" L'industrie automobile en Europe pourrait disparaître " selon Luc Chatel
Invité lors de la Rencontre des Pneus et Innovations, Luc Chatel a évoqué les difficultés et les enjeux de l’industrie automobile en Europe. Son discours se voulait nettement plus alarmiste qu’encourageant.

Il dirige la Plateforme automobile (PFA) depuis 2017, une organisation qui rassemble constructeurs et équipementiers (Stellantis, Renault, Michelin, Faurecia…), et sait de quoi il parle. Alors lorsque ces premiers mots évoquent une possible fin de l’industrie automobile sur le Vieux Continent, il capte l’attention.
Pour M. Chatel, cette éventualité est due à trois causes. La première est la « crise des volumes » puisque ces dernières années, les constructeurs ont davantage misé sur les prix que les volumes, le fameux " pricing power ". C-Ways indique que les prix ont augmenté d’environ 25 % entre 2020 et 2024. Cette hausse conséquente est liée à plusieurs facteurs, soit 6 % à cause des matières premières, et environ le même chiffre concernant le développement de l’électrification de nos voitures. Le mécanisme voulu par les constructeurs, c’est-à-dire la montée en gamme et la hausse des prix sont évaluées respectivement à 8 et 4 %. Cela signifie que les prix pratiqués aujourd’hui sont pour la moitié choisie par les marques. Or, l’industrie automobile a besoin de volume pour être viable.
La deuxième cause vient de la transition énergétique « subie » puisque « l’Europe n’a pas écouté les constructeurs et les industriels ». Rien de nouveau, mais Luc Chatel tient à le rappeler. « La décision d’interdire de vendre des voitures neuves thermiques en 2035 est dogmatique ». Le directeur de la PFA insiste sur le fait que l’UE aurait dû donner « le choix de la neutralité technologique » pour baisser les émissions et non imposer l’électrique. Il précise également que « l’automobile devra répondre à 100 nouvelles réglementations imposées par l’Europe d’ici 2030. »
Après les constructeurs, les équipementiers chinois ?
Enfin, « l’émergence de la Chine » à son rôle dans les difficultés rencontrées aujourd’hui. Sur les 90 millions de voitures que compte le marché mondial, environ 30 millions sont exportées depuis la Chine. L’année dernière, l’Union Européenne était déficitaire de 1,6 milliard d’euros sur les pièces détachées avec la Chine, selon l’Insee. Clairement, l’Europe a vu son solde commercial automobile se dégrader dans les années 2020, au profit de la Chine.
Pour Luc Chatel, l’Europe doit accueillir les entreprises chinoises « selon nos règles », c’est-à-dire les mêmes que celles qui concernent les joint-ventures mises en place par la Chine. Un principe réalisable ?
L’ancien ministre met aussi en garde les équipementiers européens, qui pourraient être suivre le même chemin et être « mangés » par les Chinois.
Des Key-cars pour soutenir l’industrie ?
Il y a quelques jours, le patron de Stellantis John Elkann indiquait vouloir s’inspirer du modèle japonais et notamment des " kei cars " pour relancer les petites voitures en Europe.
Une bonne idée en soi, mais qui se heurte aux normes européennes trop contraignantes pour vendre de petites voitures à des prix raisonnables. Luc Chatel est bien sûr de son avis et « indique qu’il y a un chantier en ce sens » sans pour autant développer davantage. Lui aussi jette la faute à l’UE en mettant en avant l’exemple de la disparition de la Twingo : « elle est morte à cause des normes Euro, une voiture du segment C peut le supporter, pas celle du segment A ». M. Chatel a ainsi décrit de façon assez précise la crise que connaît l’automobile européenne. Seulement les solutions ne semblent pas se bousculer au portillon…
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération