Fiat Multipla 1.6 vs Renault Mégane Scenic 1.6 16v, deux monospaces youngtimer à prix mini, dès 1 000 €
Esthétique conformiste côté français, look extraterrestre côté italien, mais espace et compacité dans les deux cas. Voici deux façons de rouler désormais décalé, en famille et à budget rikiki.
Les forces en présence
- Fiat Multipla 1.6 (1999-2010) : monospace 5 portes, 4-cylindres en ligne 1,6 l, 103 ch, 1 300 kg, 170 km/h, à partir de 1 500 €.
- Renault Mégane Scenic 1.6 16v (1999-2003) : monospace 5 portes, 4-cylindres en ligne 1,6 l, 110 ch, 1 250 kg, 185 km/h, à partir de 1 000 €.
La décennie 90 est celle de l’essor des monospaces, phénomène initié par Renault en Europe avec l’Espace en 1984. Celui-ci a mis un peu de temps à trouver sa clientèle, mais en 1991, quand sa 2génération apparaît, elle convainc la concurrence de réagir. VW et Ford s’allieront, tout comme Fiat et PSA, mais Renault reprendra une longueur d’avance en lançant sa Mégane en 1996. Il s’agit du premier monospace compact européen moderne et il se taillera la part du lion, seul sur son marché pendant deux ans.
Le premier à réagir est Fiat en 1998. Inventeur sans le savoir du monospace dès 1956 avec la 600, il reprend cette dernière appellation pour son drôle d’engin. Car le géant italien, contrairement à Renault, a choisi un look très décalé et une structure originale pour son monospace compact, à la gamme peu développée. Commercialement, c’est le losange qui aura raison, mais à l’heure actuelle, l’ovni transalpin intéresse un peu plus les chasseurs de. On choisira ces deux véhicules en essence, pour échapper aux restrictions liées aux ZFE.
Présentation
Renault croit dur comme fer aux monospaces depuis le succès de l’Espace. Cela l’empêchera de voir à temps l’essor des SUV, mais avant cela, il fera ses choux gras des monocorps familiaux. En 1991, il présente le concept Scenic, très original et astucieux, qui aura une adaptation lointaine en grande série. Il apparaît en 1996, et dérive de la berline Mégane lancée un an avant, évolution technique de la R19.
Renault joue la sécurité, étonnamment, et le présente comme une variante monocorps de sa compacte en le nommant Mégane Scenic. En effet, il nourrit de grandes ambitions pour ce dernier et veut éviter d’effaroucher une clientèle qu’il juge énorme. Courte (4,13 m), la Mégane Scenic n’en accueille pas moins généreusement 5 passagers sur des sièges indépendants, ceux de l’arrière étant repliables et amovibles.
Sur les versions supérieures, ils sont aussi coulissants et inclinables, tout en s’accompagnant d’une pléthore de rangements, jusque dans le plancher. Trois niveaux de finition sont proposés RTA, RTE et RXT, cette dernière offrant de série la clim, la sono, ainsi que les quatre vitres et rétros électriques. Sous le capot, on trouve un 1,4 l de 75 ch, un 1,6 l de 90 ch, un 2,0 l de 115 ch et un 1,9 l turbo-diesel à injection directe de 98 ch. Les prix étant raisonnables (de 105 900 F pour la 1.4 RTA à 144 900 F pour la 1.9 DTI RXT), le succès se révèle considérable, surprenant Renault qui doit repenser d’urgence son outil industriel.
La gamme évolue pour 1999 : fin de la RTA et du 1,4 l, arrivée du 1,6 16 soupapes de 110 ch, 2,0 l uniquement disponible en automatique, et équipement enrichi. En juillet 1999, la Mégane Scenic, restylée, se renomme simplement Scenic. La gamme se développe tous azimuts : 1,4 l 16 soupapes 90 ch en remplacement du 1,6 l 8 soupapes, nouvel 1,8 l de 120 ch, 2,0 l passant à 140 ch (et disponible en boîte manuelle), diesels atmo et DTI, version RX4 à 4 roues motrices et au look (raté) de SUV… N’en jetez plus ! En 2003, le Scenic change de génération, après avoir été produit à près de 2 millions d’exemplaires. Un triomphe !
