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2. La vie en Aventador Ultimae Roadster, des coups de folie qui marquent à vie

 

Sur les routes près du circuit de Spa-Francorchamps, déjà, l'Aventador Ultimae Roadster scotche tout le monde.
Sur les routes près du circuit de Spa-Francorchamps, déjà, l'Aventador Ultimae Roadster scotche tout le monde.

Le réveil d’un V12 atmosphérique constitue immanquablement un évènement remarquable, surtout lorsqu’il précède un trajet de 1 000 kilomètres au volant d’une machine qu’on ne fait généralement qu’admirer près des palaces. Malgré le design sidérant de l’Aventador et son grand âge, utiliser l’Ultimae comme une vulgaire familiale diesel n’impose en tout cas pas tant de sacrifices que ça. Les 140 litres du coffre avant permettent d’y installer un gros sac de voyage, à condition de garder le toit du Roadster en place (il faut le loger dedans sinon et il occupe alors toute la place). La compatibilité Apple Carplay & Android Auto fonctionne très bien avec Waze, même s’il faut naviguer dans les menus avec la molette faute d’écran tactile (franchement, on s’en fiche). Mode Strada activé, le douze cylindres reste discret en égrainant automatiquement les rapports de la transmission dès les bas régimes. Les à-coups que génère cette boîte dépassée vous donnent l’air un peu bête lorsque votre tête bouge comme celle d’un pigeon pendant chaque rupture de charge, mais la grosse Lamborghini se montre un minimum confortable. Autant que l’ancienne Aventador S et davantage que la SVJ à la vocation plus extrême, disposant d’un intérieur moins luxueux et d’un amortissement plus raide.

Départ depuis le circuit de Spa-Francorchamps.
Départ depuis le circuit de Spa-Francorchamps.
Waze prêt dans la Lambo.
Waze prêt dans la Lambo.

Sur l’autoroute, on se retrouve à rouler au régulateur comme dans une vraie GT. Le V12 coupe six de ses cylindres à vitesse stabilisée et se contente de vrombir sans casser les oreilles en permanence lorsqu’on ne lui demande pas. A 130 km/h, cette mécanique d’exception si peu calibrée pour les économies d’énergie boit 14,1 litres aux 100 kilomètres ce qui paraît raisonnable dans l’absolu, sachant qu’elle produit quasiment la puissance de deux Audi RS 3 réunies (780 chevaux et 720 Nm de couple, très exactement). Les heures et les kilomètres défilent paisiblement mais chaque minute ou presque, des automobilistes se mettent à lui coller au train ou à tourner carrément autour pour la prendre en photo en faisant de grands signes des mains. Je remarque déjà des réactions uniquement bienveillantes et enthousiastes de la part de ceux qui croisent l’Aventador, moi qui m’attendais plutôt à recevoir quelques vilains doigts d’honneur et autres marques de dégoût. J’écoute mes musiques préférées, le soleil se couche, je taille la route vers le sud et, mon séant peu charnu blotti dans le gros baquet moelleux, je n’arrive même pas à ressentir la moindre tension musculaire après des centaines de kilomètres parcourus !

Dans les voyages, on est finalement plus proche d'une GT que d'une supercar inconduisible.
Dans les voyages, on est finalement plus proche d'une GT que d'une supercar inconduisible.

La seule difficulté de voyage revient lors de chaque arrivée au péage où je sors maladroitement ma tête de la fenêtre pour manœuvrer laborieusement l’Aventador au plus près du portique, histoire de pouvoir attraper les tickets et payer sans défoncer les jantes. J’ai l’air vraiment bête, mais il y a tellement de distance entre la carrosserie et l’intérieur de la voiture (en plus de l’assise très basse) qu’il faut la rapprocher le plus possible du mur.

Les gens se moquent inévitablement, mais toujours sans mauvaises pensées. Alors que je m’enfonce dans la nuit, je m’autorise à survoler légèrement la limitation de vitesse. Le degré surprenant de confort de cette machine sur un road trip aussi long aurait pu finir par m’assoupir mais la simple excitation de conduire cette auto -même dans un cadre très loin de ce qu’elle sait faire de mieux- suffit à tenir éveillé.

Profiter de chaque lever de soleil

Quand on dispose d’un jouet comme l’Aventador, le temps ne s’écoule plus tout à fait de la même façon. Même votre rythme de vie change, comme si le corps s’adaptait naturellement à la possibilité de profiter au mieux d’une machine aussi extravagante. Ainsi, j’ouvre l’œil à l’aube le matin suivant sans la moindre difficulté après moins de trois heures de sommeil, prêt pour arpenter les plus belles routes autour de Marseille au moment où elles sont encore vides de tout trafic routier. Aussi large soit-elle, cette Lamborghini se montre presque urbaine, d’ailleurs. Tant que vous ne faites pas trop chauffer l’embrayage dans des manœuvres à très basse vitesse en montée (elle déteste ça) et que vous vous accommodez des à-coups gênants de la boîte, l’Aventador Ultimae vous promène sans encombre. Le système de "lift" du train avant permet d’éviter les frottements contre les dos d’âne et tout le monde accepte d’attendre derrière le temps qu’il se lève (ça prend quelques secondes). J’ai préalablement pris le temps de défaire soigneusement le toit de la voiture, qui s’enlève en deux parties (il faut ensuite bloquer chacune de ces pièces dans le coffre avant). Avec un peu d’expérience, la manœuvre s'exécute en deux ou trois minutes. Sans toit au volant de l’Ultimae bleue, je quitte la ville au moment précis où le soleil darde ses premiers rayons.

