2. Essai – KTM 390 Adventure : cocktail magique

Pour expérimenter ce package, le constructeur autrichien nous avait donc concoctés itinéraire particulièrement viroleux agrémenté d’une escapade de 25 km par des pistes de montagne glissantes et pierreuses.

Les premiers tours de roue de la petite organe révèlent sa légèreté surprenante: la moto est évidente à conduire, sa direction est vive, le feeling à la poignée de gaz est parfait et le moteur réagit en souplesse et sans à-coup. On ne peut cependant pas attendre d’un mono 390 de reprendre sur le filet de gaz à bas régime sur des rapports élevés : à 80 km/h, vous circulerez en 4e, voire en 5e mais pas en sixième. À 130 km/h, vous êtes à 7 000 trs /mn en sixième et les vibrations sont quasi absentes, celles qu’on ressent ne sont pas gênantes: une liaison de quelques kilomètres sur voie rapide nous permet de constater que la protection offerte par la petite bulle est perfectible quand on est grand (la tête et les épaules sont exposées mais les jambes sont abritées), mais les deux selles confirment leur confort appréciable, celle du pilote est excellente pour le segment, celle du passager semble un peu plus ferme mais très bien dessinée.

Les premiers lacets se présentent. Précise et intuitive, la petite KTM brille, s’inscrivant en virage sans effort et changeant d’angle d’une pichenette sur le large guidon alu. La garde au sol en virage est élevée et les suspensions réglées par le staff pour un usage mixte limitent plutôt bien les mouvements pour des éléments qui seront bientôt confrontés à une piste défoncée. La conduite sportive est inscrite dans les gênes de cette moto.

Accrocheurs, les Continental TKC 70 surprennent et le traction control bien calibré veille, au cas où (ces pneumatiques à crampons accrochent sur le sec mais beaucoup moins sous la pluie). Les freins Bybre stoppent efficacement cette légère moto. L’avant est suffisamment puissant, mordant et endurant pour la montagne et l’arrière est très efficace. En mode « road », l’ABS optimisé en virage n’est pas trop intrusif (les routes de Ténérife offrent un bon niveau de grip) et le niveau de sécurité offert par cette fonction est indéniable, surtout quand on considère que cette machine A2 native se destine aussi aux débutants.

Après s’être gavés de bitume et de virages, nous empruntons une longue piste tracée sur les pentes du Mont Teide. Le parcours est sec, sinueux, vallonné, aride, glissant, plein de pierre et de gravettes. Un terrain difficile. Le temps de déconnecter le traction control et de passer l’ABS en mode « off road » (le mode off road désactive l’ABS uniquement à l’arrière) et nous nous élançons à l’assaut d’une grimpette sinueuse où l’adhérence est quasi nulle. Fine et étroite, la 390 Adventure est bien étudiée pour la position debout. Débarrassés de leur revêtement démontable en caoutchouc, les repose-pieds crantés offrent de bons appuis, les commandes sont accessibles, seul le guidon pourra paraître un peu bas quand on est grand (c’est le cas sur la majorité des trails dépourvus de rehausseurs de guidon). La légèreté rend la 390 Adventure très facile à contrôler dans ces conditions hostiles.

Avec une jante avant de 19’’ et une chasse réduite (98 mm), la direction est un peu trop vive pour ceux qui souhaitent rouler fort en off road, les débattements de suspension de 170 et 177 mm ne permettent pas d’envoyer de gros sauts, mais le petit trail n’est pas une enduro et ce compromis fonctionne très bien pour des pilotes moins aguerris dans mon genre. Dans les conditions de grip difficile et face aux nombreux lacets glissants que nous rencontrons, le petit mono s’avère étonnamment souple, acceptant de descendre autour des 2500 trs/mn (en seconde), de reprendre sans caler puis de gentiment tracter pour s’extraire des virages, tout ça avec la précision qu’offre ce ride by wire parfaitement calibré. Souvent sollicité, l’embrayage assisté est très souple et préserve le poignet gauche. Cette moto légère et prévenante permet ainsi de se relâcher, de se relaxer, de profiter des paysages et des sensations, de s’autoriser quelques glisses, de petits sauts, bref, de s’amuser en tout terrain sans être sur la défensive…

Ready to race, la 390 Adventure ? Non, sans doute pas, et moi non plus, mais ready for fun, c’est certain !