En 2025, les cartes grises vont augmenter, alors que l'on ne sait toujours pas à quoi elles servent
L'INFO DU JOUR - Ce document officiel, qui est une taxe qui ne dit pas son nom, est en hausse dans plusieurs régions au 1er janvier prochain. Mais au fait : à quoi servent les sommes récoltées par ce biais ? Selon un sondage, près de 75 % des Français n'en ont pas la moindre idée.
Un océan d’incertitudes. C’est en ces termes que les élus régionaux définissent l’année budgétaire à venir. Si la chute du gouvernement Barnier leur évite une ponction supplémentaire, une autre perte sèche est déjà actée : le gel de la part de TVA qui leur est habituellement attribuée et qui produit une baisse de 360 millions d’euros. Alors, plus que jamais, les collectivités cherchent à boucler leur budget 2025 en actionnant les leviers dont ils disposent.
L’un d’entre eux est cette bonne vieille carte grise, puisque ce sont ces régions qui en définissent le tarif. Si certaines d'entre elles restent stables, d’autres jouent la hausse à partir du 1er janvier prochain. L’automobiliste désireux de changer d’auto va devoir sérieusement prendre en compte le tarif du document lors du choix de sa nouvelle monture, surtout s’il est normand.
Cinq régions sur treize augmentent leurs tarifs
Car le cheval fiscal va se cabrer du côté de Rouen, passant de 46 à 60 euros, soit une hausse de plus de 30 %. Une belle hausse talonnée par d’autres régions comme le Centre-Val-de Loire, la Nouvelle Aquitaine, ou Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Évidemment, il y a des territoires gagnants comme Mayotte ou la Martinique ou le prix ne dépasse pas 30 euros. Mais le record de la carte grise au rabais était jusqu’ici détenu par une autre île française, la Corse, ou le tarif était fixé à 27 euros du cheval. Hélas, il va bougrement évoluer l’an prochain pour passer à 43 euros. Inutile, donc, de tenter le déménagement vers l’île de beauté pour économiser.
Toujours est-il que cette drôle de fiscalité reste floue pour une majorité de français qui y est soumise. Aussi floue que le calcul du fameux cheval fiscal. La start-up cartegrise.com, qui permet d’obtenir sa carte en ligne, s’est d’ailleurs penchée sur la question et, en interrogeant 1 000 personnes, s’est aperçue que "près de 40% des gens ne savent pas que le délai légal pour obtenir le document était de 30 jours, et 23% des sondés ne savent pas qu'ils ne peuvent plus se rendre en Préfecture pour l'obtenir" affirme Vanessa Lenormand, l'une des responsables du site. Enfin et surtout, 74,8 % des sondés ignorent totalement ou va leur argent.
Une manne de deux milliards
En fait, cette taxe qui ne dit pas son nom génère près de 2 milliards d’euros annuels pour les 13 entités régionales, en plus de ce qu’elles reversent à l’État. Cette somme sert principalement à l’entretien des routes et des infrastructures qui en dépendent (et que d’aucuns jugent insuffisants) mais aussi au financement des trains TER (transport express régional). Ce sont bien de transports dont il s'agit, même s'ils n'ont rien d'automobile.
Évidemment, on peut se demander jusqu’à quelle hauteur le prix du cheval fiscal servira de variable d’ajustement à des budgets territoriaux en berne, et qui risquent de le rester longtemps. Une proposition de loi allant dans ce sens était bien dans les tuyaux, mais elle est passée à la trappe de la dissolution puis de la censure. Ce texte prévoyait de plafonner les hausses à 80 euros tout de même. De quoi laisser de la marge aux collectivités, et de quoi laisser se creuser les économies des automobilistes.
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