Fiat, l'homme malade de Stellantis
L'INFO DU JOUR. Ventes européennes en berne, sites de production en difficulté et perspectives peu engageantes: Fiat traverse une zone de fortes turbulences, et on ne voit pas ce qui pourrait l'en extraire à court terme.
Longtemps fleuron de la production industrielle italienne, l’usine Fiat de Mirafiori devrait voir son activté interrompue fin novembre pour une durée d’au moins un mois, ainsi que le rapporte l’agence Reuters. Cette mise à l’arrêt intervient après celle qui avait couru de la mi- septembre jusqu’au 1er novembre, laquelle avait été précédée d’autres interruptions ou productions à rythme réduit plus tôt dans l’année. Cette accumulation de "stop & go" du site qui produit la Fiat 500 électrique (ainsi que deux modèles Maserati) symbolise les difficultés que rencontre Fiat actuellement.
La marque a ainsi vendu moins de 25 000 exemplaires de la 500e en Europe au cours des neuf premiers mois de l’année, contre 48 000 un an plus tôt. La 500 thermique suit la même tendance, passant de 84 000 à 59 000 unités, et dans sa gamme automobile seule la modeste Panda parvient à surnager, avec une progression de 7% par rapport à 2023, pour atteindre 97 587 unités. Pas suffisant pour espérer sortir de l’ornière.
Automotive news précise ainsi que sur son marché domestique, l’Italie, Fiat n’a écoulé que 9200 voitures au mois d’octobre, ce qui la place au troisième rang derrière Volkswagen et Toyota, et que sans les 7052 exemplaires de la Panda, elle pointerait au 19ème rang des ventes.
Fiat paie l’inadéquation de son offre avec la demande, que symbolise son absence sur le segment des citadines depuis la disparition de la Grande Punto. Elle n'a plus rien à mettre en face des Renault Clio, Opel Corsa, VW Polo et autres Peugeot 208, alors même que les citadines de ce type représentent d’énormes leviers de croissance en Italie comme sur le reste du Vieux continent. Incompréhensible.
A la place, le turinois propose des modèles plus typés mais hélas onéreux : la 600 hybride s’affiche à partir de 24 900 €, sa version électrique 35 900 €, et la Fiat 500e est vendue à partir de 30 400€. Si ces modèles sont susceptibles de générer de fortes marges, encore faut-il parvenir à en vendre. Ce qui n’est pas le cas, comme évoqué plus haut. La Fiat 600 a séduit 3416 automobilistes en Europe en septembre, quand Jeep écoulait près de 7400 exemplaires de son Avenger, alors même que les deux voitures partagent leur base technique et sortent de la même usine.
L’accumulation de ces errements a récemment conduit à une étrangeté, mais qui s’explique assez aisément sur un plan commercial : Fiat relance sur le marché la Tipo diesel 130 ch au prix canon de 16 900 €. Une offre absolument imbattable, il faut bien le reconnaître, et qui symbolise aussi les vents contraires qui agitent l’industrie automobile dans son ensemble, sommée de se verdir rapidement tout en préservant les volumes de vente nécessaires à sa survie.
Des motifs de satisfaction persistent néanmoins, notamment dans le secteur des utilitaires (le Ducato est l’un des leaders du segment en Europe) ou sur le marché brésilien: Fiat y a vendu 207 000 véhicules en septembre, soit presque autant que sur le continent européen (239 000). Enfin, l’arrivée de la Grande Panda électrique, modèle très stylé et à prix serré (à partir de 24 900 € hors bonus), concurrente des Citroën ë-C3 et autres Dacia Spring, pourrait lui redonner de l’air. Mais en l’état actuel des choses, c’est plutôt une citadine polyvalente 5 portes à motorisation hybride qui serait utile à la marque pour garder un rythme de croissance soutenu et rester visible dans les rues. Or, aucun projet de ce type ne figure dans les cartons.
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