Quelque part dans Marseille, très tôt le matin.
Quelque part dans Marseille, très tôt le matin.

Et puis, tout d’un coup, le temps s’arrête totalement. Mode Corsa activé sur ma route préférée au bitume parfait et au panorama de jeu vidéo, je décolle. Exploiter ce V12 dans des conditions aussi idéales, c’est toucher au sommet absolu du plaisir automobile tel qu’on le fantasme depuis tout petit. Je sais bien qu’une McLaren moderne cogne encore plus fort en ligne droite ou qu’elle possède une boîte plus efficace. Mais tout cela ne compte plus lorsqu’on balaye le compte-tour en se satellisant jusqu’au rupteur (8 750 trs/min) dans la dernière des Aventador avec les cheveux au vent, le long d’une paroi rocheuse contre laquelle le moteur raisonne si fort qu’il fait vibrer le fond de vos oreilles.

Comment expliquer avec des mots ce qu'on vit au volant d'une telle auto sans tomber dans les poncifs ennuyeux ?
Comment expliquer avec des mots ce qu'on vit au volant d'une telle auto sans tomber dans les poncifs ennuyeux ?
Le toit se détache manuellement et se range dans le coffre avant. Comptez quelques minutes et un peu d'expérience.
Le toit se détache manuellement et se range dans le coffre avant. Comptez quelques minutes et un peu d'expérience.

Outre le timbre typique et théâtral de sa mécanique, la Lamborghini possède en plus cette qualité de se montrer extraordinairement docile - sous des airs pourtant si menaçants ! - lorsqu’on commence à la pousser sérieusement. Servi par une motricité impériale même une fois les aides à la conduite désactivées (merci la transmission intégrale,) ainsi qu'une boîte d’une brutalité inouïe mais bien plus rapide en mode Corsa, l’auto devient gentiment sous-vireuse à la limite juste pour aider à sentir jusqu’où on peut tirer sur le train avant. Et dès que ce nez élargit un peu, il suffit d’un petit lever de pied pour la faire pivoter. Par rapport aux premières Aventador LP700-4 paresseuses et plus vérouillées, la grosse Italienne a énormément progressé grâce notamment à l’arrivée des roues arrière directrices depuis l’Aventador S.

Si bien qu'on se retrouve très vite en totale confiance derrière le volant d'une machine incroyablement facile à piloter sur ces routes adaptées à son gabarit. La linéarité caractéristique du V12 atmosphérique dans sa réponse moteur, loin des décharges torrentielles de couple des moteurs turbo de chez McLaren ou Ferrari, procure ce sentiment exquis de pouvoir accélérer en grand la quasi-totalité du temps. Les balayages complets du compte-tour entre chaque virage constituent le clou du spectacle mais la grosse Lambo sait aussi freiner très fort sans perdre une once de stabilité. Dès que ça tourne, elle paraît agile et plus compacte qu'elle ne l'est vraiment, avec un comportement dynamique assez proche de celui d'une Audi R8 et une direction un peu plus lourde. A condition de naviguer sur une chaussée permettant de faire rentrer ses 2,26 mètres de large sans rentrer dans les voitures d'en face, on peut la cravacher sans arrière-pensée comme une petite GTI ou presque !

Il faut se lever très tôt pour trouver des routes vides...
Il faut se lever très tôt pour trouver des routes vides...

On marque une pause lorsque la réserve du réservoir s’allume, ce qui arrive horriblement vite quand le V12 fonctionne à pleine charge. Mais on y retourne immédiatement après le plein de sans plomb 98 expédié façon junkie en manque, conscient de vivre une expérience rare qui n’existera bientôt plus que dans le passé de l’automobile et les épisodes du Grand Tour en replay sur Amazon Prime. Plus que les successions de vidages de réservoirs, il n’y a vraiment qu’une seule limite qui oblige à arrêter enfin sa folle épopée en Aventador Ultimae : le liquide de frein qui finit par se mettre à bouillir (allongeant subitement la pédale de gauche !) après de très longues minutes d’attaque endiablée passées à chauffer les disques et les fluides, me contraignant à reprendre enfin un rythme plus tranquille pour laisser refroidir tout le circuit. Enfin l’occasion de reprendre ses esprits et de baisser un peu le rythme cardiaque, ouf. Le matin suivant, puis le surlendemain, il sera impossible de résister à l’appel de nouveaux réveils anticipés pour revivre ça. Ni à celui de partir tard dans la nuit pour d'autres épopées mémorables en pleins phares. Il faut juste bien voir venir ce moment où la pédale de frein commence à s’enfoncer pour éviter une fin brutale façon « La ballade de Jim » avec sa Chrysler qui s’envole au-dessus des nénuphars. Avec un V12 de 780 chevaux dans le dos et un 0 à 200 km/h expédié en 8,7 secondes, le vol plané serait magnifiquement cinématographique.

