de 97 kWh pour son nouveau e-3008 et Toyota développe des batteries qui assureront plus de 1 000 km d’autonomie.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération