Interview : Olivier Pain, champion du monde des rallyes 450 et pilote professionel bénévole !
Olivier Pain vient de terminer la saison de la coupe du monde FIM des rallyes, fin octobre, avec le titre 450 en poche.
Il repart dans 15 jours pour un nouveau Dakar, avec une revanche à prendre sur le continent sud-américain, après son retrait en janvier dernier après seulement 5 jours de course.
Le garçon est plutôt discret, nous connaissons assez mal son parcours malgré ses résultats en rallye. Après une très brève rencontre dans les ateliers de HFP à Laval, là où est préparée sa moto, c'était l'occasion d'appeler Olivier pour faire un peu mieux connaissance.
Olivier, tu es champion du monde des rallye-raids en 450 2009, comment es-tu venu à la moto ?
Dès l'age de 5 ans, j'ai commencé à tourner en rond dans mon jardin, quand j'ai grandi, j'ai dit à mon père que j'aimerais bien me faire des copains pour rouler en moto, j'ai commencé en 80, en Ufolep, j'ai commencé à faire quelques résultats.
J'ai passé mon permis 125 et j'ai commencé l'enduro, j'ai fait du régional, enduro, endurance, cross.
En enduro, j'ai eu des titres de champion de ligue. En 2000, j'ai commencé le championnat de France, et en 2002-2003, j'ai intégré l'équipe de l'armée de terre.
En 2004, j'ai continué l'enduro en temps que privé et j'ai repris le travail dans l'entreprise familiale. J'ai commencé un BTS « Force de vente » en alternance.
En enduro, j'ai fait le championnat d'Europe, du championnat du monde avec l'armée, j'ai continué à faire quelques épreuves en championnat du monde sans succès et en France, j'étais dans les 15-20 meilleurs Français.
Comment arrives-tu à ton premier rallye ?
J'ai fait le Dakar 2006, c'est mon premier rallye. Il y avait « Le guidon Euromaster » pour ce Dakar 2006.
Euromaster offrait à un pilote la totalité de la prise en charge pour la course, il n'y avait qu'à monter sur la moto. Je me suis inscrit au concours, et c'est moi qui l'ai remporté.
J'avais prévu de le faire en 2007 pour mes 25 ans, j'étais en forme physiquement, c'est quelque chose qui m'a toujours fait rêver le Dakar, depuis tout petit, je suivais ça à la télé avec mon père.
Je suis même allé sur quelques prologues où il y avait Neveu.
Là avec le guidon Euromaster, c'était l'occasion de partir dans des conditions exceptionnelles.
Depuis, quand je pars au Dakar, même si je fais en sorte d'être bien organisé au niveau logistique, avec Euromaster, j'étais presque pilote d'usine.
Ca s'est passé de quelle façon la sélection à ce guidon Euromaster ?
Il fallait envoyer une lettre de motivation, c'était l'été 2005, on a été 15 sélectionnés et début novembre, on nous a tous rassemblé pour une journée test, avec épreuve de navigation, pilotage, mécanique, médecin et 20 minutes de jury avec les patrons d'Euromaster et Mutant.
David Frétigné faisait parti du jury coté moto. A la fin de la journée, ils ont donné les résultats et c'est moi qui a été sélectionné.
Je suis arrivé pour ce Dakar 2006 avec mon sac, on m'a donné une tenue Euromaster et je suis monté sur la moto.
Sans avoir fait de petits rallyes, tu te retrouves directement sur ce Dakar, ça s'est passé comment ?
J'ai réussi à finir, ce qui n'a pas été évidant, et je me classe 28ème.
En 2007, je repars de mes propres moyens et je termine 16ème.
Cette même année, je fais les Pharaons pour prendre de la vitesse, de l'expérience, et je fini 6ème.
En 2008, avec l'annulation du Dakar, je roule sur le rallye de Tunisie, et je le gagne, c'est ma première victoire en rallye.
Cette année, je suis reparti sur le Dakar en janvier, le 4ème jour, je suis 9ème au provisoire sans rouler au delà de mes possibilités et je casse le moteur. Je repars le lendemain, loin au classement et je chute, et là c'est l'abandon avec un léger trauma.
En février, j'ai fait le touquet où je termine 24ème.
Revenons à cette année, tu fais la coupe du monde FIM des rallye-raids et tu la gagnes !
Oui, cette année, je gagne de nouveau la Tunisie, je fais 2 en Sardaigne, 3 aux Pharaons et 1er pour finir au Maroc.
As-tu eu des retombées après ton titre de champion du monde 2009, ta 16ème place en 2007 au Dakar, des propositions intéressantes ?
Non, rien, rien de sérieux. J'ai même donné de ma poche pour finir la coupe du monde cette année.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, je ne gagne rien, pas un euro. Je n'ai jamais été payé.
Je suis pilote professionnel bénévole. Je n'ai aucun contrat, je suis toujours privé. Je travaille tous les jours dans l'entreprise familiale pour vivre.
J'ai juste un ou deux deals avec un mec qui me donne deux tenues, c'est tout. Pour ce Dakar, j'ai mon concessionnaire Moto Start de Poitiers qui m'aide. Je dois trouver des sponsors comme tous les privés.
C'est impensable, au niveau auquel tu roules, on pense que tu es bien rémunéré, ça te force à des objectifs pour ce Dakar qui arrive ?
Me faire plaisir avant tout, finir dans les dix, mieux si possible, avec le nouveau règlement des 450, c'est un peu l'inconnu.
J'ai fais une bonne préparation hivernale, je suis bien physiquement.
J'ai une bonne moto, une 450 Yamaha, préparée chez HFP à Laval, on a bien travaillé dessus.
J'aimerais enfin trouver ma place parmi les premiers pour au moins avoir un contrat qui me permette de travailler à mi-temps, qui me laisse du temps pour ma préparation. J'ai déjà 28 ans, il est temps.
Après le Dakar, quel sera ton programme 2010 dans ces conditions financières ?
Dans les conditions actuelles, je suis incapable de refaire une saison financièrement, je ne peux pas remettre mon titre en jeu.
Merci Olivier, je te souhaite le meilleurs résultat possible, avec un contrat au bout, prend soin de toi.
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