L’État est-il en passe de gagner son pari sur le covoiturage au quotidien ?
Les derniers chiffres publiés par l’Observatoire National Covoiturage du Quotidien révèlent une croissance de +47 % du nombre de trajets covoiturés en un an. Exceptionnel ou durable ?
Sonnez hautbois, résonnez musettes, le taux de covoiturage au quotidien s’est envolé de près de 50 % sur un an. Après avoir passé pour la première fois la barre du million en octobre dernier, l’Observatoire du covoiturage enregistre en novembre près de 1 352 000 trajets covoiturés (vs 919 000 en novembre 2023). Il s’agit ici que des chiffres des parcours de moins de 80 km. Un record, dont se réjouissent les 23 opérateurs du marché.
Cette progression s’avère très hétérogène sur l’ensemble du territoire. Les métropoles de Montpellier, Annecy et Saint Denis de la Réunion, composent le top 3 des territoires les plus efficients en matière de covoiturage avec plus de 20 000 trajets quotidiens recensés. Ailleurs, notamment loin des métropoles et des bassins d’emplois, la pratique passe sous les radars.
Un pari atteignable sous conditions
Sur l’ensemble des territoires, la part du covoiturage demeure minoritaire. La pratique concernerait à peine 5 % des trajets quotidiens. Un chiffre très éloigné de l’objectif des 10 % espérés. Il n’empêche ! Si la forte progression (+ 47 %) de ce dernier trimestre se poursuit, l’intention des 3 millions de trajets covoiturés quotidiens d’ici 2027, fixée dans le plan national covoiturage du quotidien sera atteint, voire dépassée.
Optimiste, Matthieu Kamm, responsable des collectivités chez l’opérateur Karos, « ce qu'il faut plutôt regarder aujourd'hui ce sont les dynamiques haussières sur toute la France et avoir en tête que l'immense majorité des néo-covoitureurs passent par une plateforme ». Le nombre de covoitureurs « en ligne » a effectivement doublé sur l’année.
Le brouillard des chiffres
Pourtant le dernier baromètre de l’autosolisme publié par Vinci cet automne affirme que les Français délaissent le covoiturage. Pour Karos l’étude « présente néanmoins un angle mort considérable. Les mesures n’ont été réalisées que sur des tronçons autoroutiers du concessionnaire, à proximité de péages, les nouveaux covoitureurs sont totalement allergiques aux péages et font partie de ceux qui les évitent à tout prix ! » Et de rappeler que « le covoiturage domicile – travail est au contraire plébiscité par des travailleurs modestes, prêts à prendre un passager sur un court trajet pour gagner quelques euros ». Si on ajoute le fait que 96 % du covoiturage se fait de façon informelle, de gré à gré entre particuliers sans passer par l'intermédiaire d'une plateforme, il apparaît bien difficile de comptabiliser réellement l'ampleur du covoiturage en France.
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