2. Essai - Harley Davidson FXDR 114 : le MMA, c'est sympa !
Dès le premier souffle, la FXDR fait ressortir le volume d’air qu’elle respire, même si elle semble avoir le nez pris. Pour un élément d’origine, l’échappement est assez expressif, mais toujours dans la norme. Si l’on apprécie cette discrétion, que les amateurs de gros son se rassurent, les Screamin’ Eagles sont disponibles en option. Il faudra vraisemblablement passer par une petite libération pour profiter du plein potentiel sonore du moteur.
Première bonne surprise, l’embrayage est assez souple, malgré le levier décidément très large et bien entendu non réglable en écartement. La boîte est assez rapide, agréable d’utilisation et les rapports claquent bien. L’agrément est au rendez-vous ! La connexion avec les gaz est très précise, permettant de ressentir avec acuité le couple élevé prodigué par l’engin. Avec sa valeur max un peu après les mi-régimes et l’arrivée de copieuses vibrations dans le guidon, autant dire que l'on a intérêt à faire confiance à ses pneumatiques et à l'enrobé de la route ! Pour le premier point, les Michelin Scorcher II sont excellents. Pour le second, par contre, les portions de route luisantes nous auraient facilement convaincus du bien-fonder du fameux contrôle de traction. Car le moins que l'on puisse dire, c'est que sous la copieuse impulsion du moteur 114, la courroie de transmission ne ménage pas la roue arrière. De quoi provoquer quelques suées et pas uniquement à cause de la température ambiante. Chaud devant (et dedans aussi). En parlant température, les nombreuses parties métalliques du moteur chauffent, incitant à ouvrir les cuisses histoire de faire respirer… le bloc. Attention au contact avec les carters à l'arrêt ! Pour autant, le poumpoum moteur à 810 tr/min au ralenti lors des arrêts, permet de limiter la chauffe.
Drague-ster de rue
Faite pour rouler, la FXDR revendique toujours selon Harley un comportement « rapide dans les lignes droites. Agile dans les virages ». Pour ce qui est des lignes droites, aucun souci pour vérifier la chose. A 1 800 tr/min, on évolue déjà à 80 km/h en 6e, tandis que l’on en a déjà pris 10 de plus 200 tr/min plus tard. Sachant que le moteur peut prendre jusqu’à 5 700 tr/min, autant dire que l’on a encore un peu d’allonge. Le petit côté dragster des rues est bien présent, qui encourage à jouer de l’accélérateur et à effecteur de beaux départs. Quitte à faire cirer le pneu arrière par manque d’adhérence sur les bitumes grecs. Au moins, la largeur de 240 est-elle ici utile? On ne prend pas de gîte et l’on prend même goût à l’exercice. Quant à la vitesse de pointe, mystère… Les routes grecques ne nous auront pas permis de nous élancer suffisamment. Et à quoi bon ? Déjà, sur autoroute, un vent de face et une posture exposant particulièrement le bas du corps n’incitent pas à pousser davantage. Du coup, la selle se révèle assez longue, mais d'une fermeté redoutable et au final trop basse pour les plus d'1,70 m (720 mm). Un élément plus haut serait appréciable. Même en option. Pensez donc : on roule jambes écartées et pieds face à la route. Du coup, nous nous sommes concentrés sur l’agilité de la FXDR. Et la bonne surprise est au rendez-vous.
Déjà, la garde au sol est bonne (140 mm) et l'on ne frotte pas si rapidement que cela. Avec de telles caractéristiques de partie cycle, niveau comportement, c'est stable. Mais alors trèèèès stable. Ça file droit et ça ne demande que ça. Et quand on tourne ? On sent bien qu'il faut rester vigilant à faible allure. Même si l'angle de braquage est relativement bon dans l'absolu, les demi tours réclament de bons bras. Tiens, le fameux côté athlète (cf le chapitre ergothérapie), fait son retour. Du côté du lancer de marteau cette fois-ci ? De fait, à basse vitesse la direction est lourde et la FXDR se montre physique. Un point que l’on retrouve fort logiquement dans le sinueux. Le guidon trop large tire sur les bras à l'extérieur autant qu'il force sur l'intérieur de la paume. Sport.
Silence, ça tourne !
Mais voici que Harley s’est mis en tête de nous faire adopter un rythme d’enfer… dans de l’hyper sinueux : routes de cols et quelques épingles serrées au menu. Au milieu des oliviers et tandis que les parfums de thym séché nous parviennent aux naseaux, pas le temps de profiter du paysage. Histoire de nous montrer que la FXDR tient le pavé mieux que les autres, et de tester les limites. Facile : les ouvreurs nous précédant ne roulent pas en FXDR… Alors certes, ces quelques 25 km de virolos sont très convaincants quant au potentiel de la Bête, mais tout le monde n’est pas à son aise. D’une part, elle est physique à emmener, on s’en doute. D’autre part, elle élargit d’autant plus la trajectoire que l’on a décidé d’envoyer gros. Plus c’est fermé, plus c’est chaud, plus il faut rattraper en sortie au risque de devoir frotter sur le bitume un talon, un extérieur de chaussure ou la patte de la béquille latérale protégeant le carter moteur à gauche.
Alors, sur les mi-régimes, en 2e ou en 3e, on profite d’une mise sur l’angle instinctif et assez rapide, d’une bonne stabilité et d’un pneumatique précis, ainsi que des relances permanentes du moteur 114. On trouve le bon rythme. Le bon régime. Le bon angle d’attaque. Sur revêtement lisse, on est même aux anges. Devenue prévisible, la nouveauté Harley Davidson tient une grande partie de ses promesses. Même si elle se montre comme toujours optimiste (après tout, elle est américaine). Un optimisme à remiser en l’occurrence côté conducteur. On le retrouvera volontiers dans de grandes courbes dégagées ou dès que l’on pourra lire la route. Des kilomètres expédiés sourire aux lèvres et sans y penser. Des conditions parfaitement adaptées à l’attaque en FXDR. On savoure. Elle est belle sur l'angle lorsque l'on attaque les flancs du pneu de 240. C’est visuel, c’est flatteur, c’est bon. C’est ça, la Moto, avec un grand M, comme dans j’aiMe.
Un troupeau de moutons au bord de la route ? Le frein arrière officie avec brio et sans trop déclencher l’ABS, tandis que l’avant met rarement en défaut la fourche. Logiquement, ça se relève, mais une fois encore, ça tient. Alors, jouer les gros bras (au sens propre!) est de mise sur cette FXDR. Et du gros bassin aussi, d’ailleurs. Les épaules se rappelleront même à votre souvenir après une bonne séance de virages et une nuit de sommeil. Quand on vous dit que c’est viril ! Et ça bastonne, même. Sorte de FreeFighter, façon MMA* (dont HD est partenaire !), la FXDR encaisse les chocs lorsqu’elle passe sur les bosses. Et les dents claquent tant la suspension est ferme. Une fois encore, on ne peut pas tout avoir, mais il conviendra d’éviter les aspérités, sous peine de se tasser une vertèbre ou deux. Choc, la FXDR !
*MMA : Combat en Arts Martiaux Mixtes
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