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Jean-Louis Trintignant : plus qu'un gentleman driver, un prince de la route et des plateaux

Dans Loisirs / Cinéma

Michel Holtz

Boulimique de cinéma et de théâtre, le comédien disparu aujourd'hui à l'âge de 91 ans a bouffé la vie, les planches et les plateaux de cinéma. Et quand on vit à 100 à l'heure, et que l'on descend d'une lignée de pilotes, on aime la voiture. Le comédien, réalisateur et pilote, nous a quitté cet après-midi.

Jean-Louis Trintignant : plus qu'un gentleman driver, un prince de la route et des plateaux

Il y a quelques années, il raccrochait ses gants de pilote et quand on lui demandait pourquoi, il se plaisait à dire qu’il était désormais « incapable de faire un tête à queue à 140 km/h ». Aujourd’hui, il a raccroché d’autres gants, ceux de sa vie, celle de Jean-Louis Trintignant, immense comédien, et grand amateur d’automobiles, celles de tous les jours et celles de toutes les pistes qui ont fait de lui, plus qu’un « gentleman driver », un prince de la route et des circuits.

Cette passion de la vitesse et de la voiture, il ne pouvait y échapper, couvé par ses trois oncles pilotes qui se sont penchés sur son berceau, dès sa naissance, le 11 décembre 1930. Autour de lui, ses fées s'appellent Louis Trintignant, qui se tue lors des essais d'un grand prix quand Jean-Louis avait trois ans. Il y avait aussi l'autre oncle, Henri, qui a couru le grand prix de France en 1936. Il y avait surtout Maurice, celui pour qui on a inventé le terme de gentlemen driver, celui qui a tout gagné, Le Mans, bien sûr, mais aussi deux grands prix d'une F1 balbutiante dans ces années 50 et 60. Mais le neveu ne suivra pas leur trace, pas professionnellement en tout cas.

Il se rêvait réalisateur, il est surtout devenu un très grand acteur

Ado, il découvre la poésie, mais se traîne sur les bancs de la fac de droit d'Aix en Provence, parce qu'il faut bien s'occuper. C'est dans cette ville qu'il découvre le théâtre, mais aussi le cinéma, deux arts qui lui font lâcher le Code pénal. Mais le jeune Trintignant est scolaire. Alors, il suit des cours d'art dramatique, et en parallèle, s'inscrit dans une école de cinéma. Son idée ? Être réalisateur pour le grand écran, et comédien sur les planches. il réalisera deux longs-métrages (Une journée bien remplie en 1972 et le maître nageur en 1978). Mais s'il jouera au théâtre durant toute sa carrière, la reconnaissance et la notoriété lui viendront surtout de ses grands rôles au cinéma. Parfois, les trajectoires que l'on se rêve adolescent vieillissent au fil des ans.

C'est une autre trajectoire qu'il retrouvera une fois sa notoriété et l'aisance financière acquise : celle des circuits et des spéciales de rallye. Car Trintignant s'est toujours flatté d'être un amateur en matière d'automobile. Même si, par atavisme peut-être, il avait beaucoup plus de talent que la plupart des stars qui se font régulièrement plaisir au volant de quelques voitures de course.

En compagnie d'Anne-Charlotte Verney, sa co-pilote au Mans.
En compagnie d'Anne-Charlotte Verney, sa co-pilote au Mans.

Cette notoriété, il va l'acquérir en même temps qu'une jeune comédienne avec laquelle il partage le générique, celui de Et dieu créa la femme, de Roger Vadim. Mais si Brigitte Bardot prend toute la lumière, le film permet à Trintignant d'enchaîner les rôles, jusqu’à l'OVNI Un homme et une femme, le premier (et certainement le meilleur) film de Claude Lelouch sorti en 1966. Le long-métrage  décroche la Palme d'or à Cannes, l'Oscar du meilleur film étranger et propulse son réalisateur et ses acteurs (Trintignant et Anouk Aimée) vers les sommets. Et non seulement cette première œuvre va transformer l'ex-étudiant en droit en star du cinéma (il décrochera le prix d'interprétation au même festival de Cannes trois ans plus tard), mais il le ramène aux bons souvenirs de ses oncles pilotes puisque dans le film, Jean-Louis Duroc est lui-même coureur automobile et il conduit, entre autres, une Ford Mustang sur les routes du Monte-Carlo. D'ailleurs le personnage interprèté par Trintignant n'était pas un pilote au départ. A l'origine, dans le scénario de Lelouch, il était médecin. Sur l'insistance de son interprète, le réalisateur est revenu sur sa première idée, pas fâché du tout de la modification, puisqu'il était lui même fan d'automobile.

La confrontation avec les pros

Alors, dans ces années soixante finissantes, il va prendre le volant, au cours de rallyes régionaux d'abord, puis sur les circuits ou sont programmées les courses monotypes du Star Racing Team en Simca 1000 rallye. La compagnie de Moustache, Guy Marchand ou Claude Brasseur lui convient parfaitement, mais pas le niveau de pilotage, car ce perfectionniste veut se confronter à de vrais pros. Ce seront ceux du Tour de France auto, quand l'épreuve n'était pas encore le rassemblement de collectionneurs d'anciennes qu'elle est aujourd'hui, avant ceux de l'épreuve reine : les 24 heures du Mans.

Au volant de la Porsche 935 au Mans, en 1980.
Au volant de la Porsche 935 au Mans, en 1980.

Il y participe en 1980 sur une Porsche 935. Mais le dimanche matin, à quelques heures de la fin de la course, sa voiture déjante dans la ligne droite des Hunaudières. Il est à près de 300 km/h. L'auto rebondit entre les rails, puis s'arrête. Il est indemne. En rentrant aux stands, il déclare, «quand on me parlait du Mans, on me disait toujours: on s'y tue sur la ligne droite. Alors, je me suis dit que j'allais mourir, mais qu'il fallait que je tente quelque chose. J'ai coupé le circuit électrique ; j'ai débrayé et j'ai fait un tête-à-queue.». Bien lui en a pris. la même année, et dans la même catégorie, il décrochera la deuxième place aux 6h de Spa.

Les années 80, sont les années Dakar. Le rallye-raid attire les stars, et Trintignant se laisse convaincre d'y participer comme d'autres. Sans résultats et sans trop de passion. Il courra encore quelques Monte-Carlo (il participera à la course mythique à sept reprises) avant de raccrocher les gants. Mais la course automobile ne disparaît pas de sa vie, elle y fait même irruption puisque dans ces années-là, il rencontre la pilote de rallye Marianne Hoepfner. Il l'épousera en l'an 2 000. Elle était à ses côtés au moment du drame qui a déchiré sa vie, à la mort de sa fille Marie en 2003. Elle était là, aussi cet après-midi, lorsqu'il s'en est allé suivre une autre route.

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