Fort du succès d’estime remporté par son concept Multipla au salon de Paris 1996, Fiat présente la version définitive deux ans plus tard, sans en dénaturer l’aspect, hormis la perte des boucliers peints. L’esthétique se révèle donc étrange et clivante, pour dire le moins, avec ce drôle de bourrelet à la base du pare-brise. Fiat ne croyant pas au boom du marché des monospace, il a conçu son Multipla comme un véhicule de niche, donc voué à des volumes assez modestes (50 000 exemplaires par an). Cela explique non seulement son design mais aussi sa structure, de type Spaceframe.
Composée de profilés soudés, elle est relativement peu onéreuse à développer mais ne se prête pas aux forts volumes de production, car son assemblage est long. L’originalité préside aussi à l’aménagement intérieur, accueillant six passagers sur deux rangées de trois sièges quasi-identiques. Le tout, dans 3,99 m de long. Tour de force, même si la largeur atteint 1,87 m. Techniquement, on retrouve les suspensions et les moteurs de la compacte Brava : un 1,6 l 16 soupapes de 103 ch et un 1,9 l turbo-diesel common-rail JTD de 105 ch.
Deux finitions sont au programme. La SX, incluant le double airbag, les vitres électriques et les sièges amovibles, et l’ELX, ajoutant la clim, les jantes alliage, le radar de recul, les lave-phares, les antibrouillards avant et la modularité avancée (siège central arrière coulissant, tiroirs sous les fauteuils avant). En option, sur les deux, on trouve le GPS, les toits ouvrants, et sur l’ELX, la clim auto ainsi que les vitres arrière électriques. Les prix, intéressants, varient de 106 900 F en 1.6 SX à 135 400 F en JTD ELX.
Le Multipla remplira initialement ses objectifs commerciaux modestes, mais pas plus. Fiat traversant une énième crise financière, la version hybride initialement prévue passera à la trappe. En fait d’évolutions, le monospace italien se contentera d’un diesel passant à 110 ch en 2001 (ce qui s’accompagne du montage d’un ordinateur de bord et d’un compte-tours), puis 115 ch en 2003. Fin 2004, l’avant est restylé de façon consensuelle, en 2006, le diesel grimpe à 120 ch et en 2010, le Multipla disparaît, fabriqué à 344 841 unités. Soit à peu près 1 an et demi de production de Scenic… Fiat n’a pas du tout compris le marché.
Fiabilité/entretien : des rivaux robustes
Conçue à une époque où Renault pensait qualité, la Mégane Scenic se révèle endurante, du moins en essence. Le 1,6 l à 16 soupapes ne pose d’autres soucis que des bobines parfois défaillantes, un défaut normalement résolu à l’époque. Ce bloc passe aisément les 200 000 km sans ennui majeur, tout comme la boîte, à condition, évidemment, d’être bien entretenu. Vu l’âge du véhicule, on surveillera la corrosion, attaquant notamment les passages de roue arrière. Côté suspension, on relève des casses d’amortisseur arrière, ce qui se résout aisément. Pour sa part, l’habitacle vieillit très correctement, mais l’électronique se montre parfois capricieuse : soucis d’antidémarrage, allumage de témoins sans raison… Rien de très grave.
Mécanique sans souci également pour le Multipla, qui passe aisément les 200 000 km, là encore, moyennant un entretien rigoureux. La boîte cédera avant le moteur en fin de compte. Les bras de suspension arrière prennent du jeu à gros kilométrage, alors que les trains roulants nécessitent des réglages précis. Si on relève des ennuis d’antidémarrage et des témoins qui s’allument inopinément (surtout celui de l’airbag), ça n’a rien de grave. Le vrai souci du Multipla, c’est son habitacle vieillissant très mal, avec ces plastiques qui se rayent, ces boutons qui cassent… Cela n’empêche pas de rouler, certes.
Avantage : Scenic. S’il est difficile de départager les deux concurrents sur la fiabilité mécanique, le Renault prend le dessus grâce à son habitacle vieillissant mieux.
Vie à bord : l’espace, c’est italien
Dans le Scenic, on ne sera pas surpris par le design, très classique. En revanche, on apprécie la finition correctement travaillée, la sellerie confortable et surtout la modularité. À l’arrière, les sièges latéraux coulissent et s’inclinent, alors qu’on a des rangements dans le plancher. En retirant tout, on augmente le volume de coffre de 410 l à 1 800 l : une vraie caverne. Cela dit, la place centrale reste étroite, et on ne pourra loger trois sièges bébé côte à côte. À l’avant, c’est plus conventionnel, même si, en RXT, on a des tiroirs sous les sièges.
