John Hennessey, l'homme qui injecte du venin à ses voitures
LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Après avoir boosté les voitures des autres, il a fini par créer les siennes, les Venom GT et Venom F5. Cette dernière, à l'incroyable fiche technique, est censée être la voiture de tous les records.
John Hennessey et sa Venom GT.
Les Texans aiment les ribbs et le top fuel, le barbecue et les dragsters. Si l’on ne connaît pas les penchants de John Hennessey en matière de grillades, on n’ignore rien de ses goûts en ce qui concerne les dragsters. C’est même de cette manière qu’il a entamé sa carrière : en faisant fumer des pneus sur un huitième de mille de la piste de Dallas, notamment.
Mais rapidement, le pilote en a assez des départs arrêtés sur les circuits. L’envie le taraude de préparer des voitures pour la route, et de les vendre à une clientèle friande de muscle cars. C’est en 1991 que Hennessey Performance Engineering voit le jour à Sealy, une bourgade du comté d’Austin. Avec une poignée de mécanos, Hennessey commence à transformer des Dodge Charger et Ford Raptor. Bien sûr, il leur apporte quelques changements cosmétiques mais surtout, aucune auto ne sort de son garage si elle n’atteint pas 500 ch.
Le roi des "tuneurs"
La réputation de la maison commence à dépasser les frontières du Texas, mais c’est en 1997, qu’elle va franchir celle des États-Unis. Cette année-là, il présente une Dodge Viper un peu spéciale. Rebaptisée Viper Venom 650 R, elle jauge tout de même 650 ch. Surtout, elle atteint 320 km / h. De quoi permettre à Hennessey d’intégrer la très restreinte confrérie des grands préparateurs mondiaux.
Mais il veut aller plus loin, tout en conservant le nom qu’il a trouvé pour ses autos : Venom, le venin, celui qu’il leur injecte. Vieux réflexe : il s’occupe d’une auto déjà existante, une Lotus Elise et la désosse totalement. Il la martyrise même, en l’écartelant. Plus longue et plus large, cette Venom GT parait en 2011.
Elle dispose d’un V8 auquel deux turbos viennent s’agripper pour lui offrir la puissance de 1 244 ch. Ainsi harnaché, l’engin s’offre une pointe à 430 km / h en 2014. Bugatti est battu, mais John Hennessey est froissé. Il en a marre de se voir traiter de tuneur, certes doué, mais seulement capable de booster des autos déjà existantes. Pas de quoi entrer dans la cour des très grands. Alors il va leur montrer.
Il se met au travail pour créer une auto rien qu’à lui, en partant d’un rien. Trois ans plus tard, au Sema show de Los Angeles 2017, il présente une silhouette de son ovni : la Venom F5. Dans ce salon ou les préparateurs sont rois, il déroule les performances du futur modèle : un V8, de 6,6 l, très vaguement tiré d’une base Chevrolet. Il y ajoute deux turbos et déploie 1 817 ch à 8 000 tr/mn et 1 625 Nm à 5 000 tr/mn. Le tout est logé dans un châssis maison et une carrosserie Hennessey, en carbone, bien entendu. Le concept dévoilé fait un carton et pendant le salon, l’entreprise enregistre 6 bons de commande. À 2 millions de dollars l’unité, le patron est optimiste et son auto entre en chantier.
Hennessey recrute tout azimut. Il débauche notamment John Heinricy, l’ancien responsable de la division Performance chez General Motors pour superviser l’affaire. Et il y a du boulot : il faut concevoir et faire fabriquer près de 3 000 pièces pour assembler la Venom F5 qui devra être produite à 24 exemplaires seulement.
En 2021, l’auto est prête et commence à être commercialisée. Selon le patron, elle est capable d’atteindre 490 km/h, de quoi faire mieux que la Bugatti Chiron Super Sport. Encore faut-il le prouver par voie de chronomètre interposé. Le record est tenté l’été dernier sur une piste de la Nasa en Floride.
La voiture démarre, très fort, mais alors qu’elle dépasse les 400 km/h, l’aérodynamique ne répond plus. Le pilote perd le contrôle et c’est le crash. Par miracle le pilote s’en sort totalement indemne. On ne saura donc pas si la Venom F5 frôle les 500 km / h, mais on sait, en revanche, que la sécurité passive de l’auto est particulièrement bien pensée. Depuis cet été, John Hennessey est rentré dans sa petite usine de Sealy ou il revoit les appuis de sa Venom. Pendant ce temps-là, il continue de préparer des pick-ups surpuissants dont raffolent les Texans.
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