Carlos Ghosn: la contre-offensive se précise
Où l’on apprend que Carlos Ghosn n’a pas démissionné de Renault, qu’il est disposé à passer devant la justice française, et qu’il réclame au Losange son indemnité de départ à la retraite pour un montant de 249 999, 99 €…
Carlos Ghosn est de retour, et il n’est pas content. L’ex-Président de l’Alliance Renault-Nissan mène la contre-offensive depuis Beyrouth, bien décidé à rétablir sa vérité : « Je vais récupérer mes droits, et les personnes qui sont à la base de cette affaire vont, à un moment, rendre compte de ce qu’ils ont fait. Et ça je m’en assurerai », a-t-il déclaré au micro d’Europe 1 ce matin, dans une interview de Sonia Mabrouk.
Durant cet entretien, l’industriel est notamment revenu sur les circonstances de son départ de Renault, qui n’a rien à voir avec une démission : « […] étant retenu au Japon par la force des choses, je ne pouvais pas laisser l’entreprise avec une gouvernance chaotique, il fallait nommer un Directeur général, il fallait quelqu’un qui reprenne quand même aussi la responsabilité du conseil d’administration. Donc j’avais écrit une lettre en disant : je veux me retirer de mes fonctions, de façon à permettre à l’entreprise de rétablir sa gouvernance. Mais évidemment ce retrait concernerait mes droits financiers. Ceci a été traduit par une démission, ce qui n’est pas le cas. Ce qui n’était pas le cas car je fais valoir mes droits à la retraite en France, ce qui a été accepté. »
Carlos Ghosn évoque aussi la « succession de faits » qui ont conduit à sa chute et aux « 14 mois de persécution » vécus au Japon. Et s’il estime que la responsabilité partielle en incombe à l’attribution en 2015 de droits de vote doubles à l’Etat français dans Renault, privant Nissan de ces droits de vote, il estime que c’est son intention proclamée de rendre l’Alliance « indétricotable » qui a joué contre lui : « ce n’est pas que Nissan, parce qu’il y a aussi des gens à l’extérieur de Nissan (en l’occurrence l’administration japonaise, NDLR) qui ont contribué à cela, fortement. »
Il admettra aussi avoir commis une erreur en 2016, quand il a quitté la direction stratégique de Nissan : « j’aurais dû quitter tous mes postes à Nissan et pas uniquement la direction générale. Je pense que le danger est venu de là. C’est-à-dire ou vous détenez du pouvoir au Japon, ou il faut quitter. Vous ne pouvez pas être entre les deux. »
"Ma démission de Renault, c'est une farce!"
Sur le fond de l’affaire, sachant que Carlos Ghosn ne pourra espérer se voir disculpé sans passer devant la justice, qui doit trancher selon lui ? « Ça dépend. La justice française, la justice libanaise, la justice brésilienne, n’importe quel pays dans lequel les droits de la défense sont assurés. »
L’homme assure toutefois être tranquille quant aux accusations pesant sur lui : « les accusations, enfin les accusations, les dossiers français, je les connais, puisque mes avocats me les ont transmis. Je suis particulièrement serein quant à ces accusations. Moi ce que je demande uniquement, c’est la transparence. »
Une transparence qui fait en effet défaut dans cette affaire, où l’on a du mal à démêler ce qui est du ressort personnel et du ressort professionnel. A commencer par la maison qu’habite Carlos Ghosn à Beyrouth, dont Nissan revendique la propriété : « il y a un litige sur cette maison, et ce litige sera tranché par la justice », commente le fugitif.
Parallèlement à cette affaire, Le Figaro nous apprend ce matin que Carlos Ghosn poursuit Renault aux prud’hommes en vue de l’obtention de ses droits à la retraite, soit 770 000 € par an, auxquels s’ajoute une indemnité de départ à la retraite, pour un montant de 249 999, 99 €.
« Ma démission de Renault, c’est une farce ! », s’exclame l’homme d’affaires. Dans la lettre qu’il avait envoyée au Conseil d’administration du Losange le 23 janvier 2019, il avait indiqué : « il va sans dire, sans pour autant que ceci constitue une condition de la fin de mes mandats, que l’intégralité de mes droits tels que reconnus dans les documents sociaux et par la loi sera préservé ». Il aurait à cette fin saisi le référé des prud’hommes de Boulogne-Billancourt, et une audience devrait avoir lieu fin février.
Encore une histoire dans l’histoire, pour un scénario quoi tourne décidément à plein régime!
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