Dans le Multipla, on profite d’un espace équivalent à celui d’un… Renault Espace ! La largeur utile se révèle considérable, permettant l’installation de six places aussi confortables les unes que les autres. On apprécie aussi la luminosité incroyable. À l’arrière, les dossiers s’inclinent, se rabattent, et les sièges retirent complètement. Du coup, le volume passe de 430 l à 1 900 l. Énorme ! À l’avant, on trouve deux rangements fermés sur la coiffe de la planche de bord, une étagère au niveau des genoux des passagers, un tiroir sous les sièges en version ELX… Très pratique. On peut aussi troquer la place centrale contre une glacière. Seulement, la finition est franchement détestable et l’aspect pas très engageant.
Avantage : Multipla. Malgré sa finition lamentable, le Fiat gagne en raison de son espace supérieur et de ses possibilités d’aménagement plus poussées.
Sur route : Un Scenic plus performant
A bord du Scenic, on est initialement déçu par la position de conduite. Volant trop à plat, levier de vitesses très éloigné, on n’est pas bien installé. Le moteur, assez souple, ne manque heureusement pas de peps, prenant allègrement ses tours. Il offre des performances très convenables, mais dans les montées autoroutières, il ne faudra pas hésiter à rétrograder (la commande de boîte est douce) et à l’entendre brailler si l’on veut conserver sa vitesse…
La suspension filtre bien les inégalités, au bénéfice du confort, mais engendre un roulis important. La tenue de route demeure très sûre, mais le comportement se révèle pataud, donc sans agrément. Un bon véhicule familial en somme. Pas de souci côté freinage.
À bord du Multipla, c’est l’inverse. La position de conduite apparaît bien mieux étudiée que celle de la Renault, grâce au volant vertical et au levier de vitesse surélevé, donc bien à portée de main. Comme celui du Scenic, le bloc se révèle souple et volontaire, offrant en sus une sonorité sympa. Seulement, il manque de souffle, malgré la 5 très courte. En cause, le poids, plus élevé que celui du Scenic, et sa cavalerie moindre. Il fait le job avec bonne volonté et pas mal de vocalises.
Heureusement que la commande de boîte est rapide à actionner ! La bonne surprise, c’est le châssis. Le Fiat est vif de réactions, vire à plat et tient extrêmement bien la route. Bel agrément. Revers de la médaille, la suspension se révèle ferme, sans se montrer inconfortable.
Avantage : égalité. Si le Multipla offre un châssis et une position de conduite meilleurs que ceux du Renault, celui-ci contre par des performances plus élevées et un confort supérieur.
Budget : l’abondance fait baisser les prix du Scenic
Très abondant, le Scenic 1.6 16v se déniche à vil prix en bon état. Comptez 1 000 €, avec certes plus de 200 000 km. À 2 000 €, on trouve de jolis exemplaires s’en tenant à 150 000 km, et à 3 200 €, on en a même dégotté un de 30 000 km ! Côté consommation, tablez sur 9 l/100 km en moyenne.
Plus rare que le Scenic car bien moins vendu en neuf, le Multipla 1.6 coûte également plus cher. Il faudra systématiquement compter 500 € de plus que pour le Renault, à état et kilométrage équivalents. Du surcroît, le Fiat se montre plus gourmand, avalant 10 l/100 km en moyenne.
Avantage : Renault. Moins cher et plus frugal, le Scenic remporte ici une victoire logique.
Verdict : le pragmatisme à la française prime
Moins ambitieux que le Multipla par sa conception, le Scenic est aussi plus réaliste. Certes, il marque le pas en matière d’habitabilité et de qualités routières, mais compense par un confort, une finition et des performances supérieurs, tout en consommant moins et s’offrant à meilleur prix. Cela dit, le Fiat est d’ores et déjà un collector, si on le déniche en parfait état.
Au final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Renault |
Vie à bord | Fiat |
Sur la route | Égalité |
Budget | Renault |
VERDICT | Renault |
> Pour trouver ces modèles en occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale : Renault Scenic, Fiat Multipla.
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