Il faudrait être fou pour se lasser de ça. Et si quelqu'un vous suit la nuit, il verra parfois des flammes bleues sortir de l'échappement.
Il faudrait être fou pour se lasser de ça. Et si quelqu'un vous suit la nuit, il verra parfois des flammes bleues sortir de l'échappement.

Et puis, il a fallu déposer la Lamborghini à Cannes pour la laisser rejoindre définitivement l’usine de Sant’Agata (puis son musée). Dès les minutes suivantes, je me suis brusquement senti envahi d’une fatigue physique absolument insupportable. Le soir venu, je me suis couché à l’heure des poules et j’ai roupillé pendant dix heures. Rouler dans cette voiture rend tellement marteau que vous ne pensez même plus à dormir, préférant ne rater aucune seconde de ces journées spéciales (et même des nuits). Aussi imparfaite soit-elle, l’Aventador incarne pour moi exactement ce qu’une voiture de rêve doit être. Celle que je mettrais en premier dans mon garage si je devenais subitement très riche, celle qui me motive tous les matins à me lever pour travailler avec le but ultime de me glisser parfois au volant de machines aussi sensationnelles à vivre. Cette folle virée n’était de toute façon qu’un prétexte pour passer encore du temps en Aventador, puisque j’avais déjà eu la même révélation en conduisant les anciennes LP700-4, Veneno, Aventador S et autres SVJ.

Cette Aventador Ultimae aura visité toutes les plus belles routes de la Provence avant de revenir à Sant'Agata.
Cette Aventador Ultimae aura visité toutes les plus belles routes de la Provence avant de revenir à Sant'Agata.

Au final la vraie surprise de ce road trip, c’est plutôt la réaction unanime des gens vis-à-vis de la Lamborghini. On entend souvent dire que la voiture ne fait plus rêver en France, surtout à notre époque où le simple fait de continuer à posséder une auto individuelle devient socialement critiquable. Mais plongez une Aventador Ultimae dans la jungle marseillaise et vous ne verrez que des réactions incroyablement enthousiastes à l’égard de la machine. Jamais je n’ai vu quelqu’un s’énerver à son passage, ni même adopter une attitude de défiance à l’encontre de ce symbole absolu de l’automobile d’exception.

Beaucoup sortent leur appareil photo, certains demandent à poser à côté, d’autres supplient même d’entendre le moteur chanter. Je commence même à croire que les plus farouches opposants à la chose auraient peut-être un petit relent de curiosité positive en voyant passer cette automobile hors normes. Je découvre un véritable rôle social dans ces objets fascinants bien qu’inaccessibles, qui semblent faire plaisir rien que par leur existence. Voir passer une Lamborghini comme celle-là fait-il du bien au moral ? Je ne suis vraiment plus loin de le penser et d’ailleurs, j’ai moi-même des souvenirs émus de mes premières rencontres avec les autos de ce genre dans ma vie. Mais cet effet va visiblement très au-delà de la petite sphère des purs passionnés d’automobile, voilà le plus bel enseignement !

Le réservoir de l'Aventador Ultimae fait 85 litres. Et il se vide très vide quand on joue avec.
Le réservoir de l'Aventador Ultimae fait 85 litres. Et il se vide très vide quand on joue avec.

400 litres. Voilà la quantité de carburant que j'ai brûlé en Lamborghini Aventador Ultimae Roadster sur un peu moins de 2000 kilomètres entre Spa et Cannes en passant par de longs trajets autoroutiers et surtout, ces nombreux réveils à 5h du matin pour profiter des plus belles routes au lever de soleil sans personne à l'horizon. Je sais bien qu'on doit réduire au maximum notre consommation d'énergie pour sauver la planète mais avant de me faire lapider par Hugo Clément, j'aimerais quand même rappeler que 400 litres de carburant, c'est aussi ce que consomme en moyenne chaque passager d'un Paris-New York aller / retour. Alors s'il faut choisir entre tous ces hobbies polluants, je pense que je préfère rêver jusqu'à la fin de mes jours en repensant au hurlement extraordinaire du V12 résonnant contre les falaises de la route et à tout ce que cette machine procure de grandiose. Ou encore aux réactions incroyablement enthousiastes d'un grand public pas encore blasé par ces engins si fascinants, même en France.

Cette semaine, Lamborghini a dévoilé la remplaçante de l'Aventador, la Revuelto. Une machine hybride plus puissante (1015 chevaux), théoriquement plus performante et probablement bien plus polyvalente encore. Mais bon sang, pourvu qu’elle reste aussi spéciale dans le paysage automobile et culturel que l'Aventador !

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