Avec la fermeture de trois usines chez Volkswagen, c'est toute l'automobile allemande, et son gouvernement, qui paniquent
L'annonce de la fermeture de trois unités de production par VW sur son propre sol suscite des répercussions bien au-delà du groupe. D'autres constructeurs pourraient bien suivre l'exemple de Wolfsburg.
Sitôt l'annonce des fermetures connue, les salariés de l'usine VW de Zwickau ont manifesté. Crédit photo : Hendrik Schmidt/dpa/picture-alliance/Newscom/MaxPPP
On s’attendait à une forte secousse, mais c’est un tremblement de terre. Oliver Blume, le patron du groupe Volkswagen annonçait la fermeture possible de deux usines en Allemagne, il y a un mois, mais celà pourrait être pire au final. Selon Daniela Cavallo, présidente du comité d'entreprise de Volkswagen, qui en a informé les salariés de Wolfsburg, ce lundi 28 octobre, le groupe prévoit désormais de fermer trois usines « au moins » en Allemagne, soit pas loin du tiers des 10 unités de production dont il dispose sur le territoire.
Évidemment, à ce stade, il est impossible de préciser quelles sont les usines qui pourraient fermer, ni combien, parmi les 120 000 salariés de VW en Allemagne sont concernés. Mais les regards se tournent vers celle de Dresde et de Zwickau en Saxe et celle d’Osnabrück en Basse-Saxe, sans qu'aucune annonce officielle n'ait été donnée.
Près de 20% des effectifs en moins ?
Reste que le groupe ne pourra pas se contenter de départs volontaires pour réaliser les réductions d’effectifs liées à ces fermetures. Il y a quelques jours, le constructeur a démenti le chiffre de 30 000 licenciements, mais depuis l’annonce de ce 28 octobre, les médias allemands évoquent un chiffre de 20 000 suppressions d’emplois directs possibles.
On pourrait considérer que les déclarations faites à la sortie du comité d’entreprise sont, comme c’est parfois le cas en France, une manière pour les syndicats de faire monter la pression sur leur direction à coups de rumeurs. Il n’en est rien. Outre-Rhin, les représentants syndicaux siègent au conseil d’administration de l’entreprise, et prennent part aux décisions de celui-ci. D’ailleurs Daniela Cavallo est sur la même ligne que la direction, jusqu’à un certain point. Elle le répète : « Nous ne sommes pas très éloignés les uns des autres lorsqu'il s'agit d'analyser les problèmes. Mais nous sommes très éloignés sur les réponses à y apporter ».
Des problèmes qui sont connus et sont à une distance de 7 500 km de Wolfsburg : la Chine, ou les autos du groupe, qu’elles se nomment Volkswagen, Audi ou Porsche sont boudées depuis l’an passé, les clients leur préférant les modèles locaux. Le groupe n’a pas mis toutes ses roues dans le même panier chinois, mais l’empire du milieu représentant tout de même 40% de ses ventes, et de ses profits, une baisse de près de 7%, comme c’est le cas pour Porsche a forcément des conséquences.
Évidemment, ces mauvaises nouvelles en provenance du premier employeur privé du pays sont remontées jusqu’à Berlin. Et la réaction du porte-parole du gouvernement n’a pas tardé. Au cours d’un briefing en fin de matinée, celui-ci, plein de sollicitude, a expliqué « être conscient des difficultés de l’entreprise et restait en contact étroit avec ses représentants ». Mais sitôt après, il a décoché le coup de pied de l’âne en ajoutant que « la position de la chancellerie est toutefois claire : les mauvaises décisions de gestion prises dans le passé ne doivent pas se faire au détriment des travailleurs. L'objectif est maintenant de maintenir et de garantir les emplois ».
La liste risque de s'allonger
Une manière de dire à Oliver Blume, le PDG du groupe « aide toi et le ciel t’aidera » ? Pas forcément. Car non seulement la région de Basse-Saxe figure au capital de VW à hauteur de 11,8% et entend bien défendre ses intérêts, mais l’ampleur du cataclysme ne peut pas permettre au chancelier Olaf Scholz et à son vice-chancelier et ministre de l’économie Robert Habeck de rester les bras croisés. Déjà malmenés dans les sondages depuis que le pays connaît une mauvaise passe, ils seront forcément très attendus sur ce dossier.
D’autant que Volkswagen risque de na pas être seul à demander du secours à Berlin. Si BMW se porte comme un charme, Opel dévisse de 24% au mois de septembre et Mercedes connaît lui aussi une période sombre. La marque à l’étoile vient de dévoiler ses résultats du troisième trimestre, et ils sont catastrophiques puisque ses ventes sont en baisse de 53,8 % par rapport à la même période l’an passé. La cause, et les conséquences sont les mêmes que chez VW : la désaffection des clients chinois qui représentent un tiers des ventes totales de la marque. Stuttgart n’a pas annoncé de mesures particulières suite à ces annonces. Pour le moment du moins.
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