Idée reçue : non, 15 porte-conteneurs ne polluent pas autant que toutes les voitures de la planète
Avec l'été vient le retour des croisières en bateau. Et le débat éternel de la pollution des immenses navires. Nous lisons ainsi souvent que la vingtaine de porte-conteneurs mondiaux polluerait plus que l'ensemble des véhicules terrestres sur Terre. Sauf que ce n'est pas totalement vrai.
Nous sommes sur un site automobile, et nous aimons tous quelque part nos voitures. Mais il faut aussi remettre en perspective une chose que nous lisons souvent, et qui revient régulièrement. "Les 15 plus gros tankers du monde polluent autant que tous les véhicules terrestres, soit plus de 700 millions d'engins sur les routes". Cette affirmation est à la fois vraie et fausse.
Malheureusement, le transport maritime (comme l'aérien) ne faisait pas partie de l'accord de Paris sur le climat. Il échappe depuis des années à des contrôles drastiques, comme il peut y en avoir dans l'automobile. Mais cela bouge petit à petit : l'OMI (organisation maritime internationale) a signé un accord historique en avril dernier : "la stratégie initiale prévoit pour la première fois (...) de diminuer les émissions totales de GES d'au moins 50% d'ici 2050 par rapport à 2008, tout en poursuivant ses efforts pour les éliminer complètement".
Les taux de soufre dans le carburant sont par ailleurs de plus en plus contrôlés dans le transport maritime. Aujourd'hui, nous sommes entre 2 et 3 % de soufre, la faute à des mécaniques qui n'aiment pas les carburants trop pauvres en soufre.
De vrais efforts ont toutefois été consentis depuis 2015. Les Etats-Unis et l'Europe avaient notamment créé des zones de faibles émissions. Concrètement, les navires peuvent utiliser le carburant lourd au large, mais doivent obligatoirement passer au carburant pauvre en soufre (un carburant qui s'apparenterait en quelque sorte au gazole des poids lourds), le ULSMGO (Ultra-Low-Sulphur Marine Gas Oil), dès qu'il s'approche des centaines de zones de faibles émissions (qui entourent la plupart des régions économiques européennes et américaines), à 200 miles nautiques (soit 370 km environ).
En résumé, des efforts sont faits, mais tant que les flottes ne seront pas renouvelées et que le carburant lourd classique est toujours bien moins cher que le carburant à très faible taux de soufre, les choses mettront du temps à évoluer.
Et c'est justement à cause de ce souffre que le transport maritime est régulièrement pointé du doigt. Mais 15 supertankers peuvent-ils réellement polluer autant que 800 millions de véhicules terrestres ? Si l'on prend en compte les polluants tels que le souffre, c'est effectivement le cas. Mais…
Le transport maritime reste le plus efficace en matière de CO2 pour les marchandises
En ce qui concerne le CO2, c'est une tout autre affaire. Même s'il ne s'agit pas d'un polluant, cela reste un gaz à effet de serre. Et à ce petit jeu, le transport maritime est nettement plus efficient. Il faut en effet raisonner en termes de rejet de CO2 par tonne de marchandise transportée.
Un supertanker est capable de transporter des quantités astronomiques de biens (véhicules, bien de consommation courante…) sur un terrain qui ne nécessite aucune modification : l'eau ! Si l'on devait transporter les produits manufacturés depuis la Chine vers l'Europe uniquement par poids lourds, autant dire que les émissions de CO2 mondiales exploseraient. Et c'est sans compter sur les destructions d'environnement pour créer des routes.
Une chose est sûre : si la croissance de la consommation mondiale se poursuit, selon les récentes études, les transports maritimes et surtout aériens pourraient représenter 40 % des émissions de CO2 en 2050 (17 % pour le maritime, 23 % pour l'aérien). Et l'on ne parle que de CO2, qui a un impact plus faible que le méthane sur l'effet de serre. L'industrie agroalimentaire (et notamment l'élevage et l'industrie laitière), pourrait, selon une toute récente étude, dépasser l'industrie pétrolière d'ici 2050. Et ce secteur là rejette énormément de méthane…
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