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Audi Bruxelles, symbole d'un naufrage

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz

Le 7 mars prochain, l'usine des anneaux de Forest, dans la banlieue de la capitale belge, va fermer ses portes, entraînant au passage la mise au chômage de 3 000 salariés. Une catastrophe symptomatique des errements stratégiques de la marque, et au-delà, d'une bonne partie de l'industrie automobile.

Audi Bruxelles, symbole d'un naufrage
L'entrée de l'usine Audi Bruxelles, durant une manif. Crédit photo : BELPRESS/MAXPPP

Ils sont 3 000 salariés et tous vont quitter définitivement l’usine Audi de Bruxelles ou ils travaillent parfois depuis trente ans et qui ferme ses portes ce vendredi 7 mars. Une fermeture presque en catimini qui, si elle fait la Une des médias belges, est assez peu commentée par ailleurs.

Un site qu’aucune grève, pourtant nombreuses, aucune manif, aucun recours n’a pu empêcher. Une fermeture sans le moindre repreneur d’une usine qui fabriquait déjà des Coccinelles en 1952, avant de passer sous le giron des anneaux en 2007. Une fermeture, enfin, qui sonne comme le symbole d’un naufrage : celle d’un fantasme automobile dans lequel le groupe Volkswagen s’est engouffré depuis 2015. 

Un Q8 e-tron unique

Ces dernières années, la seule voiture que fabriquait Audi Forest, du nom de la commune de cette banlieue de Bruxelles ou est implantée l’usine, était l’électrique Q8 e-tron. C’est même le premier SUV électrique Audi, né simplement e-tron en 2019 et qui s’est vu affublé du sigle Q8 lors de son restylage il y a deux ans. 

Comment l’idée de faire tourner une usine aussi énorme en produisant, en tout et pour tout, un seul gros SUV électrique vendu 100 000 euros a-t-elle pu germer ? Mystère. Car au maximum de ses capacités, Audi Forest employait 4 500 personnes et fabriquait 330 000 A1 et Q3. Mais c’était en 2018, avant la folie Q8, dont, en 2023, seules 50 000 unités sont sorties des chaînes. 

Comment les dirigeants de la marque ont-ils pu imaginer qu’un tel engin puisse avoir un succès quatre fois supérieur à ce qu’il est, à un tel tarif, et avec des prestations loin d’être exceptionnelles ? C’est un autre mystère. 

Audi Q8 e-tron : un manque de succès très explicable.
Audi Q8 e-tron : un manque de succès très explicable.

Mais en fait, cette erreur stratégique, qui tout de même va coûter leur job à 3 000 personnes sans compter les dégâts collatéraux dans la ville de Forest et alentours, n’est pas du seul fait du board d’Audi, mais d’une hallucination collective qui s’est emparée de VW et d'une bonne partie de l’industrie automobile après le dieselgate, et bien avant le vote sur le couperet de 2035.

C’est qu’en 2015, lorsque VW s’est fait attraper la main dans le pot à confiture de la triche, cette industrie à commencer à regarder, enfin, de près la fée électricité, estimant qu’à terme, la sanction et la fin du thermique allaient lui tomber sur le nez. Bien lui en a certes pris. 

Sauf que, raisonnant avec un bon vieux logiciel jamais remis à jour, les décideurs de Wofsburg ont simplement décidé de faire comme avant. Avant ? Au bon vieux temps ou l’on inaugurait les nouvelles technos en les adaptant sur des modèles premium, et pas les entrées de gamme : les plus chers. Comme ça, ni vu ni connu, ils pouvaient absorber les coûts de développement de l’affaire avant de les démocratiser sur des autos plus accessibles. De l’ABS à l’ESP en passant par les assistances d’aides à la conduite, aucun grigri électronique n’y a échappé. Alors pourquoi pas l’électrique ?

Chronique d'un flop annoncé

Sauf qu'il ne s'agit pas d'un simple gadget et qu’à 100 000 euros le morceau, ce qui l'exclut du bonus, les clients ont dit « non merci ». Ils n’ont pas eu plus envie que ça de servir de cobaye en achetant une auto avec un poids de supertanker, une conso maximum et une autonomie pas terrible. 

En plus, les acheteurs d’autos premium (des entreprises à 80%) ne sont pas les plus fantaisistes, et une fois servis les quelques fans d'objets du dernier cri (les early adopters comme les désigne les marketeux), le marché s'est rapidement asséché. Autant de conditions réunies pour un flop annoncé.Un phénomène qui n’a pas seulement frappé Audi, mais une bonne partie de l’industrie (coucou le Jaguar I-Pace, bonjour le Mustang  Mach-e).

Il en aura fallu du temps pour que les constructeurs admettent leur erreur, et se mettent en tête de concevoir de petites électriques dont les petites batteries font baisser les prix, dont les premiers modèles apparaissent à peine sur le marché. Des années perdues dont l’effet se fera douloureusement sentir à la fin de cette semaine, dans la banlieue de Bruxelles ou 3 000 personnes se retrouveront sans emploi, à cause d’une auto mal née. 

On pourrait aussi imaginer un autre scénario, que le Q8 a bon dos, que la direction d’Audi, à Ingolstadt, a laissé sciemment la situation pourrir à Bruxelles pour fermer l’usine, refusant d’y implanter un autre modèle, thermique ou électrique mais surtout moins cher pour remplacer le défaillant e-tron et compenser le vide. Mais ce serait là du complotisme de bas étage.

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